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Le journal du professeur Blequin (153)

Publié le 10 avril 2021 par Legraoully @LeGraoullyOff

Le journal du professeur Blequin (153)Mardi 6 avril

13h : A l’issue d’un week-end pascal au goût particulièrement amer, j’essaie de faire taire mon désespoir en relisant mes recueils du journal Spirou des années 1990 ; je constate qu’en moins de deux ans, trois grands récits anti-racistes y ont été publiés : dans Le rayon noir, Tome et Janry dénonçaient l’intolérance dite « ordinaire » en mettant en scène des villageois incapables d’accepter que leurs concitoyens, même s’ils les connaissent depuis des années, deviennent noirs de peau ; dans Captain Nepel, Lambil et Cauvin épinglaient un tristement célèbre politicien français ; dans Les enfants de l’arc-en-ciel, enfin, Gos et Walt délivraient clairement un message de respect et de tolérance. On entend souvent de gros fachos clamer « on ne peut plus rien dire » dès que les non-mâles blancs ont le malheur de rappeler qu’ils ont le droit d’exister ; pour ma part, j’ai plutôt tendance à penser qu’aujourd’hui, aucun éditeur n’oserait proposer à un public adolescent une bande dessinée anti-raciste, de peur d’être accusé de faire de la propagande « bobo-bien-pensante-politiquement-correcte » auprès des jeunes… Mais j’espère me tromper !

Mercredi 7 avril

Le journal du professeur Blequin (153)

19h : Ma mère me rapporte qu’en prévision des jeux olympiques censés se tenir à Paris en 2024, on a rasé des jardins partagés de banlieue pour construire des bâtiments destinés à accueillir les athlètes… Un préjudice écologique et moral irréparable pour une manifestation qui ne durera que quinze jours ! Après avoir chassé les pauvres de Paris, voilà qu’on les prive de contact avec la nature : Jacques Chirac est mort, l’œuvre demeure ! Savez-vous quelle est la différence entre les tigres et les pauvres ? Plus on détruit l’habitat des pauvres, plus ils sont nombreux !

Le journal du professeur Blequin (153)
Jeudi 8 avril

11h : J’essaie de faire chaque matin une promenade à pied dans la nature environnant Guilers : c’est le meilleur moyen pour que mon embonpoint, dans les circonstances actuelles, ne prenne pas des proportions inquiétantes. Mais aujourd’hui, la baisse des température et des irritations persistantes à l’entre-deux-jambes rendent mon parcours de santé plus pénible que d’ordinaire. Une fois rentré, malgré ma fatigue physique, je passe l’aspirateur dans ma chambre et dans la salle de bains ; après ma douche, je m’écroule sur mon lit… Et à la seconde même où je commence à me reposer, on sonne à la porte. Je descends en quatrième vitesse, manquant de glisser dans mes pantoufles, pour ouvrir au livreur venu apporter les masques transparents que mes parents chéris tenaient absolument à m’acheter… Comment dire ? Quand j’ai remercié le livreur, c’était VRAIMENT par simple politesse.

Vendredi 9 avril  

9h : Je me lève troublé ; cette nuit, il m’est arrivé quelque chose d’inédit en qui me concerne : j’ai fait un rêve agréable ! Défaitiste comme je suis, j’ai plutôt l’habitude des cauchemars. Mais je sais d’où ça vient : hier, j’ai reçu coup sur coup deux messages d’admiratrices ! L’un émanait d’une enseignante de l’université de Kiev qui me demandait l’autorisation d’utiliser un de mes dessins pour un projet de dictionnaire en ligne ; l’autre venait d’une jeune psychologue qui me sollicitait pour une campagne de défense de sa profession : il faut croire que ça m’est monté à la tête, d’où ce rêve où je recevais une lettre de félicitations d’une beauté hollywoodienne… Si on continue à me faire croire que j’ai du talent, je vais finir par ne plus me sentir pisser.

Le journal du professeur Blequin (153)
15h : J’apprends la mort du prince Philip ; dans l’absolu, je ne suis pas du genre à m’émouvoir du sort des têtes couronnées, mais ça tombe quand même mal pour nos voisins d’outre-Manche : la famille royale est sans doute l’un des derniers facteurs d’unité pour leur pays miné par le Brexit et la pandémie… Cela dit, survivre à la seconde guerre mondiale et au Covid-19 pour finalement ne pas réussir à atteindre les 100 ans, c’est quand même un peu con !

21h : Je regarde Capitaine Marleau avec mes parents ; dans l’épisode de ce soir, on voit jouer, entre autres, Béatrice Dalle que je compare à une voiture française : elle est moche et imprévisible, elle vieillit mal, elle n’est jamais vraiment en panne mais a toujours un pet de travers !


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