Magazine Journal intime

Tigre et Dragon

Publié le 31 juillet 2008 par Corcky


Cher lecteur, chère lectrice,

Comme tu as pu l'entendre dans cette petite vidéo, le président du C.I.O vient de se la faire mettre très profond, vu que la Chine a annoncé que les journalistes étrangers n'auraient finalement qu'un accès très limité à Internet.

Tu me diras qu'en même temps, c'est pas la première fois que le C.I.O a besoin de vaseline, et ça fait sept ans que ça dure.

Mais c'est à toi que je m'adresse, cher lecteur, chère lectrice.

Si tu es fan de sport, si tu aimes voir ces corps d'éphèbes sculptés dans le marbre et camés jusqu'aux yeux en train d'arroser de leur sueur le sable ocre des pistes, si tu aimes te faire enfiler (dans le cerveau) à peu près deux-cent pubs différentes en dix secondes, si tu crois encore que les valeurs de l'olympisme sont  "citius, altius, fortius" (ce qui signifie que tu vas te faire plumer "plus vite, plus haut, plus fort" par Mac Do, Coca, Nike et BNP Paribas), alors tu as toute ma compassion, mais aussi mon soutient, car je sais faire preuve de solidarité envers les moins cortiqués.

Je ne formulerai qu'un voeu (pieu), si tu me le permets, car pendant que tu te feras chier à regarder les retransmissions en pleine nuit, moi je serai en train de m'envoyer en l'air sur une plage des Caraïbes. Pendant que tu regarderas les athlètes français se vautrer lamentablement comme des merdes, les coureurs américains exploser littéralement et répandre des tripes et de la cocaïne sur la piste, les gymnastes chinoises s'enfoncer la tête dans le cul et l'unique marathonienne d'Iran s'empêtrer dans les plis de sa burka, j'aimerais, cher lecteur, que tu aies une pensée émue pour les chaussures de tous les pays. Car oui, je suis scandalisée. Les Puma, les Nike, les Adidas, bref, le top de la godasse de sport, qui envelopperont les panards de nos merveilleux athlètes sur le sable des stades chinois, ces fleurons de la technologie du pied, ces ambassadrices de l'Occident qui gagne, de l'Occident qui avance, de l'Occident qui transpire mais ne pue pas, ces petits bijoux que tu payes cent euros chez ton dealer de rêve le plus proche, eh bien ces milliers de paires de chaussures, elles vont être honteusement sacrifiées. Oui. Sacrifiées. Sur l'autel du business, des gros contrats, de l'argent roi et de la realpolitik. Souviens-toi, déjà, pendant la coupe du monde de football, dans l'Argentine de Videla en 1978, on avait méprisé la chaussure, elle avait subi un triste sort dans l'indifférence générale.

Car pendant que des équipes de débiles mentaux courraient après un ballon  avec le frénétique enthousiasme d'un berger allemand pour un cul mal savonné, pendant que des millions de trépanés du neurone beuglaient dans les gradins, des dizaines de chaussures à crampons se voyaient obligées, au nom du sport, de se vautrer littéralement dans le sang des opposants politiques Argentins  auxquels on coupait les couilles, à dix mètres du stade.
Oui, dans le sang, qui ruisselait malencontreusement par litres entiers hors des geôles de l'Etat et se répandait ignoblement sur les pelouses, noyant par la même occasion les valeureuses pompes de cuir qui n'avaient absolument aucun moyen d'en réchapper.
Eh bien rebelote en 2008, décidément le monde n'a rien appris. On s'apprête à reproduire la même boucherie chaussuriphobe, on est sur le point de plonger non pas des dizaines, non pas des centaines, mais des milliers de godasses innocentes dans des hectolitres de sang chinois, et faut-il te rappeler que le sang chinois se lave très mal, qu'il  laisse de vilaines traces roses et que de toute façon, après ça, la chaussure est irrémédiablement foutue? Alors, mai lecteur, pour les J.O de Pékin, signe la pétition exigeant que les tortures, exécutions, écrasements par tank, arrachages de testicules, décapitations et éviscérations aient lieu à distance raisonnable des stades, afin que nos athlètes ne défilent pas les pieds dans le sang (pour la liste des épreuves relativement salissantes, reporte-toi avec bonheur à la page du Levraoueger sur le sujet) Au nom du salut de la chaussure de sport.
Non au génocide de la godasse.
Merci.

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