Quand j’avais 9 ans, c’était la mode des sarbacanes. On achetait des tubes de plastique rigide dans un magasin de bricolage et on y infiltrait des feuilles fripées. FFFUUUU ! Touché !
Bien avant, les lance-pierres circulaient dans les mains des polissons et des chenapans, Pan ! Quelques bobos et égratignures, un sermon les yeux baissés et retour à l’école pour étudier.
Désormais, les manifestants radicalisés, outre des cocktails Molotov, ont recours à des boules de pétanque pour attaquer les commerces et les forces de l’ordre. Ils tirent, ils pointent, bam : carreau ! Et vitrine.
Pétanque, cocktails : on serait tellement mieux au bord d’une rivière à prendre le soleil, à sourire, à laisser le temps s’écouler progressivement en écoutant de la bossa nova. Rendez la planète aux rêveurs, aux contemplatifs, aux colombes.
Alors, lorsque j’ai compris que les mortiers d’artifice étaient devenus l’équivalent des LBD (Lanceurs de Balles de Défense) pour les ultras dans les manifs, je me suis dit que le retour à l’utopisme placide avait peu d’avenir.
Comme la sarbacane, le mortier d’artifice est un tube de lancement, mais au lieu de projeter dans la nuit sereine des étoiles de couleur, des explosions pacifistes et des éclats émerveillés d’allégresse collective, dirigé à l’horizontal, le mortier d’artifice fait beaucoup moins rire. Il blesse, il agresse, il mutile.
Pire, les apprentis guérilleros, s’ils s’y prennent mal, peuvent y laisser des doigts voire, des yeux, ces prunelles fragiles qui naguère contemplaient oh ! la belle bleue dans un ciel de juillet, ces doigts qui, il fut un temps, pouvaient malaxer du papier mâché comme projectile de cour de récréation.
On ne joue plus, en joue : feu !