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L'orchestre du Titanic

Publié le 08 octobre 2008 par Ferrailleur
L'orchestre du Titanic
  Le collapsus de la finance et bientôt de l'économie mondiale ont quelque chose de fascinant : l'incapacité de nos élites et de nos médias à prendre la mesure des événements et à reprendre la main sur leur cours.

  Comme l'écrivait dernièrement Daniel Schneidermann, le ronronnement de nos médias du matin et de nos JT, avec leurs rubriques, leurs chroniques, leurs interviews, leurs pubs as usual (hier encore, une pub en boucle pour une banque promettant des rendements record pour un nouveau placement, sic !!)  est totalement stupéfiant.

   Un exemple parmi tant d'autres, la revue de presse commence hier matin sur France Inter par un sujet de la plus haute importance: les dossiers consacrés à Jacques Brel à l'occasion du 30e anniversaire de sa mort !! La veille, les bourses européennes venaient de vivre leur "11 septembre".

   En ce moment-même (9h30), ouverture du flash France Info, "une bonne nouvelle, ce matin en France: le nombre de morts sur la route baisse fortement". Alors même que la nouvelle stupéfiante du jour est la nationalisation (partielle) généralisée des banques en Grande-Bretagne, le temple européen du néo-libéralisme thatchérien !!

  Le canard a perdu sa tête mais il continue à courir comme si de rien n'était....


  A moins que....

  A moins que tout cela soit une stratégie plus ou moins planifiée. Surtout ne pas inquiéter ou affoler le citoyen ou du moins ne pas en rajouter...

  Ce qui expliquerait notamment que le mot krach n'ait été prononcé que du bout des lèvres pour qualifier la panique de lundi sur la place de Paris. Cette baisse étant un record absolu de toute l'histoire du CAC40, ce mot de "krach" aurait pourtant dû être en une et en gros caractères dans toute la presse du lendemain. Si je me souviens bien, en 1987, on n'avait pas eu toutes ces pudeurs après l'effondrement du mois d'octobre.


  Tout aussi fascinant mais plus inquiétant encore: c'est d'assister à la pathétique gesticulation des élites politiques incapables d'endiguer le flot de la crise.

   La palme (comme d'hab') à notre petit timonier qui plastronnait ce week-end flanqué du premier ministre britannique et de la chancelière allemande. Deux jours plus tard: réponse des marchés: - 9 % de baisse à la bourse de Paris. Mazette ! Quelle efficacité pour restaurer la confiance...
   Là encore, une grande partie de la presse a été lamentable, se réjouissant du volontarisme de Sarkozy, alors même que les événements actuels sont comme le dernier clou ajouté au cercueil des illusions déçues de la campagne de 2007 façon "Guaino Magic Circus", alors couronnée par cette phrase désormais culte qui clôturait le débat à la veille du 2e tour: "je ne vous mentirai pas, je ne vous trahirai pas, je ne me déroberai pas"...

   Pathétique et grotesque pantin que ce président de l'Europe, incapable de jouer le rôle historique qui lui est assigné. Il ne s'est pas dérobé, c'est le sol qui se dérobe sous ses pieds.


  Et puis, il y a tous ces acteurs du néo-libéralisme, tous ces chantres de la dérégulation, de la flexibilité, du "tout-marché". A côté d'un Alexandre Adler au culot légendaire qui continue comme si de rien n'était (maoïste avant-hier, néo-con hier, social-démocrate aujourd'hui... Il n'est plus à un reniement près, vous me direz!), voyez ces experts bafouillants, hésitants, incapables de tracer des perspectives, focalisés sur la chute des bourses, comme des lapins pris dans la lumière des phares.

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