Les mots du quotidien sont le reflet de leur époque et même plutôt de leur période tant les événements se succèdent rapidement. C’est stupéfiant de constater à quelle vitesse nous nous approprions des termes désuets ou inconnus, sans s’étonner qu’ils fassent subitement partie de notre vocabulaire, et qu’ils disparaîtront, sans doute, avec le virus…
Ne serait-ce qu’il y a un an, les médias brassaient avec gourmandise du « référendum d’initiative citoyenne », remettaient le « rond-point » au centre du village et réhabilitaient le port d’un vêtement vintage : le « gilet », jaune de préférence. Si l’on remonte au début des années 2000, avec l’émergence du web, le champ sémantique de l’araignée – la toile – ou du monde aquatique – le surf / la navigation – ont durablement colonisé nos conversations.
Alors, que conservera-t-on de ce que l’on nous présente comme « le nouveau monde » dans lequel il est préconisé de nous « réinventer » ? Nous faisons désormais coexister le réseau social avec la « distanciation sociale » composée de « gestes barrière » et d’absence « d’embrassades » qui peuvent générer des « gouttelettes ». C’est joli une gouttelette, non ?
Et que dire du mot « confinement », la vraie star de 2020, et de son versant obscur : le « déconfinement » que même mon correcteur d’orthographe sur Word ne connaissait pas. D‘ailleurs, Word est un peu à l’image de nos gouvernants : ils savent à peu près comment confiner, en revanche, pour déconfiner, la réponse est-elle dans le dictionnaire ?
Au titre des sonorités délectables de cette crise sanitaire, il est inenvisageable de ne pas citer le « pangolin » ainsi que le terme qui monte jusqu’à nos oreilles et bientôt jusqu’à… notre nez : « l’écouvillon ». Pour conclure sur une note positive, je me félicite du fait que des brigades « d’anges-gardiens » sont appelées à nous protéger dans les semaines qui viennent, un mot tellement plus simple à articuler que le « Tocilizumab » ou la controversée « Hydroxychloroquine ». Mon ange…