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1940 – Vichy. 2

Publié le 22 février 2022 par Perceval
1940 – Vichy. 2 Pétain devant l'hôtel du Parc

Les administrations ont réquisitionnés les grands hôtels. Lancelot doit fréquemment se rendre au Thermal-Palace ( rue du parc) ; et assez souvent au 4ème étage de l'hôtel du Parc.

Pierre. G. Fréquente également cet étage de l'hôtel du Parc, et surtout l'hôtel Les Célestins qui reçoit les bureaux du S.E. de L'intérieur.

A côté du Thermal-palace, qui abrite le ministère de la défense et de la guerre, se trouve l'hôtel des Ambassadeurs, autre lieu que Lancelot apprécie pour sa table, et pour son ambiance ; et pas seulement pour les trois '' jours avec '' ( avec alcool) qui provoquent de l’affluence.

En suivant les bords de l'Allier, par beau temps ; on peut retrouver une partie de la 'haute société' au bar ''Le Cintra'', où se traite toutes sortes d'affaires... Henry Vuitton, qui fréquente le lieu, va produire en série des objets artistiques à la gloire de Pétain dont les bustes officiels.

1940 – Vichy. 2
Pétain - l'hôtel Thermal

Il est frappant de voir partout beaucoup de militaires ; si nombreux, que c'est au point où ''les Ambassadeurs'' semble un mess d'officier. En général ils circulent d'un pas pressé ; on dit '' qu'ils n'ont plus une minute à perdre depuis cette honteuse défaite ''. Mais, et ils le reconnaissent, les militaires sont inexpérimentés en administration. En représailles Weygand fustige tous les parlementaires. Vichy est petit, et le lieu de toutes les rumeurs...

Très vite, chacun prend en compte l'importance que prend le directeur de cabinet de Pétain, un civil, Henry du Moulin de Labarthète. Il exprime son état d'esprit anti-allemand, son soutien à la Révolution Nationale et son rejet de la collaboration. Il va s'imposer jusqu'à contribuer directement au renvoi de Laval, ce sera le 13 décembre 1940.

Lancelot connaît, un peu et de longue date du Moulin de Labarthète, ils ont le même âge. Depuis la Faculté de droit, où il obtient sa licence en 1921. Depuis la Conférence Olivaint, où il apparaît comme un brillant débatteur, en particulier sur la question religieuse.

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à droite, Henry du Moulin de Labarthète

Lancelot s'est permis, en toute camaraderie, de l'interroger sur la légalité du nouveau régime avec quelques questions sur le rôle du parlement, sur le principe de la séparation des pouvoirs...

Moulin de Labarthète répond sur la nécessité de ce temps de transition qui résulte de la démission de Reynaud, et d'un armistice qui a empêché que « la Wehrmacht dans les huit jours, ne traverse l’Espagne, prenne pied sur la côte du Maroc espagnol, détruise en un tournemain nos divisions d’Afrique du Nord, et donne en six semaines la razzia à nos troupes sénégalaises. »

- Oui, mais Pétain n'a t-il pas outrepassé le mandat qui lui avait été donné en s’attribuant la plénitude des pouvoirs législatif, exécutif, et même judiciaire ?

- Les actes du nouveau pouvoir sont constitutionnels. Nous sommes à présent au départ d'une révolution nationale... Elle se met en marche sous l'autorité seule et entière du Maréchal Pétain. Ensuite, pour ce qui est de l'administration, elle réagit au '' principe de délégation '' qui signifie que l'administration obéit mais ne juge pas du contenu des mesures imposées.

Lancelot prend acte que le nouveau régime est autoritaire, et remplace bel et bien la République.

Le directeur de cabinet de Pétain, estime que la place d'un gouvernement est sur le sol national ; que Pétain refusera d'en faire un ''gouvernement de subordination''... Quant à la voix solitaire de De Gaulle, elle est « sans résonance immédiate. plus aisément dans l’invective que dans la persuasion. »


 

Lancelot s'intéresse à reconnaître en ville, des personnalités connues. Ainsi,Vichy a permis à James Joyce d'être logé à l'hôtel de Beaujolais, 12, rue de Paris depuis avril ; l'établissement étant réquisitionné ; il s'en est allé. Il était accompagné de Samuel Bekett. Sans-doute était-il venu visiter son ancien ami Valéry Larbaud ? C'est en France, grâce à Sylvia Beach qu'il publie Ulysse, en 1922.

Valery Larbaud est né à Vichy en 1881, il occupe un appartement au rez-de-chaussée de l’immeuble d’angle de la rue Nicolas Larbaud ( son père) et de l’avenue Victoria.

Victime d'un a.v.c. en 1935, il souffre d'une aphasie de Broca ; ses facultés intellectuelles ne sont pas altérées ; mais il ne peut s'exprimer qu'avec grande difficulté... Ce dandy, vivait de sa fortune et partageait son temps entre la lecture et les voyages.

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Jean Giraudoux

Jean Giraudoux a son bureau dans l’hôtel du Parc avec le gouvernement de Vichy en 1940 ; il avait été nommé Commissaire général à l’information par Édouard Daladier, président du Conseil; et le resta jusqu'au 20 mars 1940. Il était présent le 10 juillet, dans le Grand Casino de Vichy, pour assister au vote par l’Assemblée Nationale des pleins pouvoirs à Pétain. Depuis le 29 juin, il partage un bureau de l’Hôtel du Parc, mais il ne joue aucun rôle alors qu'il exprime sa confiance au Maréchal; il sera mis à la retraite le 21 janvier 1941.

Ses soucis sont partagés entre son fils qui a rejoint l’Angleterre et le général de Gaulle, et une ''liaison passionnée '' avec une jeune journaliste, Isabelle Montérou, qu'il a rencontré dans un studio de la radio, lors d'un entretien sur Ondine.

Ondine, est cette pièce que Lancelot et sa mère, ont vu au théâtre de l'Athénée le 4 mai. Giraudoux se demandait, de par l'actualité, si les les '' Portes de la Guerre '' allaient s'ouvrir... ( référence à sa pièce de 1935 : La guerre de Troie n'aura pas lieu, créée par Louis Jouvet.)...

Anne-Laure de Sallembier, tout comme Giraudoux le dit, a « l'âme franco-allemande ». Dans Siegfried, on retrouve le drame de ''l'homme sans ombre'' de Chamiso, que connaissent bien Lancelot et sa mère.

Les français ont vu, avec Giraudoux, s'ouvrir les ''portes de la guerre''. Il est étrange, qu'on lui offrit le contre-emploi de faire la propagande de la guerre... ! Il ne sut pas utiliser le langage simple et populaire nécessaire. Son vis à vis ennemi, n'était autre que le brutal Goebbels.

Lors de l'armistice, Giraudoux s'insurge contre la complainte pétainiste de '' nous l'avons bien mérité !'' Cependant Giraudoux hésite, Pétain du fait de son prestige peut être le bouclier attendu contre les conséquences de cette lourde défaite. Giraudoux va se réfugier dans la littérature, et exalter '' la France de l'esprit''.


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