Par Marie-Anne Keppers dans Âme dévoilée le
Cimenter la souffrance avec les relations
La douleur est une expérience universelle ; elle fait ainsi partie de toute relation. Personne ne souffre vraiment seul et, même si vous faites tout votre possible pour souffrir en silence, vous produisez quand même un effet sur ceux qui vous entourent. La raison pour laquelle il est si difficile d'entrer dans une relation qui guérit, c'est que la vie dans notre famille d'origine a souvent exigé une bonne dose d'inconscience. Nous négligeons ce que nous ne voulons pas voir ; nous gardons le silence sur ce dont il est trop difficile de parler, nous respectons des limites même quand elles emprisonnent quelqu'un. En bref, la famille est le lieu où nous apprenons à nier la douleur. Et la douleur niée est un autre nom de la souffrance.
S'ils avaient le choix, la plupart des gens préféreraient préserver leurs relations plutôt que de cesser de souffrir. On voit cela dans les familles abusives, où les victimes ne parlent ni ne partent. (Certains Etats ont promulgué des lois obligeant la police à arrêter les auteurs de violences domestiques, sur protestation de la conjointe battue et torturée. Sans ces lois, la victime reste avec son tortionnaire dans plus de la moitié des cas.)
Une relation qui guérit est fondée sur la conscience ; les deux partenaires s'emploient à mettre un terme à de vieilles habitudes qui favorisent la souffrance. Ils doivent franchir une ligne subtile, parce que la compassion signifie que vous reconnaissez la souffrance que quelqu'un d'autre connaît aussi bien que la vôtre. Mais en même temps, il faut du détachement pour que la souffrance, si réelle soit-elle, ne soit pas la réalité dominante. Les attitudes qui contribuent à une relation de guérison font partie d'une vision de vous-même et de l'autre personne.