http://legraoullydechaine.fr/2020/06/03/le-journal-du-professeur-blequin-97-deconfinement-phase-2/
Mardi 2 juin11h : Nouvelle sortie en ville. Il est agréable de sentir le soleil sur sa peau, mais l'état des pelouses devient préoccupant. On annonce de la pluie pour demain, je pense que ce ne sera pas du luxe. Les deux bars du petit bourg de Lambé, où seule le partie tabac-presse était ouverte, ont déjà repris vie, mais il n'y a pas que les glottes qui ont besoin d'être arrosées...
11h15 : Le bureau de poste du quartier est enfin rouvert. Il est clairement indiqué qu'il ne doit pas y avoir plus de quatre personnes à l'intérieur, ce qui me laisse le temps de détailler les consignes affichées sur la porte et de constater un paradoxe : non seulement le port du masque n'y est pas obligatoire mais il est toujours écrit qu'il faut entrer à visage découvert ! En clair, si l'on s'en tient au sens strict de ce qui est affiché, les usagers qui portent un masque sont hors-la-loi ! De toute façon, quand ils arrivent au guichet, ils sont obligés d'enlever leurs masques pour qu'on puisse vérifier leur identité ! Je vous laisse en conclure ce que vous voulez...
11h45 : Je risque un tour dans mon ancien lycée ; j'ai fini par comprendre que je n'y aurais vu personne les semaines passées. J'y retrouve avec plaisir mon ancien CPE : il n'a pas de masque et me serre la main comme si de rien n'était. Ce cher monsieur qui habite dans une zone rurale m'avoue avoir bravé plusieurs fois le confinement pour se promener dans les bois voisins : non seulement il n'en est pas mort et je peux vous assurer qu'il est en pleine forme, je l'ai retrouvé tel que je l'ai connu il y a déjà plus de quinze ans, comme si le temps n'avait pas de prise sur lui. Le temps des terribles " surgés " bornés et réacs dépeints par Cabu dans Le Grand Duduche est bien loin...
12h30 : Me voilà Place de la Liberté pour savourer quelques frites. La friterie belge où j'ai mes habitudes a remis en état la salle pour ceux qui veulent manger sur place. Les terrasses aussi ont rouvert : je craignais que les bistrotiers ne poussent le vice jusqu'à installer des plaques de plexiglas entre chaque table, séparant même ceux qui veulent manger ou boire en tête à tête, mais il n'en est rien. La ville semble reprendre visage humain.
13h : J'ai remonté la rue Jean Jaurès : les gens sans masques me semblent faiblement majoritaires, sans parler de ceux qui gardent leur masque autour du cou au cas où ils devraient entrer dans un bâtiment où il est obligatoire de le porter. La Place Guérin aussi a repris vie : la boîte à dons déborde, j'y récupère deux vieux cadres qui me seront bien utiles quand je pourrai refaire des expositions. Les bistrots ont retrouvé leur animation d'avant le confinement : ayant du temps avant mon rendez-vous, je m'assieds à une terrasse pour y déguster une Guinness. Je risque quelques croquis des autres clients : une jeune femme me demande si elle peut prendre une photo du dessin la représentant, je n'ai pas le cœur de refuser et je lui remets même ma carte de visite. Au final, si l'on fait abstraction de la plaque de plexiglas que porte le patron, tout est parfaitement normal...