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Le journal du professeur Blequin (107)

Publié le 02 juillet 2020 par Legraoully @LeGraoullyOff
Le journal du professeur Blequin (107)

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Mardi 30 juin

15h30 : Avant de quitter le couple d'amis chez qui j'ai déjeuné, je me permets de dire que sur le chemin du retour, je vais récupérer un colis contenant le premier recueil édité en France de la revue Zap Comix - j'avais pris part à la souscription destinée à rendre possible cette publication. Le titre ne dit rien à mon interlocuteur, pas plus que le nom de Robert Crumb ; je lui dis que c'est un auteur de BD américain très connu : il me demande s'il a dessiné des histoires des super-héros. Après lui avoir expliqué que Crumb est justement le plus célèbre des dessinateurs à avoir refusé de dessiner des " crétins en collant fluo " à longueur de page, je lui dis qu'il a notamment créé Fritz the cat : le nom de cette série ne lui évoque que le film de Ralph Bakshi, ce dessin animé que Crumb a désavoué au point de tuer le personnage. Pour qu'il situe enfin l'importance de ce grand artiste dans l'histoire de la BD, je lui dis qu'il a notamment influencé Gotlib chez nous : et là, il comprend tout de suite... Cette anecdote me paraît révélatrice de la méconnaissance de la culture américaine en général et de la bande dessinée d'outre-atlantique en particulier : la majeure partie de nos compatriotes ne connaissent des Etats-Unis que ce qu'il y a de plus médiocre, ce que daignent nous envoyer les faiseurs de fric qui nous prennent pour des frères intérieurs du cochon commun, incapables d'ingurgiter autre chose que de la merde... Est-ce que je me console en me disant que notre Gotlib national n'est probablement guère mieux connu en Amérique ? Non, même pas.

17h : Les Français ne changeront jamais. D'après un sondage, quand on leur demande sur qui ils comptent pour bâtir une meilleure société à l'issue de la crise du Covid-19, ils répondent, dans l'ordre : Edouard Philippe, Nicolas Hulot et Didier Raoult. Charade : mon premier est le chef du gouvernement à l'origine de toutes les mesures antisociales prises depuis trois ans. Mon deuxième est le parangon de l'écologie médiatique sponsorisée par les industriels les plus pollueurs. Mon troisième persiste à présenter la chloroquine comme le remède miracle face au coronavirus, et mon tout tient en ces quelques mots : pour que les Français vous aiment, il faut les faire crever !

Mercredi 1er juillet

19h35 : Je suis d'humeur partagée. D'une part, je suis harassé : le déconfinement me fait l'effet d'une armoire qu'on aurait remplie inconsidérément pendant trois mois et qu'on se décide subitement à ouvrir, de sorte qu'on se prend tout le contenu sur la figure ; j'ai subitement plein de choses à assurer alors que je n'ai qu'une envie, celle de prendre des vacances ; pour ne rien arranger, il fait un temps maussade et l'annonce d'un été " standard " me déprime. " Standard ", quel vilain mot... D'autre part, je suis quand même content que la vie soit à nouveau pleine de promesses, d'autant que grâce au résultat des dernières municipales, j'ai déjà moins peur de finir mes jours dans une salle de torture ou dans un camp d'extermination : bref, avec un rayon de soleil et un peu plus de tranquillité, tout serait parfait pour moi...


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