Le journal du professeur Blequin (148)

Jeudi 4 mars

15h : Après quelques jours sans histoire, mon père reçoit un coup de fil attendu depuis des semaines : son médecin traitant lui annonce qu’elle va bientôt recevoir les doses de vaccin et qu’elle pourra lui injecter la première dose. Nous n’avons pas vraiment peur du virus qui fait peu de dégâts dans notre coin du Finistère, mais plus il y aura de personnes « à risque » vaccinées, plus vite les hôpitaux seront désengorgés et plus vite on pourra en finir avec ces restrictions qui nous pourrissent la vie et le moral ! J’ai donc hâte que mon père, septuagénaire et diabétique (mais encore fringant) reçoive la première injection, d’autant plus que le voir se porter comme un charme après cette formalité me donnera un argument en béton contre ces imbéciles anti-vaccin !

18h : Réunion en visioconférence. Une réunion, c’est toujours pénible, et c’est sans doute encore pire par écran interposé : à tous les désagréments des réunions « traditionnelles » s’ajoutent l’intrusion dans votre intimité, le temps perdu à se connecter, la difficulté de comprendre votre interlocuteur pour peu qu’il ait une webcam de qualité moyenne… Il y a des jours où je déteste mon époque !

Vendredi 5 mars

16h : Brève visite d’une amie de mes parents qui apporte, entre autres, le DVD d’un documentaire consacré au lycée expérimental dans lequel travaille son fils : je lis sur la jaquette que cet établissement scolaire où enseignants et élèves parlent d’égal à égal et où il n’y a pas de notation tourne depuis… 38 ans ! En clair, ça fait des années que nos ministre de l’éducation nationale successifs proposent des réformes d’apprentis sorciers et ils ne sont pas foutus de s’inspirer de méthodes alternatives qui fonctionnent depuis des années ! A leur décharge, allez donc proposer une école bâtie sur ce modèle à un peuple de France nostalgique de l’époque des coups de règle en fer sur les doigts : on a les dirigeants qu’on mérite…

19h45 : Vu sur France 5 : alors que la pandémie recule un peu partout dans le monde, le Brésil s’enfonce dans l’épidémie, du fait de la gestion calamiteuse de Bolsonaro qui, tel son grand ami Trump, s’obstine à nier l’évidence et ne trouve rien de mieux à faire qu’engueuler son peuple qu’il traite à peine implicitement de geignards ; la situation est si catastrophique qu’un opposant en a eu les larmes aux yeux… Je viens de dire qu’on a les dirigeants qu’on mérite, mais là, on est en droit de se demander ce que les Brésiliens ont fait pour mériter ça ! En tout cas, voilà de quoi est capable l’extrême-droite quand elle arrive au pouvoir : que plus personne ne me dise qu’il ne pouvait pas savoir…