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Le journal du professeur Blequin (183) Tous des cons, surtout moi !

Publié le 11 décembre 2021 par Legraoully @LeGraoullyOff

Le journal du professeur Blequin (183) Tous des cons, surtout moi !Samedi 4 décembre

10h30 : Il arrive que la nuit porte vraiment conseil… J’ai envisagé un instant d »abandonner totalement les réseaux sociaux, que j’ai pris jadis pour des mines mais qui m’inspirent aujourd’hui le commentaire du vieux Powell dans La ville fantôme de Morris et Goscinny : « J’en ai assez de cette mine sans valeur et de ces gens prêts à croire toutes les calomnies, j’ai envie d’abandonner. » Finalement, après avoir consulté plusieurs personnes, j’ai opté pour une solution médiane : je ne reviendrai pas sur Twitter ; j’abandonnerai Instagram après Noël si je ne reçois pas de conseil me permettant d’en tirer un meilleur parti ; quant à Facebook, je ne m’y connecterai plus que le samedi à l’exclusion de tout autre jour de la semaine. Ainsi, je n’abandonne pas ce qui est parfois un outil pratique pour communiquer et je ne me laisse plus bouffer le temps et la cervelle par ces entreprises loin d’être philanthropiques…

15h : Ayant terminé mes mises à jours sur Internet, dont celle du présent webzine, je fais ma déco de Noël, histoire de faire une surprise à mes parents qui doivent me rendre une brève visite dans quelques heures. On dira ce qu’on voudra, mais tout ce qui peut mettre une note de gaieté est bienvenue, surtout à l’issue de cette année passablement sinistre – pour rester poli !

Le journal du professeur Blequin (183) Tous des cons, surtout moi !
Pierre Malma, contributeur du « Spote », défiguré par votre serviteur.

Dimanche 5 décembre

12h : J’ai fait la route à pied depuis Lambézellec jusqu’aux anciens locaux de la poste centrale : en attendant leur destruction, ils ont été investis par des artistes qui ont « graffé » sur ces vieux murs. A l’entrée, on m’a signalé la boutique qui m’attend en fin de visite ; je ne peux m’empêcher d’être cynique et de répliquer « Il faut bien vivre » ! Et pourtant, je me doute pertinemment que ces artistes ont besoin d’argent, ne serait-ce que pour amortir leur matériel : la personne chargée de l’accueil n’apprécie que modérément ma plaisanterie… Ma visite de cette exposition un peu originale intitulée « Le Spote », qui a beaucoup fait parler d’elle dans la région, m’émeut profondément, moins en raison du talent des artistes qui y ont participé qu’à cause du cadre particulier dans lequel elle se tient : je ne peux m’empêcher de penser à la ruche bourdonnante que fut cet édifice avant que des décisions imbéciles ne fassent la peau au service public et la mélancolie me gagne vite, à visiter ces lieux comme je visiterais une cathédrale – l’envie de savater le curé en moins, bien sûr. A mi-chemin, je croise Gildas Java peignant un jazzman : je crois voir un Ankou musicien et je ne suis apparemment pas le premier ! Non contente d’être imbécile, ma remarque n’est même pas originale… A l’approche de la sortie, je rencontre un artiste que je connais personnellement et qui est encore en pleine exécution de son œuvre : selon lui, j’habiterais dans l’ancien appartement de sa compagne ! Décidément, le monde est petit… 

Le journal du professeur Blequin (183) Tous des cons, surtout moi !
La figure de proue du Canot de l’Empereur.

14h30 : Je n’étais plus revenu aux Capucins depuis le début de la « crise sanitaire » : même quand il était à nouveau possible d’y entrer, je rechignais à en profiter, voulant limiter les occasions de mettre un masque – bien sûr, je n’oublie pas qu’il y a un an à la même époque, on ne pouvait même pas y pénétrer. Mais là, je n’avais pas le choix : je m’étais promis de venir soutenir mes amis de « Putain 2 Renaud » qui venaient y donner leur dernier concert de l’année à l’occasion du Téléthon. A peine entré, je constate une nouvelle fois l’absurdité du port du masque : les clients d’un des cafés sont attablés sur ce qui tient lieu de terrasse dans cet espace couvert et, bien sûr, ils ont tous tombé le masque. Alors il suffirait de s’asseoir à la table d’un bar pour ne plus être un danger public si on a le malheur de monter son visage tel que la nature l’a fait et de respirer comme on le fait depuis la naissance ? C’est n’importe quoi ! Cette règle est décidément aussi inutile qu’incohérente… Etant arrivé largement en avance, je passe le temps comme je le peux : j’ai enfin l’occasion de voir en vrai le « Canot de l’Empereur » dont on a tant parlé dans les médias locaux. La vue de cette embarcation, en dépit de son intérêt patrimonial évident, ne me fait pas vibrer autant que je m’y attendais : j’ai appris à aimer les pièces patrimoniales qui témoignent de la vie des « petites gens », au détriment de celles qui résultent des caprices des grands de ce monde et qui me laissent de plus en plus froid, à plus forte raison s’ils dégoulinent de dorures et sont dus à des buveurs de sang comme les Bonaparte… Bref : le Canot de l’empereur a été relégué là où il y avait de la place, c’est-à-dire dans un coin du bâtiment, laissant la place centrale aux machines sur lesquelles tant d’ouvriers ont transpiré pendant des années. En somme, les Capucins constituent une belle revanche des prolétaires sur les porteurs de couronnes, qui plus est usurpées – mais toute dynastie ne commence-t-elle pas sur une usurpation ?

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A gauche : Emmanuel Kervran. A droite : Audrey Raguenes.

16h10 : Après avoir été obligés de mariner dans le jus de leur trac pendant un bon quart d’heure, la scène ayant été occupée durant ce laps de temps par une remise de prix hyper-chiante (un pléonasme, excusez-moi), mes amis de « Putain 2 Renaud » peuvent enfin chanter. Au sein de cette troupe, la belle Audrey reste ma chouchoute, et je ne suis pas le seul dans le public à la trouver merveilleuse, mais je suis agréablement surpris par l’interprétation de « Les mots » par Mélanie Plantec : certes, je connaissais le talent de cette dernière, mais la chanson fait partie des titres « tardifs » de Renaud, que les critiques et une partie du public ont tant décrié. Pourtant, quand on écoute attentivement les paroles, on s’aperçoit que c’est une petite merveille ! En fait, la plupart des chansons récentes de l’ami Renaud sont simplement desservies par sa voix cassée mais ne sont pas indignes d’intérêt pour autant : le simple fait que « Les mots » puisse être interprétée par une personne telle que Mélanie, qui chante véritablement comme un oiseau, me confirme qu’aucune partie de l’œuvre de Renaud ne tombera dans l’oubli…

Lundi 6 décembre

Le journal du professeur Blequin (183) Tous des cons, surtout moi !

10h30 : J’ai décidément bien du mal à me lever tôt ces derniers temps : rien qu’à penser que je devrai mettre un masque pour entrer quelque part, je rechigne à quitter mon lit ! J’ai peut-être tort d’en faire une histoire mais voilà : je supporterais probablement mieux cette obligation, en dépit de son absurdité patente, si, d’une part, elle ne me rappelait pas en permanence ce que je voudrais oublier, à savoir le fait qu’on m’a volé un an de ma vie à cause d’un virus bénin dans la plupart des cas, et si, d’autre part, on ne traînait pas ça depuis déjà un an et demi… Après le petit déjeuner, mon premier geste est de relever mes mails : fidèle à ma promesse, je ne me connecte pas à Facebook, mais je pense éprouver, toutes proportions gardées, ce que doit ressentir un fumeur qui essaierait, sinon d’arrêter de fumer, au moins de limiter sa consommation d’herbe à Nicot !

Le journal du professeur Blequin (183) Tous des cons, surtout moi !
13h : Me voilà en centre-ville pour mettre mes produits dérivés (livres et badges-magnets) en dépôt-vente chez un galeriste de mes amis et, dans la foulée, faire quelques recherches historiques pour Côté Brest. En rue, je fais fi du port du masque obligatoire et je ne suis pas le seul, un bon tiers des passants en font autant. Je passe devant le bureau de poste et je constate qu’il est toujours clairement indiqué sur la porte qu’il faut s’y présenter à visage découvert ! Et encore une contradiction, une ! Je m’arrête auprès des halles Saint-Louis pour casser la croûte : je vois passer une voiture de police qui croise deux jeunes piétonnes sans masque ; et que croyez-vous qu’il se passe ? Ben rien, évidemment ! Il ne faut pas croire les flics plus cons qu’ils ne le sont (ce qui, en toute objectivité, est déjà difficile) : ils ne vont pas s’amuser à s’arrêter dans leurs patrouilles pour faire respecter à la lettre une mesure aussi idiote ! Pour la majeure partie de la population, la pandémie n’aura sûrement aucune autre signification que celle de mesures liberticides imposées par des technocrates hypocondriaques et ennemis de la vie… C’est drôle, je n’arrive pas à me réjouir de ce constat !

Mardi 7 décembre

Le journal du professeur Blequin (183) Tous des cons, surtout moi !

15h : Hier, mon laboratoire a organisé un pot de fin d’année ; le cœur encore réchauffé par ces retrouvailles entre collègues chercheurs, je ne me connecte toujours pas à Facebook mais je guette néanmoins ma boîte mail, m’attendant à tout moment à recevoir un message important. Mon attente n’est pas déçue : j’apprends que je suis convoqué au tribunal ! Le motif ? J’aurais envoyé des photos de moi dénudé à des personnes mineures ! Bien entendu, je panique, je me vois déjà essayant laborieusement de convaincre de mon innocence un juge en bois brut, j’entends d’ici les rumeurs les plus folles et les plus sordides qui doivent circuler sur mon compte… Et puis je m’aperçois que quelque chose « cloche » dans cette convocation, dont le caractère officiel me paraît bien douteux : je me renseigne donc et, effectivement, j’apprends que l’expéditeur est un arnaqueur ! Il doit compter sur la panique que suscite inévitablement une telle annonce pour que le destinataire lui réponde spontanément et tombe ainsi dans son piège… Soulagé mais écœuré par ce procédé innommable, je classe le message parmi les indésirables et j’essaie d’oublier. N’empêche, m’accuser de vouloir séduire des personnes mineures, c’est totalement aberrant : déjà que les majeures, je n’ose pas m’y aventurer !

Mercredi 8 décembre

14h : Je relève mon courrier ; il y a, entre autres, une lettre de mon bailleur : je m’attends à avoir enfin une réponse à ma lettre concernant les portes laissées ouvertes dans les parties communes. Déception : on se contente de me faire des remontrances sur l’usage du local à poubelles, où certains imbéciles irrespectueux s’obstinent à entreposer des choses lourdes et à garer des deux-roues. Recevoir une leçon de morale, c’est déjà désagréable, mais quand c’est lié à un problème dont vous n’êtes pas responsable, c’est carrément pénible ! Les bailleurs sociaux ont inventé la présomption de culpabilité, applicable à tout locataire : on les applaudit bien fort !

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Sophie, défigurée par votre serviteur.

Jeudi 9 décembre

10h30 : J’arrive à temps pour la seconde partie de la soutenance de thèse de Sophie Le Hiress sur le mythe du détective herméneute ; ça se passe plutôt bien, Sophie est une jeune exégète aussi brillante qu’énergique qui sait défendre son point de vue, même face à un jury composé de chercheurs chevronnés. Décidément fâché avec les « règles sanitaires », je décide de contourner l’obligation en remplaçant le masque par mon écharpe, que je me permets même de baisser tant que je reste assis ! Et quand je me lève pour féliciter la jeune femme qui vient d’être intronisée docteure en langues et littératures étrangères, je lui donne carrément l’accolade et je lui fais même cinq bises : un geste doublement interdit puisqu’elle n’est même pas ma compagne (heureusement pour elle) et que, d’après les médecins, je la mettrais en danger de mort ! Faut-il donc avoir une vie sociale (et amoureuse) bien sinistre pour exercer l’art de soigner ? 

Le journal du professeur Blequin (183) Tous des cons, surtout moi !

14h : J’ai beaucoup de choses à faire en centre-ville ; j’en profite pour aller acheter des timbres au premier bureau de poste que je croise. Avant, cette opération bénigne et quotidienne se passait ainsi : on faisait la queue plus ou moins longtemps, on demandait au guichet ce qu’on voulait, on recevait un carnet de timbres en échange d’une somme d’argent (de plus en plus élevée d’une année sur l’autre) et, si on n’avait pas fait d’écart de conduite, on vous laissait partir. Bref, on vous fichait la paix. Oui, j’en parle au passé : à peine ai-je pénétré dans le bureau, alors qu’il y a encore quatre personnes entre moi et le guichet, qu’un type portant une chemise aux couleurs de « La banque postale » me demande ce que je veux ! Je serais entré avec un flingue en hurlant « Ceci est un hold-up », j’aurais été à peine moins bien accueilli ! Désarçonné par cette demande qui me paraît prématurée et, qui plus est, formulée sur un ton pour le moins autoritaire, je rechigne à répondre à ce gazier : comme il insiste, je finis par lui dire, comme j’avouerais sous la torture un délit que je n’ai pas commis, que je veux simplement un carnet de timbres verts. Vous pensez qu’il va me laisser tranquille ? Ce serait trop beau ! Au lieu de me laisser faire la queue, il me dirige vers un « collègue » qui n’était sûrement pas si pressé de me servir et, par-dessus le marché, en voyant mon écharpe, il me demande si je veux qu’il m’apporte un masque chirurgical… Quand je peux enfin sortir de cette succursale du bagne, je regrette déjà de ne pas avoir rappelé à ce Pinochet de banlieue que si je suivais à la lettre ce qui est écrit sur la porte de son lieu de travail, j’aurais dû entrer à visage découvert ! Ceux qui espéraient que l’ouverture à la concurrence rendrait meilleur l’accueil des usagers de la poste en sont pour leurs frais…

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Hommage à Jean-Yves Le Fourn.

15h : Brève visite chez mon ami Jean-Yves Le Fourn ; il expose actuellement ses œuvres au Vauban, un lieu prestigieux s’il en est. Il devrait être heureux, seulement voilà : chaque soir, en prévision des spectacles qui se tiennent dans cette salle mythique, ses travaux sont décrochés des murs pour être réinstallés le lendemain. Et croyez-vous que la personne chargée de ce travail (qu’on imagine fastidieux, je ne le conteste pas) respecte l’organisation qui avait été prévue par l’artiste ? Je t’en fiche ! Les responsables de la salle, s’ils sont très compétents en matière de musique et de spectacle vivant, doivent manquer cruellement de connaissances en arts plastiques… Il n’en faut guère plus pour gâcher une expérience qui avait pourtant tout pour réjouir mon vieux graphiste d’ami ! Décidément, même quand la reconnaissance arrive enfin, la vie des artistes est une vraie galère…

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16h : Voilà bientôt deux heures que je descends la rue de Siam sous une pluie incessante, mal protégé par une capuche que le moindre coup de vent rabat sur mes trop confortables épaules. Je commence à ressentir une certaine lassitude, aggravée par la vision d’un autocollant (épargnez-moi l’abominable anglicisme « sticker », s’il vous plaît) imbécile des anti-vaccins : il représente un cercueil dans lequel reposerait une personne vaccinée ! Quand j’entends ces cinglés parler des vaccins, ça me rappelle Christian Jacob parlant de la drogue : ils se disent de gauche, libertaires même, et ils ont réussi à être encore plus cons que les sarkozistes ! Décidément, la bêtise n’a pas de couleur, pas même politique.

Le journal du professeur Blequin (183) Tous des cons, surtout moi !
17h30 : Je prends enfin le chemin du retour, les bras chargés d’achats divers et les jambes alourdies de trois heures de crapahutage sous une pluie obstinée. Et on aurait voulu que je rende l’équipée encore plus difficile en étouffant sous un masque ! Ceux qui prennent de telles décisions ne doivent pas sortir souvent de leurs bureaux… Dans l’autobus, un groupe de jeunes filles semble ne pas avoir compris qu’il faut appuyer sur un bouton pour demander l’arrêt du véhicule et obtenir l’ouverture de la porte : elles vont donc être obligées de descendre à l’arrêt suivant et de marcher un bon kilomètre de plus, sur une route vallonnée et sous une averse battante. Si je n’étais pas aussi fatigué, je les plaindrais, mais elles font tellement de bruit malgré leurs masques que je ne peux m’empêcher de les traiter de « petites pouffes » une fois qu’elles sont sorties : je devrais pourtant me réjouir de la capacité de résilience de la jeunesse qui reste fidèle à elle-même en temps de crise sanitaire, mais je ne suis décidément pas d’humeur à être indulgent envers ces gamines qui gloussent par paquets de cinq ! J’ai souvent entendu parler de ces jeunes qui ont mûri d’un trait sous l’effet de la pandémie : manifestement, je ne suis pas tombé sur les bonnes !

Vendredi 10 décembre

10h30 : Rentré du marché (où personne ne m’a fait de remarques sur mon visage découvert), je jette un coup d’œil rapide sur mes mails. En prévision de la soutenance de thèse à laquelle j’ai prévu d’assister cet après-midi, j’ai déposé devant moi, pour ne pas l’oublier, le tirage que j’envisage d’offrir au candidat. Seulement voilà : la différence de température entre l’extérieur (où il fait très froid) et l’intérieur (où j’ai peut-être mis le chauffage un peu fort) est trop importante et l’un de mes correspondants a cru malin de me rappeler la situation sanitaire, comme pour m’angoisser à tout prix. Bref : je transpire à grosses gouttes et quand je me rends compte que mon tirage est maculé de sueur, il est déjà trop tard… Je vois des cons partout, mais je ne vaux pas toujours mieux !

Le journal du professeur Blequin (183) Tous des cons, surtout moi !
14h : Début de la soutenance. Le candidat est un vieux camarade que j’ai connu en master de philo et qui s’est réorienté dans la sociologie. Le sujet porte sur les violences dont sont victimes certaines femmes de la part de leurs ANCIENS conjoints. Et oui, on n’en parle pas assez, mais la séparation n’est pas la solution miracle pour se débarrasser d’un conjoint violent : se séparer ne signifie pas forcément couper les ponts, surtout s’il y a eu un enfant ! C’est d’autant plus délicat que les institutions sont souvent complices des pères, tant le mythe selon lequel un enfant aurait forcément besoin d’un père a la vie dure – s’ils le pouvaient, les enfants de Dupont de Ligonnès en riraient jaune ! Bref, la thèse de mon vieux complice est d’utilité publique ; de surcroît, elle m’inspire quatorze dessins ! Pourquoi suis-je si sensible à ce point à la cause des violences faites aux femmes alors que je n’ai jamais été confronté personnellement à ce fléau ? Question idiote : si on n’était sensible qu’à des causes qui nous concernent directement, on ne s’intéresserait plus à grand’ chose. Cela dit, je dois admettre que ces violences sont souvent légitimées par des stéréotypes de genre dont j’ai moi-même été victime, ma masculinité ayant souvent été remise en question sous prétexte que je ne jouais pas le macho à tout bout de champ ; bref, quand j’entends dire qu’une femme serait dépourvue de force morale, il me semble réentendre ceux qui me niaient le droit à la sensibilité sous prétexte que je suis né avec un pénis… Donc, oui, la question des violences faites aux femmes me concerne sans doute plus intimement que je ne l’imagine moi-même, et il en doit en aller de même pour tous ces hommes qui ont souffert de se croire anormaux parce qu’ils ne se conformaient pas à un modèle préétabli de conduite masculine. En écrivant ceci, j’ai conscience que je tends la perche aux gros cons qui seront trop contents d’avoir une « preuve » supplémentaire que les hommes non-machistes seraient des intellectuels dégénérés que les études auraient dénaturé : tant pis, je n’écris pas pour ces blaireaux !

Samedi 11 décembre

11h : A l’issue d’une nuit peuplée de rêves bizarres, je me reconnecte enfin à Facebook. Je n’éprouve aucun soulagement, il m’est déjà plus agréable de rester déconnecté ! Comme prévu, en une semaine je n’ai rien raté d’urgent, la seule personne qui avait vraiment besoin de me contacter rapidement l’avait finalement fait par mail. J’en conclus, sans aucune surprise, que si les réseaux sociaux sont parfois utiles, ils ne sont jamais vitaux pour autant. Bref, je ne regrette pas ma décision : pour une fois que j’arrive à prendre une…


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