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Le journal du professeur Blequin (113) Un jour tragique

Publié le 14 juillet 2020 par Legraoully @LeGraoullyOff
Le journal du professeur Blequin (113) Un jour tragique

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Lundi 13 juillet

13h : Il y a des jours où on ferait mieux de rester couché. Déjà ce matin, quand je m'étais retrouvé à poireauter dans le bureau de poste à cause d'un grand dadais qui avait une requête interminable à formuler, je me disais que la journée commençait mal. Mais quand j'étais installé dans le tram afin d'atteindre la plage de Sainte-Anne-du-Portzic et y prendre un bain, je pensais que le gros de mes ennuis était derrière moi. Jusqu'à ce que je reçoive un coup de fil de ma mère m'annonçant qu'un de ses frères (donc un de mes oncles) était dans le coma suite à une hémorragie cérébrale... En fait, non : il n'y a pas " des jours " où on ferait mieux de rester couché, mais bien des années entières !

16h : Malgré les mauvaises nouvelles, je n'ai pas annulé ma baignade : mon souci de respecter mon programme, qui m'a déjà sauvé la vie par le passé, est plus fort que mon chagrin. Je quitte déjà la plage, un peu plus tôt qu'à l'habitude : je ne supporte déjà plus d'entendre les gamins crier et les ados rigoler, j'ai envie de leur donner des coups de pieds, je leur en veux d'être si détendus... Je suis surtout bien étonné qu'il y ait autant de monde un lundi, mais je me rappelle que demain, c'est le 14 juillet, et qu'il est donc fort probable que beaucoup de familles font le pont... Encore une fois, une catastrophe me tombe dessus en pleine ambiance estivale : il y a de quoi devenir superstitieux et héliophobe !

19h : Après avoir mangé à la friterie où j'ai mes habitudes, je reçois un nouvel appel de ma mère m'annonçant que mon oncle est mort. Il n'aura donc pas souffert longtemps, ce qui est ma seule (et bien maigre) consolation. Il n'empêche que mes vacances sont foutues avant même d'avoir pu seulement commencer, alors que je suis déjà à bout de forces ; et surtout, ça fait déjà le troisième décès dans ma famille en moins de deux ans : je ne pensais pas atteindre un tel rythme, au demeurant peu enviable, avant d'avoir atteint au moins une bonne cinquantaine. La cinquantaine, le malheureux défunt l'avait à peine atteinte, il laisse derrière lui une épouse et trois enfants dont un en bas âge (sans compter une demoiselle que sa femme avait eu d'un précédent mariage et qu'il considérait comme sa fille)... Tout simplement horrible. Si j'étais cynique, je dirais bien que c'est le danger quand on est issu d'une famille nombreuse (ma mère avait trois frères et sœurs et mon père en avait sept) : on est exposé à assister à de nombreux enterrements à long terme ; on devrait y réfléchir avant de se reproduire comme des lapins : est-ce qu'on pense seulement à tous les deuils que devront subir nos enfants ? Mais je me contenterai de dire que si vous avez trop chaud, vous n'avez qu'à venir dans mon cœur : il y fait très froid ! Le rafraichissement y est garanti, mais vous risquez la pneumonie... Vous vous demandez comment j'arrive à faire de l'esprit dans de pareilles circonstances ? Et bien je n'en sais rien.


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