Villiers-en-Bière, Noyelles-Godault, Portet-sur-Garonne. Cela vous évoque quelque chose ? Non ? Ohhh…, quel dommage. Et pourtant, c’est de la pure poésie commerciale. Et Vitrolles, Mundolsheim, Le Pontet, Aulnay-sous-Bois, Claye-Souilly… Toujours pas ?
Dans les faits, ces villes abritent parmi les plus vastes hypermarchés de France, avec pour certains plus de 20 000 m2 dans lesquels on peut trouver au même endroit des petits pois, des assiettes en carton, du cirage, des chaussettes et de l’eau déminéralisée.
Je l’avoue, j’ai toujours été fasciné par les très grands magasins : flâner dans les allées, évaluer la hauteur des têtes de gondole, compter le nombre de caisses et se mettre à un bout de l’allée centrale sans pouvoir en distinguer l’autre extrémité : tant de gens, tant de chariots et cette société d’hyper-consommation dans toute sa démesure, le kif quoi !
OK, je vous l’accorde, ce centre d’intérêt peut paraître assez atypique, mais bon, on s’en parle des glycophiles qui collectionnent les emballages de morceaux de sucre ?
Ce modèle de l’hypermarché inventé par les français qui fut naguère si conquérant – y compris hors de nos frontières – vacille très nettement depuis quelques années, pris en étau entre la redécouverte des commerce de centre-ville… avant 18.00, le drive et le e-commerce.
Et quand on constate que notre Carrefour national est la proie fugitive d’un Couche-Tard Canadien, il y a de quoi aller se mettre au lit.
Les experts ajoutent que nous, les consommateurs, nous avons changé et que nous sommes en quête de « sens » dans le cadre de nos courses.
Les pontes de la consommation prétendent aussi que ce qui pourrait provoquer un « réenchantement » du commerce dans nos hypermarchés repose sur une « expérience d’achat ». Le marketing a aussi sa poésie. Et sa part de pipeau.
Alors, on nous évoque des zones poly-sensorielles, des espaces dédiés au batch cooking qui s’accordent avec notre désir de slow life…
J’ai eu un coiffeur au beau milieu de mon magasin, un sushi shop, un accès illimité à des jeux sur console, et tant d’initiatives étranges et éphémères, je m’attends désormais à ce que s’installent le bowling, la piste de ski et, je l’espère ardemment : un open bar.
Mais arrêtez des fantasmer les cadors en concepts fumeux, car c’est un BOGOF de Nutella qui crée des émeutes dans les rayons. Pour les profanes, un BOGOF signifie « Buy One Get One Free » soit : pour 1 acheté, 1 gratos, je sens que ça vous parle à présent. Nutella, c’est une pâte à tartiner, mais je crois que vous connaissez…
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