Samedi 10 avril
21h : Toutes les télés ne se valent pas. Pendant que le groupe M6 célèbre les 20 ans de la télé-réalité, le service public commémore les 30 ans de la mort de Serge Gainsbourg… La classe, on l’a ou ne l’a pas ! On n’est pas obligé d’apprécier Nagui et ses blagues, mais ne faisons pas la fine bouche : 28 ans après sa création, Taratata reste la meilleure émission de télé consacrée à la musique en France, sans compter que j’y retrouve l’ambiance de ces soirées qui me manquent un peu plus chaque jour…
Dimanche 11 avril
19h : La vaccination s’accélère, il y a même de l’avance sur le programme. On ne va évidemment pas s’en plaindre, c’est la seule voie pour que notre gouvernement de technocrates hypocondriaques daigne un jour nous laisser vivre à nouveau. Mais après tous les cafouillages de cet hiver, je ne peux pas m’empêcher de douter de leur capacité à garder le cap… Pessimiste, moi ? Non, traumatisé, seulement.
Lundi 12 avril
14h : Pour rendre service à un jeune doctorant en histoire ancienne, je relis quelques pages de sa thèse consacrée au suicide à Rome. J’y apprends que les stoïciens, dans l’absolu, n’encourageaient pas à mettre fin à ses jours mais reconnaissaient que le suicide pouvait être légitime pour une personne en voie de perdre l’usage de la raison : en clair, le droit à mourir dans la dignité est théorisé depuis deux mille ans et la France continue à faire la fine bouche… Déduisez-en ce que vous voulez, j’ai un coup de barre.
Mardi 13 avril
21h : Emission sur Napoléon sur France 2. On peut penser ce qu’on veut de ces commémorations, mais elles ont le mérite d’inciter à la curiosité une frange de public qui, sans ça, n’aurait sans doute jamais pris la peine de se renseigner sur des points d’histoire dont elle n’a que de vagues souvenirs remontant à l’école… Je n’ai aucune sympathie pour l’empereur mais, qu’on le veuille ou non, il a vraiment marqué l’histoire et on en parlera encore quand le Covid sera déjà oublié.
Mercredi 14 avril
19h : Marine Le Pen serait battue dans tous les cas de figure, même face à Valérie Pécresse. Je ne vais évidemment pas m’en plaindre, mais le simple fait qu’elle puisse encore accéder au second tour est déjà navrant : quand on voit comment Trump et Bolsonaro ont « géré » la crise sanitaire dans leurs pays, on ne peut pas prétendre que l’extrême-droite ferait mieux qu’un gouvernement républicain… De même que, comme disait Thiefaine, « c’est pas parce qu’on aime pas le Coran qu’il faut finir chrétien », c’est pas parce qu’on n’aime plus les démocrates qu’il faut finir fasciste !
Jeudi 15 avril
14h : Brève escapade dans mon quartier, pour retirer un colis au bureau de poste. Je sors ma pièce d’identité, mais le postier n’y prête pas attention et me demande le numéro de suivi ! Dans Le prisonnier, le héros clamait qu’il n’était pas un numéro mais un homme libre : que dirait-il dans notre monde actuel où l’identité individuelle est de plus en plus superflue et où il ne se passe pas un jour sans qu’on vous demande un numéro pour vous reconnaître le droit de continuer à exister ? Bien entendu, je n’ai pas le numéro : le postier me dit qu’il était indiqué dans le mail que j’avais reçu et me suggère donc de le voir sur mon téléphone ; encore un gars qui part de principe que tout le monde a un smartphone, ce qui n’est toujours pas mon cas. Pour faire taire mon envie de lui coller mon poing dans la gueule, je lui suggère donc aimablement (mais avec une certaine difficulté à cacher mon impatience) d’aller voir s’il n’y a pas un colis à mon adresse, ce qu’il va faire de mauvaise grâce. Il finit par trouver mon paquet et me le remet, mais je repars avec amertume : les postiers de Lambé n’ont pas profité de mon absence pour devenir plus aimables et efficaces… Heureusement que ce ne sont pas eux qui distribuent le courrier !
Vendredi 16 avril
11h : Après une petite marche dans la campagne pour éponger les idées noires qui me sont venues au réveil, je m’attelle à ma planche à dessin. Des fois je me dis que je pourrais profiter du confinement pour être encore plus productif, mais aussitôt après, je me pose une question : est-ce que les lapins se reproduisent forcément mieux en captivité qu’en liberté ? J’en doute… De toute façon, et une bonne fois pour toutes : être reclus dans son atelier, c’est chouette quand on l’a librement choisi, pas quand le gouvernement vous l’impose…