Magazine Journal intime

Pour une messe ?

Publié le 11 novembre 2020 par Anned

Depuis le 11 mars, je ne suis pas retournée à la messe. En Allemagne comme en France, elles ont repris en juin, mais de ce côté-ci du Rhin, elles n'ont pas été de nouveau interdites cet automne.

Le plus surprenant, c'est que cela ne me manque pas. Au contraire, je ressens une forme de soulagement.

Ma foi dans le Ressuscité est intacte. Ma foi en l'Eglise, en revanche, est agonisante.

Il y a bien François, pour qui j'ai une profonde admiration et beaucoup d'affection. Mais pour le reste...

Qu'on ne se méprenne pas. Bien avant ce premier confinement, je me nourrissais quotidiennement de la Parole et de la prière. Subitement privée, il y a quelques mois, comme beaucoup, de célébrations communautaires en plein Carême et pour Pâques, j'ai recherché plus que jamais des nourritures siprituelles, cherchant même des "aliments" complémentaires à ceux dont j'avais l'habitude. J'en ai trouvé. Et je n'ai pas cessé de m'en nourrir à ce jour.

Et cela me suffit.

J'ai notamment cherché sur la Toile. On y trouve de tout, le meilleur et le pire. Des trucs qui m'ont réjouie, réconfortée, réchauffée dans ma foi dans le Christ et dans l'humanité, et d'autres... pas. Je suis ulcérée par le néo-conservatisme qui a le vent en poupe dans l'Eglise de France et qui se reflète dans l'offre catho actuelle sur la Toile. La "génération Jean-Paul II" est aux commandes ! Un problème ? Une pandémie par exemple ? Et hop, une petite nuit d'adoration du Saint-Sacrement... C'est ça, par exemple, la génération Jean-Paul II.

Jean-Paul II. Saint Jean-Paul II, insistent ses fans, dont je ne fais pas partie, vous l'aurez compris. L'homme qui ne pouvait pas ignorer les turpitudes du clergé polonais, sans parler de son rôle dans le scandale des Légionnaires du Christ, ou encore celui qu'on découvre tout juste dans l'affaire de l'ex-cardinal McCarrick...

J'ai aussi écouté chaque jour les homélies du Pape François. François, le curé du monde dont les sermons devraient être étudiés et décortiqués par tous les prêtres et séminaristes de la planète pour leur lumineuse simplicité (et aussi leur brièveté d'ailleurs). Deux-trois phrases d'introduction historique et/ou de remise en contexte, puis UNE idée SIMPLE développée, et pour conclure une suggestion pour la vie quotidienne. Point.

Mais quand les messes ont repris en mai, les homélies du Pape n'ont plus été diffusées en vidéo sur la Toile, ni même leur transcription, alors qu'elles l'étaient avant la pandémie, il me semble. A croire que ça dérangeait. Mais qui ? La fameuse Curie romaine que François veut réformer ?

Nous avons été sommés de retourner à la messe en vrai. Et comme je ne suis manifestement pas la seule de par le monde catholique à ne pas avoir obtempéré, le Cardinal Sarah y est allé de son couplet en septembre.

C'est incessant, ce petit jeu entre "conservatisme" et "progressisme" dans ce qui vient du Vatican.

Le Pape parle de mettre fin au cléricalisme, de donner plus de place aux laïcs, et quelques mois plus tard, il approuve, nous dit-on, une instruction rédigée par des monseigneurs de la Curie et qui remet le curé au centre de la paroisse (à défaut de parvenir à remettre l'église, ou plutôt l'Eglise, au centre de nos villes !)

C'est à n'y rien comprendre. Ou bien ce sont des os à ronger abandonnés par François à la Curie justement, pour faire passer d'autres réformes qu'il juge plus importantes ? Je l'espère en tout cas.

Du coup, je m'interroge. La messe tous les dimanches, est-ce une fin en soi ? Pourquoi les évêques français se démènent-ils tant pour combattre l'interdiction actuelle des offices dans l'Hexagone ? Et si tout cela n'était qu'une recherche de contrôle sur les âmes et les consciences ? Une peur des clercs de perdre leur pouvoir ?

Il faut croire que je ne suis pas la seule à me poser ces questions. Les publications catholiques pullulent d'articles sur ce thème depuis le printemps dernier : deux théologiennes dans La Croix, Golias en plus long et provocateur, ou encore Témoignage chrétien pour n'en citer que trois.

Pourquoi MOI, n'ai-je pas envie de retourner à la messe dans MA paroisse ?

Parce que l'éloignement forcé du printemps n'a rendu que plus criant à mes yeux son ronronnement auto-satisfait. C'est comme si toutes les problématiques de l'Eglise, cléricalisme, place des femmes et des laïcs en général, crise des abus sexuels et spritituels, comme si tout cela ne nous concernait pas du tout. Laudato Si ? Connaît pas... Et Amoris Laetitia ? Késako ? Formation des laïcs ? Pour quoi faire ?Comment aller vers les périphéries ? Il faudrait déjà se demander où sont nos périphéries...

A part ça, la vitrine présente très bien, dynamique et colorée comme une messe de première communion grouillante d'enfants, enveloppée de chants dignes de Paray-le-Monial. Tout va très bien, Monseigneur !

Ni partir, ni se taire a été pendant longtemps ma devise de catholique engagée, très impliquée dans sa paroisse. Puis, découragée, je me suis tue. Et désengagée. Et aujourd'hui, je pars. De ma paroisse, en tout cas.

Autistiquement vôtre,
Pour une messe ?

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Anned 18 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte