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Les Années 1930 – à Paris, la vie intellectuelle 2

Publié le 18 août 2021 par Perceval

Les Années 1930 – à Paris, la vie intellectuelle 2

Paris est la ville des écrivains, et la Rive gauche, avec le Quartier latin, l'un de ses hauts lieux.

Le Quartier latin est toujours l'espace de l'Action Française, avec le local du 33 rue Saint-André-des-Arts, d'où peuvent partir des centaines d'étudiants armés de leur canne, après un appel à manifestation...

Charles Maurras, s'il n'est pas lui-même un ''politique'', reste le maître intellectuel de beaucoup de jeunes gens. " La doctrine de Maurras est la seule doctrine importante de la Cité de notre temps qui comporte une philosophie. Maurras a bâti le plus complet des systèmes politiques, artistiques et moraux (...) Une société doit vivre comme un organisme humain. Pour cela, il faut que nous reconnaissions nos limites. Il faut laisser à une caste, à une race, le soin et l'étude du gouvernement où nous ne connaissons rien. Il faut un roi. Ce roi sera absolu, tout lui appartiendra. Ne nous insurgeons pas contre cette idée. " R Brasillach, article dans Le Coq catalan

Même si Lancelot s'est écarté de cet engagement, il aime fréquenter les lieux de ces jeunes étudiants passionnés qui refont le monde de demain. Après des conférences rue Serpente, on s'invective sur l'urgence de réagir à une décadence qui fait l'unanimité

Les Années 1930 – à Paris, la vie intellectuelle 2
Robert Brasillach

A la sortie de l'ENS de la Rue d'Ulm, on est sûr de croiser le brillant et prometteur Robert Brasillach , et l'originale Simone Weil. Même si le seul bastion de gauche, y réside, Brasillach se sent chez lui: " Mais notre patrie restait toujours le Quartier Latin, notre jardin du Luxembourg, nos cafés, les étroites salles du boulevard Saint-Michel... "

Simone Weil est reconnaissable par sa dégaine, qui se veut le rejet de toute élégance avec son pantalon trop large, ses souliers plats et son béret noir. Ce qui l'intéresse défendre des idées : tout est action, même l'écriture... A t-elle prévenu Brasillach... ? L'art pour l'art, ça n'existe pas ; les écrivains sont responsables de ce qu'ils écrivent !

Pour l'instant Brasillach, ne s'intéresse pas vraiment à la politique. En 1931, à 22 ans, son premier livre '' Présence de Virgile'' est paru. Et en 1933, il vient de publier un roman '' Le voleur d'étincelles'', et a droit à quelques critiques bienveillantes...

Autre lieu en vogue parmi les intellectuels : Saint-Germain-des-Prés. Les artistes fréquentent Montparnasse. Chacun selon son clan, retrouve les siens à La Closerie des Lilas, la Rotonde, le Dôme, le Select, ou la Coupole.

Sur la rive droite : Cocteau vit dans une chambre que Coco Chanel lui prête rue du Faubourg Saint-Honoré ; Mauriac habite rue de la Pompe, puis rue Vaneau ; Morand partage son existence entre Londres, Venise et Paris, le comte Etienne de Beaumont demeure rue Duroc ; les Jouvenel avenue Suchet... Maurice Sachs plutôt à l'hôtel ; comme Drieu la Rochelle - bien que toujours marié à Olesia - il s'installe à l'hôtel des Navigateurs, puis à son retour d'Amérique latine, à l'hôtel d'Orsay. Avec l'aide de sa première femme, et de Victoria Ocampo ; il s'installe dans un deux-pièces salle de bains au 45, quai de Bourbon ( l'immeuble du prince Bibesco).

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L-F Céline 1932

Drieu applaudit '' Voyage au bout de la nuit '' le premier roman de Céline, publié en 1932. Brasillach, bien plus classique n'a pas aimé... Les communistes, Elsa Triolet et Aragon adorent et veulent le traduire en russe... Si Céline dénonce, il ne prend pas parti... On attend de lui qu'il définisse le sens de sa révolution... Même les catholiques, y voient du divin en creux...

Dans Le Figaro du 13 décembre, Georges Bernanos est enthousiaste : " œuvre extraordinaire ", au " langage inouï, comble du naturel et de l'artifice, inventé, créé de toutes pièces à l'exemple de celui de la tragédie, [...] fait pour exprimer ce que le langage des misérables ne saura jamais exprimer ". " Pour nous, la question n'est pas de savoir si la peinture de M. Céline est atroce, nous demandons si elle est vraie. Elle l'est. "

Il y a beaucoup d'occasions pour Lancelot de rencontrer des auteurs, et plus précisément des ''chercheurs''. Parfois l'échange permet d'entrer de plein pied, sur le terrain favori des recherches de l'un et de l'autre... Ce fut le cas, quand Jacques T. s'est intéressé de près à la Quête de Lancelot. Lui-même connaît bien la Légende arthurienne, et a publié en 1924, un ouvrage sur L'Illustre chevalier de France , qu'est Lancelot....

Ancien maître de la loge, Jacques T. s'est montré fort empressé pour parrainer Lancelot, à se faire initier à la loge '' Le Portique'' dont, Gustave-Louis Tautain, rédacteur en chef du "Monde nouveau", en est le vénérable. Cet atelier de la Grande Loge de France , correspond bien à la sensibilité du nouvel apprenti; des personnages à grande notoriété en font partie comme Oswald Wirth (1960-1943) ou Albert Lantoine (1869-1949); les travaux suivent le Rite écossais ancien et accepté; et plusieurs frères partagent un intérêt pour les activités de l'Ordre martiniste, comme Gustave-Louis Tautain. Lancelot soutiendra l'initiative de A. Lantoine, en 1937, avec sa .... Enfin, Le Portique pourrait être qualifiée de " Loge littéraire ", puisqu'elle décerne, chaque année, un prix à une oeuvre publiée. Lettre au Souverain pontife

Les Années 1930 – à Paris, la vie intellectuelle 2

Du discours prononcé par le frère orateur, lors de la réception des nouveaux initiés, Lancelot a noté ces phrases:

" (...) vous comprendrez de manière toute aristocratique que la Franc-maçonnerie n'est que la réunion des êtres de pensée, venus de tous les points du globe, de toutes les races, de toutes les croyances, pour, la main dans la main, faire avec bonne volonté, sans les entrechoquer l'échange courtois de leurs idées antagonistes. "

" ( ...) le rite consacré qui ne doit s'éteindre, et que personnifie excellemment la respectable Loge Le Portique, où je souhaite à votre esprit la grâce de s'y harmoniser en sagesse, force et beauté. "

Parmi les frères présents, à noter François de Tessan, Michel Dumesnil de Gramont (1888-1953), que Lancelot croisera encore dans les couloirs ministériels; mais surtout, ce haut-fonctionnaire est un passionné de littérature et d'ésotérisme ( aujourd'hui, nous dirions de spiritualité). Il parle l'allemand et le russe et traduit les écrivains modernes russes. Surprise en enlevant le bandeau de retrouver des personnes croisées ou connues comme Brossolette, initié en 1927 à la loge Émile Zola, de la GLDF...


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