Lundi 1er février
9h30 : Déjà le 1er février. Je me lève avec une impression d’immense gâchis : voilà un mois de foutu en l’air. J’étais persuadé que le confinement serait décrété dans le courant du mois de janvier, mais le gouvernement préfère continuer à nous laisser mariner dans notre jus d’angoisse… L’épée de Damoclès pendouille donc toujours au-dessus de nos pauvres têtes, ça me paralyse et ça me retarde d’autant dans la réalisation de mon œuvre…
Mardi 2 février
15h30 : Tout en jouant au Scrabble avec ma mère, je remarque l’arrivée d’un particulier dont j’avais presque oublié l’existence : le soleil… Oh non, pas lui ! Pitié, ce n’est pas le moment ! Je n’ai jamais aimé le soleil d’hiver, mais depuis le premier confinement où il n’a cessé de nous narguer, je le déteste carrément : j’ai le sentiment très net que le temps se met au « beau » de préférence quand la situation est catastrophique. Jusqu’à présent, au moins, on avait une météo de circonstance, et voilà que ce gros con de soleil rapplique comme pour mieux mettre en lumière notre misère… Les poètes sont des cons.
Mercredi 3 février
10h : Opération dessins. Je ne suis qu’à moitié motivé, mais j’ai promis d’illustrer sur une plaquette sur les aménagements des loisirs pour les enfants autistes : après tout, les personnes atteintes de TSA (troubles du spectre autistiques) constituent le groupe avec lequel j’ai le plus de raisons de me sentir solidaire… Alors, consciencieusement, armé de ma modeste plume, j’encre la bagatelle de vingt croquis de hérissons esquissés par mes soins dans des positions évoquant les difficultés des enfants avec autisme… J’y prends presque du plaisir, malgré mes idées noires persistantes. Au moins ai-je la satisfaction du devoir accompli une fois ma tâche accomplie : je sourirais si je n’étais pas à ce point persuadé que ma vie est foutue…
Jeudi 4 février
18h45 : Apéritif devant la télé avec mes parents. Ma mère désespère de trouver un programme digne d’être suivi en attendant que France 2 ait fini de diffuser les ministres en train de pérorer : je ne comprendrai jamais pourquoi les politiciens ont besoin de se mettre à une demi-douzaine pour expliquer qu’ils n’ont rien à dire… Ayant depuis longtemps renoncé à connaître chaque membre du gouvernement, tous les visages ministériels ne me sont pas connus : dans le tas, j’avise une femme qui a tout de l’institutrice revêche, j’en ai presque peur ! Mais même sans voir leurs gueules, comment ne pas avoir peur de cette clique visiblement acharnée à profiter de l’épidémie pour tuer dans l’œuf toute forme de sociabilité au sein du peuple ?
Vendredi 5 février
20h : Ariane Ascaride est l’invitée de C a vous sur France 5. J’avoue que je ne connaissais pas cette actrice, étant aussi cinéphile qu’un paillasson, mais quand elle exprime son ras-le-bol de la situation actuelle, j’ai l’impression de parler par sa bouche… Mais savoir que je ne suis pas seul à désespérer est loin de me réconforter : au contraire, cette idée m’est oppressante, elle me conforte dans la conviction qu’il n’y a pas d’échappatoire possible… Et on voudrait que j’aie le moral.