Par Marie-Anne Keppers dans Philosopher le
Culture en rapport à la nature
On peut définir la culture dans son rapport à la nature de deux façons opposées : soit la culture vient d'une façon ou d'une autre de la nature, soit elle existe que de s'être arrachée à la nature. Soit elle est une culture de la nature, soit elle est une culture contre la nature, et même contre-nature.
Lorsque Aristote définit l'homme comme un animal politique, il veut dire qu'il est naturel pour l'homme de vivre en société et d'y développer ses facultés humaines (raison, langage, amitié...). Il est donc naturel pour l'homme de se cultiver (ce qui ne signifie pas que ce soit toujours facile!) : la culture est donc une culture de la nature (de nos facultés naturelles). Aristote ira même jusqu'à présenter la richesse de la culture humaine comme conditionnée par le fait que les hommes soient naturellement... dotés de mains !
Le propre de l'homme, c'est la main... " Ceux qui disent que l'homme n'est pas naturellement bien constitué, qu'il est le plus désavantagé des animaux, parce qu'il est sans chaussures, qu'il est nu et n'a pas d'armes pour combattre, sont dans l'erreur. Car les autres animaux n'ont chacun qu'un seul moyen de défense, et il ne leur est pas possible d'en changer. Ils sont forcés pour ainsi dire, de garder leurs chaussures pour dormir comme pour faire tout le reste, il leur est interdit de déposer l'armure qu'ils ont autour du corps et de changer l'arme qu'ils ont reçue en partage. L'homme, au contraire, possède de nombreux moyens de défense, et il lui est toujours permis d'en changer, et même d'avoir l'arme qu'il veut quand il le veut. Car la main devient griffe, serre, corne, elle devient lance ou épée, ou tout autre arme ou outil. Elle peut être tout cela, parce qu'elle est capable de tout saisir et de tout tenir " Aristote, Des parties des animaux, 687 A 23-n5, Garnier-Flammarion, 1956