Magazine Humeur

Le journal du professeur Blequin (173)

Publié le 02 octobre 2021 par Legraoully @LeGraoullyOff
Le journal du professeur Blequin (173)Dessin réalisé en 2016.

Dimanche 26 septembre

13h : Encore une année sans foire Saint-Michel. Je veux dire sans la « vraie » foire Saint-Michel, avec les déballeurs. Ce n’est pas la première fois : on en a déjà été privé en 2016 pour cause de « risque d’attentat » et l’année dernière à cause de ce que vous savez. Alors certes, il y a bien la fête foraine et la braderie des commerçants, mais sans les déballeurs, ce n’est pas pareil. Notez que ça me fait une excuse pour rester chez moi : outre le fait que l’envie de sortir ne me revient absolument pas, je n’aurais pas pu proposer des caricatures ; les gens masqués sont aussi intéressants à dessiner que des concombres (et encore, la cucurbitacée se tirerait avec prestige de la comparaison) et, de toute façon, je n’aurais pas fait dix pas avec mon panneau que les flics m’auraient mis le grappin dessus… Quand on veut faire piquer son chien, on dit qu’il a la rage ; quand on veut que les pauvres restent bien sages devant leurs écrans, on leur dit que faire autre chose est dangereux !

Lundi 27 septembre

Le journal du professeur Blequin (173)

10h : Visite chez mon ancienne prof d’espagnol ; au fil de la conversation, on en arrive à parler des pays d’Amérique latine qu’elle a visités par le passé. Je saurai désormais qu’il faut éviter d’aller en Colombie pendant la saison humide : elle a commis cette erreur, ce qui lui a valu de passer ses journées à dégouliner de sueur et à se faire harceler par les moustiques ! Au Venezuela, elle a été surprise de voir que l’aéroport de Caracas était relativement éloigné de la ville et situé en bord de mer. En fait, c’est logique : le pays ayant misé sur le pétrole pour son développement, l’aéroport a été installé à l’endroit d’où on devait partir pour accéder directement aux gisements, c’est aussi bête que ça. Mais c’est bien sûr le récit de son voyage à Cuba qui me marque le plus : que les Cubains vivent dans un climat de surveillance généralisée et soient obligés de de méfier de tout, ça, je le savais. Qu’ils crèvent de faim parce que la pandémie les a privés de la manne touristique, ça, je m’en doutais. Mais ce que vous ne verrez dans aucun reportage sur l’île, c’est que les transports en commun sont assurés… Par des bétaillères ! Je ne plaisante pas : à part les plus aisés qui peuvent se payer de « vrais » cars, les Cubains, pour se déplacer, sont obligés de s’entasser dans des camions SANS FENÊTRES ! Je ne me plaindrai plus jamais des transports publics de chez nous ! Ah, c’est beau, le communisme…

Le journal du professeur Blequin (173)
Ma mère vue par son fils.

Mardi 28 septembre  

15h : Passage éclair de ma mère, fraîchement rentrée de Sarthe et venue m’apporter quelques commissions. Elle me félicite pour la propreté de mon appartement : je conviens que c’est un peu inattendu de la part d’un trentenaire célibataire, mais son compliment me fait quand même plaisir car j’ai souvent peur qu’elle ne désapprouve mon train de vie de cigale ; il y a tellement de bonnes mères qui mettent la pression à leurs fils adultes pour qu’ils se marient, prennent un travail de bureau et fassent des enfants… Mais ce n’est pas le genre de ma génitrice qui va même jusqu’à aider matériellement son artiste de fils aîné : ça suffit à ce que sa brève visite me remplisse de joie, d’autant qu’en la raccompagnant, je croise un gars de Fily, l’entreprise qui fait le ménage dans les parties communes de l’immeuble, et ce monsieur… Ne porte pas de masque ! Oui, je l’avoue, je déteste tellement ces masques que je serais prêt à embrasser tous les gens qui osent se montrer dans la rue à visage découvert ! Mais même avant la pandémie, je ne le faisais pas, alors…

Mercredi 29 septembre

15h : En vue d’un projet de produit dérivé, je trie mes dessins  numérisés. J’ai ainsi l’occasion de constater les progrès que j’ai fait en quelques années : je remonte de 2021 à 2015, mais quand j’arrive à 2017, j’ai déjà honte de ce que je faisais à l’époque ! Je remarque les erreurs que je ne commets plus, les effets que j’évite désormais, les facilités que je ne me permettrai pas aujourd’hui… Je ne vais pas au-delà de l’année 2015, non seulement parce que je risquerais de tomber sur des trucs très moches mais aussi parce que je considère que cette année, qui a été inaugurée par un certain 7 janvier de sinistre mémoire, marque le début d’une époque qui me plait de moins en moins…

17h : Après trois mois de vacances, les cours publics reprennent aux beaux-arts de Brest. Je me rends donc à l’annexe de l’école, au Bergot pour le premier cours de l’année. J’y vais à pied : l’arrêt de bus auquel j’avais l’habitude de descendre a été supprimé et remplacé par une station si éloignée que j’ai aussi vite fait d’user mes chaussures plutôt que ma carte Korrigo, la distance qui sépare mon immeuble de ma destination ne justifiant pas que je me permette le détour imposé par la nouvelle ligne… Et puis c’est toujours autant de temps que je ne passe pas à porter un masque !

Le journal du professeur Blequin (173)
La prof nous a fait dessiner un arrosoir ; pourquoi pas !

18h : Le cours débute. Une responsable de l’école a contrôlé nos pass sanitaires, non sans se croire obligée de s’excuser. J’avoue que je ne comprends pas, présenter un papelard m’est mille fois moins pénible qu’être encore obligé de porter ce masque dont je ne vois plus l’utilité ; mais je me doute qu’il doit être désagréable à des professeurs d’art d’être contraints de fliquer leurs élèves… Fort heureusement, quand je me mets à dessiner, j’oublie rapidement les masques et toutes les mesures liées à l’épidémie… Je constate aussi un certain rajeunissement du public par rapport aux années précédentes : jusqu’à présent, je faisais figure de benjamin, entouré de quinquagénaires et de retraité(e)s, mais maintenant, il n’y a que deux femmes d’âge mûr, qui avaient déjà été inscrites l’année dernière, et la plupart des élèves ont l’air aussi jeunes que moi sinon plus… Je n’en tire pas de conclusions, mais je n’exclus pas que les jeunes aient soif non seulement de distractions mais aussi de changements afin de tourner la page de ce que vous savez…

Le journal du professeur Blequin (173)

20h : Le cours est fini. La nuit tombe déjà et je suis fatigué : je ne me sens pas de rentrer à pied, alors je prends un bus pour le centre-ville ; ça fait un gros détour, mais ça me donne un prétexte pour faire une virée vespérale. Sur la route, qui longe l’université, je vois une affiche électorale de Zemmour, qu’une main probablement estudiantine a visiblement essayé d’arracher : la réussite n’est que partielle, mais au moins, on ne voit plus la gueule de rat de ce sale type, c’est déjà ça !

Jeudi 30 septembre

9h : C’est aujourd’hui que débute le colloque sur la perception de la Chine dans la caricature, auquel je suis inscrit comme orateur. La première session ne commence que l’après-midi, mais je me suis levé tôt pour faire la route à pied jusqu’à la faculté et en profiter pour faire quelques courses en chemin. Première étape : le magasin d’articles pour artistes situé à deux pas de chez moi. Première déception : il n’ouvre qu’à dix heures et je ne vais pas poireauter devant la porte pendant une heure. J’en serai quitte pour un détour à Saint-Martin, mais j’espère que ça ne va pas être comme ça toute la journée…

Le journal du professeur Blequin (173)
10h : J’ai finalement pu acquérir les fournitures dont j’avais besoin à la boutique Dalbe de la rue Malakoff. J’ai même trouvé, sur la place Guérin, les bogues dont j’aurai besoin pour le cours de dessin de la semaine prochaine : j’avais oublié qu’il y avait des châtaigniers sur ce lieu emblématique de la vie brestoise… Commençant à retrouver le sourire, je découvre, sur un panneau, une affiche des jeunes macronistes, elle aussi à moitié arrachée, mais pas assez pour m’empêcher de découvrir le slogan : « Vivement qu’on signe pour cinq nouvelles saisons ! » La politique française est vraiment devenue un grand n’importe quoi, on ne peut même plus la caricaturer, elle le fait déjà elle-même ! On se moquait des querelles entre Chirac et Balladur, Jospin et Voynet, Sarkozy et Raffarin, Aubry et Hollande, mais c’était encore une époque de distingués gentlemen par rapport à cette période où un banquier de moins de 40 ans a pu accéder à la magistrature suprême et où un éditorialiste rétrograde se sent à sa place dans une campagne électorale…

10h30 : J’avais prévu de visiter le « Spote », cette exposition de peintures murales installée dans les anciens locaux de la poste centrale. Malheureusement, j’ignorais qu’elle n’ouvrait que l’après-midi et la première journée de colloque ne prendra sûrement pas fin avant l’heure de la fermeture… Quelque peu découragé, je m’assieds sur un banc et je fais le point : j’ai déjà les jambes fatiguées, je suis chargé comme un mulet, je me suis levé aux aurores pour des prunes et j’ai plus d’une heure à tuer avant le déjeuner avec les autres participants au colloque… Dire que l’une des raisons m’ayant décidé à quitter la maison de mes parents était justement ma volonté de ne plus connaître de telles situations. Pour la gestion de mon temps libre, c’est zéro pointé…

12h : Déjeuner au restaurant universitaire. Nous ne sommes que sept à table, mais il faut dire que la moitié des intervenants feront leur communication en visioconférence, ce qui me laisse sceptique : plusieurs personnes ont quand même fait le déplacement jusqu’à Brest, dont un professeur qui enseigne en Floride ! Si d’autres participent à distance, ce n’est donc pas contraints et forcés : cette généralisation de la visioconférence, même hors période de confinement, ne me dit rien qui vaille… Une responsable contrôle nos passes sanitaires, non sans s’excuser : ce n’est pourtant pas la plus embêtante des contraintes ! Elle en profite pour nous parler de son fils qui refuse obstinément de se faire vacciner mais fait beaucoup de sport en intérieur dans un gymnase : il préfère se faire tester deux fois par semaine et s’imposer la torture de la tige enfoncée dans les narines jusqu’au cerveau… Les anti-vaccins ne sont pas seulement à côté de leurs pompes scientifiquement parlant, ils sont aussi masochistes ! A table, on parle peu du virus en tant que tel, on préfère échanger sur nos voyages passés. L’un des intervenants, qui avait l’habitude d’enseigner en Chine, a été obligé de retourner en Europe : une chercheuse chinoise ajoute que la propagande pékinoise tient les étrangers pour responsables de l’épidémie ! Non seulement c’est gonflé maintenant que nous connaissons les mensonges du gouvernement chinois, mais surtout, ces incitations à la xénophobie n’augurent rien de bon ! Heureusement qu’il n’y a plus Trump pour souffler sur les braises… Une chercheuse chinoise était au programme, mais les autorités de son pays lui ont interdit de participer, même à distance : la dictature est plus contraignante que tous les virus du monde…

14h : Décidément, ce n’est pas mon jour : la technique n’est pas de notre côté et c’est au terme d’un imbroglio invraisemblable que nous arrivons enfin à être en contact avec les participants en visioconférence. Pire, une panne nous retarde et oblige finalement Jean-Claude Gardes, l’un des deux maîtres d’œuvre du colloque, à reporter son intervention au lendemain. Tout cela confirme mon sentiment sur l’envahissement de la technique : ceux qui craignent une robotisation de la vie n’ont rien compris, le tout-numérique multiplie les occasions de désordre ! Tout cela entame sérieusement ma patience et j’ai bien du mal à rester calme – en fait, je n’y arrive pas du tout, pour être honnête. Heureusement, la qualité des communications compense les défaillances de la technique : ce n’est pas demain que l’homme sera supplanté par la machine…

Vendredi 1er octobre

9h45 : La technique n’est pas plus coopérative qu’hier ; c’est à bout de nerfs et avec trois quart d’heure de retard que je fais ma communication, espérant, sans vraiment oser y croire, que ma fatigue nerveuse ne se sent pas trop dans mon style oratoire. Une fois que j’ai fait mon speech, la satisfaction du devoir accompli n’éclipse pas vraiment ma lassitude…

Le journal du professeur Blequin (173)
Hergé vu par votre serviteur.

12h : Vient le temps des échanges avec l’auditoire. Les problèmes techniques à répétition nous ont fait prendre un tel retard que nous sommes obligés de reporter une communication à l’après-midi : le programme devient un grand bazar ! Ma communication, qui portait sur le Lotus bleu d’Hergé, n’a pas laissé indifférent, on me demande notamment mon avis sur une théorie dont je n’avais pas vraiment eu vent et selon laquelle ce chef-d’œuvre très favorable à la Chine ne faisait pas partie d’une stratégie cléricale destinée à amadouer les Chinois, l’Eglise envisageant encore l’empire du Milieu comme une terre de mission dans les années 1930 : je réplique que si l’influence de l’abbé Wallez sur le jeune Georges Remi était encore très forte à l’époque, elle avait néanmoins un peu de plomb de l’aile suite à la rencontre du dessinateur avec Tchang et que, de toute façon, la religion, mises à part quelques allusions, est la grande absente des aventures de Tintin (même au Congo, le missionnaire est présenté davantage comme un éducateur que comme un prêtre), d’autant que l’auteur avouera plus tard n’avoir jamais cru en Dieu ! Bref, le rapport que l’Eglise entretenait avec la Chine explique peut-être pourquoi l’abbé Wallez a laissé Hergé prendre le contrepied de la caricature sinophobe qui était encore la norme dans la presse de l’époque, mais je ne pense pas qu’Hergé eût sérieusement l’intention de participer activement à l’évangélisation des Chinois. De toute façon, si stratégie il y a eu, on ne peut pas dire qu’elle ait porté ses fruits quand on voit la Chine d’aujourd’hui où l’on vénère surtout le dollar…

12h30 : Déjeuner à quatre au Thaï Phuket. Je commande un poulet au curry : on me sert un bol de sauce dans lequel sont littéralement noyés des morceaux de poulet et d’un fruit que je n’identifie pas, le tout accompagné d’une portion de riz présentée sous la forme d’une espèce de motte compacte. Pas transcendant, mais correct, et puis c’est l’université qui offre, je ne vais pas protester : compte tenu de ma situation, un repas gratuit, c’est toujours bon à prendre. On ne s’attarde pas, on n’a qu’une heure et demie pour manger : quand vient l’heure de partir, Jean-Claude m’ayant confirmé que le port du masque n’était plus obligatoire dans les rues du Finistère depuis ce matin, je ne juge pas utile de le remettre pour parcourir la distance dérisoire qui me sépare de la sortie.

14h : Nous reprenons nos débats. Nous nous mettons d’accord pour baisser les masques : il serait absurde de respecter à la lettre cette règle alors que nous venons de manger ensemble, forcément à visage découvert ! De surcroît, nous ne sommes plus que cinq dans la salle, tous les autres intervenants et auditeurs nous suivent en visioconférence, et il ne faut pas compter sur une mobilisation massive des étudiants le vendredi après-midi ! Quand j’écoute Michael Schaub parler du traitement de la Chine de la « Révolution Culturelle » par les caricaturistes belges, je réalise que j’aurai pu axer ma communication sur Reiser plutôt que sur Hergé : l’ange féroce des éditions du Square dessinait peu les politiciens français mais n’a pas manqué de caricaturer Mao, par exemple pour affirmer que pour rester en vie aussi longtemps, il devait se taper une petite chinoise chaque matin – intuition confirmée a posteriori par le médecin du « Grand Timonier » ; je préfère toutefois signaler à l’orateur la « une » que Reiser avait consacrée à la mort de Mao, représentant un Belge en deuil : il ne la connaissait pas, signe que tout reste à faire pour introduire les artistes de Hara-Kiri à l’université. En tout cas, même sans viser le dictateur, Reiser parlait volontiers de la Chine et j’aurai vraiment pu faire une intervention intéressante à ce sujet : une prochaine fois, peut-être…

18h30 : Epuisé, je pars tout de suite après la dernière communication, sans m’attarder outre mesure pour les discussion. Je ne remets pas le masque pour sortir de la fac, partant du principe que je risque de ne pas croiser grand’ monde (ce qui est le cas). Je repars avec 36 dessins à finaliser, crayonnés au fil de ce que m’inspiraient les différentes interventions : le ton de ces dessins me vaudra sûrement d’être interdit de séjour en Chine, mais je n’avais pas l’intention d’y aller et ce n’est pas ce que madame Yue, la seconde organisatrice du colloque, nous a dit de son pays d’origine qui va me faire changer d’avis ! En nous présentant les caricatures d’un dessinateur chinois en exil (rien que ça, déjà…), elle a dû nous expliquer que le gouvernement chinois avait accaparé presque tous les masques disponibles dès le début de la pandémie, d’où la pénurie dans les autres pays qui ont donc dû aérer leurs chéquiers pour protéger les gens les plus exposés… Bref, je n’irai pas en Chine de sitôt, mais il faudrait déjà que j’arrive à quitter le centre-ville de Brest et regagner mon quartier, ce qui n’est pas gagné : si j’en juge à l’inertie du tableau d’affichage et à la nervosité des autres voyageurs, je risque de ne pas avoir un bus tout de suite ! La semaine dernière déjà, il y avait eu des problèmes avec les transports publics le vendredi soir : est-ce dû aux anti-vaccins qui manifesteraient (leurs affiches débiles ont fleuri en ville ces derniers temps) et bloqueraient la circulation ? Au relâchement qui gagne à peu près tout le monde quand arrive le week-end ? Au récent réaménagement du réseau qui perturberait les conducteurs ? Ou, plus simplement, à la densité de la circulation ? Toujours est-il que pour être sûr de rentrer, je prends le tram et change à la place de Strasbourg : ça rallonge, mais au moins, j’évite de poireauter au milieu d’une foule que l’attente prolongée rend peu fréquentable… Je n’arrive chez moi qu’une heure et demie plus tard : il y avait longtemps que je n’avais pas été à ce point soulagé de retrouver dans mon cocon !

Samedi 2 octobre

10h15 : Mal réveillé, je sors néanmoins, devant passer à la poste et à la boulangerie. Pour le pain, pas de problème, mais pour mon commanditaire, il attendra : je croyais les travaux de la poste de Lambézellec terminés, mais ce n’est pas le cas, le bureau reste fermé jusqu’au 11 octobre. Très franchement, j’estime que ce n’est pas le bureau qu’il fallait changer mais plutôt le personnel, mais bon, on ne m’a pas demandé mon avis. Cela dit, si la poste de Lambé devient aussi peu hospitalière que celles des autres quartiers, au moins, elle s’accordera avec les postières qui y travaillent !


Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazine