Le journal du professeur Blequin (117)

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Mardi 21 juillet

19h : Rien de bien nouveau. N'ayant de motivation pour rien d'autre, je suis retourné à la plage où j'ai à nouveau barboté pendant deux heures (ce qui impressionne beaucoup les vieilles peaux) puis, sur le chemin du retour, je me suis arrêté boire une Guinness en terrasse. Un programme tout à fait banal pour une journée d'été ensoleillée à Brest. Faute de me mettre de bonne humeur, cette vie estivale me rend la vie supportable malgré ma solitude, ma fatigue et mon chagrin, en attendant de retrouver mes parents en Sarthe. Seule petite nouveauté : je me suis offert un " Magnum Ruby " dont les affiches publicitaires ont fleuri en ville dernièrement ; il y a des mots durs à dire, mais la pub, ça marche vraiment... C'est vrai que c'est bon, cette saloperie-là.

Mercredi 22 juillet

15h30 : Après un long bain de mer (un de plus), je me fais sécher au soleil. Brusquement, une rafale de vent violent balaie la plage, soulevant une quantité de sable que je me garderai bien d'essayer de quantifier mais qui a vite fait de recouvrir les estivants et de faire s'envoler leurs effets. Tandis que la crique résonne des cris de terreur des plagistes, je me borne à attendre que la tempête passe : ayant pis soin à caler correctement mes affaires (convenons-en, cette précaution est indispensable quand on reste longtemps dans l'eau), je n'éprouve pas d'autre gêne que celle consécutive au sable qui vient adhérer à ma peau encore humide... Rien de méchant, j'en suis quitte pour prolonger mon séchage : j'aimerais que ma mère soit là pour constater de visu mon self-control et ma prévoyance !

18h30 : Retour au bercail ; j'ouvre ma boîte aux lettres : elle est bien remplie, avec deux colis ! Dans l'un, des livres des éditions La Gidouille, qui avaient édité deux textes courts de mon cru : la maison ayant mis la clé sous la porte, j'ai pu récupérer une partie du stock ; dans l'autre, mes contreparties pour avoir participé à la campagne de crowdfunding organisée par Fluide Glacial à l'occasion des 45 ans du journal : ma carte officiel de membre actif, un t-shirt avec le chat d'Edika, trois albums de BD, un poster et dix cartes postales... Avouez que ça fait plaisir, même quand on s'y attend !

Jeudi 23 juillet

14h : Passage chez un couple d'amis qui m'avait commandé un portrait, que je viens donc livrer. Leur réaction enthousiaste devant le résultat m'invite à penser que ma " patte " ne souffre pas trop de ma détresse. Mais ça ne suffit pas vraiment à me redonner la motivation pour travailler : il faudra laisser du temps au temps pour que mes blessures cicatrisent...

Vendredi 24 juillet

9h30 : Le ciel est chargé et il bruine. Dire qu'il y a deux jours à peine, j'allais à plage... Mais je n'arrive pas à trouver ça désagréable : ça me fait un prétexte pour me pelotonner dans un cocon de réconfort, et puis peut-être mes semblables seront-ils moins excités, ce qui pourrait m'épargner les engueulades et les insultes gratuites que j'ai essuyées ces derniers temps... Du moins je l'espère sans trop oser y croire !