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Frères humains en désaccord

Publié le 13 janvier 2023 par Jlk
Ok_Boomer_-1024x1024.jpg(Le Temps accordé - Lectures du monde 2023) À la Maison bleue, ce mardi 9 janvier.- Le titre de ma prochaine chronique qui sera consacrée au thème du wokisme, m’est venu tout à l’heure au petit parc voisin séparant la Maison bleue où j’ai mon camp de base des eaux vertes du lac connu pour être le plus grand d’Europe, la balade hygiénique de mon camarade chien coïncidant souvent à la survenue d’heureuses formules issues de mes premières réflexions matinales, et c’était en octosyllabes (tous les titres de mes cent soixante chroniques publiées à ce jour se donnent en octosyllabes, ont remarqué certains experts) ceci: Pour mieux comprendre le wokisme / tâchons donc de le déconstruire...C’est entendu : le verbe déconstruire fait un peu langue de bois universitaire, mais en l’occurrence le procédé sera bien celui-là : à savoir décortiquer et analyser une série de faits par l’exercice de la critique permettant de reconstituer un énoncé plus intelligible des faits en question.Autrement dit: écouter ou lire ce que disent les wokistes au lieu de couper court (genre pauvre-mec-casse-toi-point-barre) comme pas mal d’entre eux procèdent d’ailleurs avec le mâle blanc violeur potentiel et increvablement colonialiste, donc raciste et quelque part crypto fasciste, etc.Cette idée conciliatrice m’est venue à la lecture de deux livres également intéressants quoique opposés dans beaucoup de leurs positions, qui pratiquent chacun à sa façon la deconstruction. À savoir : Dysphoria mundi de Paul B. Praciado, et La religion wokiste de Jean-François Braunstein.De la déconstruction, le nouveau pavé de Paul B Preciado est,à l'évidence, un parangon, voué qu’il est, entre autres, à l'observation critique des faits et discours liés à la gestion des crises sanitaires les plus caractéristiques de notre temps, des années sida aux années covid.De son côté, le prof de philo émérite de la Sorbonne Jean-Francois Braunstein s’emploie lui aussi à déconstruire les discours du wokisme dont il scrute les tenants blacks américains et les aboutissants sectaire qui lui font entrevoir une nouvelle religion rappelant le puritanisme protestant prêcheur et rejoignant les divers intégrismes actuels.Qui a raison et qui a tort ? A qui le Bonus et le Malus, pour parler binaire , alors que Preciado autant que Braunstein prétendent chacun dépasser le binarisme ? Loin de moi l’idée de les renvoyer dos à dos ni non plus de concilier ce que je pressens inconciliable. Mais briser là ou proscrire ? Sûrement pas : mon expérience perso m’en empêche, et ce sera ma façon de déconstruire ma lecture de ces deux «frères humains» que de les confronter à mon vécu épuré de toute idéologie, si j'excepte l’esprit de mes grand-mères, la Vaudoise Louise qui était tout imprégnée d’Ancien Testament (« Vanité des Vanités »,etc.) et la Lucernoise surtout attachée au Sermon sur la Montagne du rabbi Ieshouah (« Aimez vous les uns les autres », etc), donc en deçà ou au delà, à côté ou au-dessus du patriarcat pétro-sexo-raciste (dixit Preciado) du mâle dominant portant sur lui «l’outil du viol »...De l'anecdote aux signes du tempsSouvenir perso : ce soir de 1979 où , revenant bouleversé d’une réunion de son groupe révolutionnaire LGBT avant la lettre, mon ami Ted me raconte comment filles et garçons, lesbiennes et gays, en sont venus aux cris et aux mains après que Léa (prénom fictif) eut lancé à Théo que toute discussion était impossible avec un mec portant sur lui « l’outil du viol »...C’était il y a plus de quarante ans, et voici, peu avant son suicide, ce que me répondit mon ami Roland Jaccard lorsque j’évoquai, seul à sa table, la détresse d’une jeune fille de mon entourage séquestrée et violée par le compagnon dont elle était décidée à se séparer: que bien entendu elle l’avait voulu...Alors chacune et chacun d’y aller de son anecdote, et chacun d’avoir raison, question de point de vue comme l’établit un nouveau relativisme « épistémique » qui voudrait que tout point de vue - surtout féminin - se substitue à toute vérité, fût-elle scientifique...C’est à la table quasi mythique de Roland Jaccard, au restau japonais Chez Yushi, à Paris, que j’ai rencontré Jean-Francois Braunstein, avant de lire La philosophie devenue folle où il est question , en termes négatifs, de Beatriz Preciado devenue Paul et cette sorte d’apôtre du wokisme qu’est l’auteur de Dysphoria mundi. Le terme de wokisme, au moment de ma rencontre avec Braunstein , n'était pas encore courant, mais La religion wokiste s'inscrit dans le droit fil de l'ouvrage précédent, avec le même souffle polémique explicite. Car la colère, qu'il reconnaît d'ailleurs légitime en partie, des wokistes, soulève la sienne aussi par ses excès, voire ses délires; et de même suis-je disposé à partager pas mal des colères de Preciado, en déplorant ses délires - qui sont souvent d'un écrivain de trempe, que j'apprécie - et ses généralisations tout à fait abusives, sans parler de ses visées révolutionnaires aussi chimériques que celles de mon ami Jean Ziegler communiste-malgré-tout, etc.

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