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Nantes 1, congrès PS

Publié le 04 août 2009 par Didier T.
Nantes 1, congrès PS
Blason officiel de Nantes
Au lendemain de cette victoire municipale enregistrée dans la quasi-totalité des grandes villes de France, le parti socialiste décida de tenir son congrès dans une des villes emblématiques de la poussée d’influence constatée dans l’Ouest du pays et la Ville de Nantes fut choisie pour l’accueillir dès le mois de juin.
Ce genre de manifestation , par ses répercussions médiatiques, place la ville sous le regard des caméras et tout doit être mis en œuvre pour que celle-ci y donne la meilleure image d’elle-même. Le directeur du cabinet du maire devient le maillon incontournable de toute la logistique liée au choix des sites et des évènements qui s’y déroulent.
Situé au bord de l’Erdre, une des plus belle rivière de France, le Palais des Expositions s’imposait pour accueillir le congrès, mais afin de mieux faire connaître les richesses de la cité, une soirée culturelle fut organisée dans un bâtiment de l’Ile Baulieu, sur la Loire, qui symbolisait, par sa construction toute de métal et de verre, la modernité de cette ville.C’est au cours de cette soirée que fut présenté le nouvel hymne du PS, "Ici et maintenant', composé et présenté par Mikis Théodorakis, alors que dans la tribune, aux côtés de Mitterrand, un nouveau venu dans la politique européenne, qui avait été accueilli sous les vivas du congrès l’après-midi même, assistait tout sourire au spectacle, c’était la première sortie officielle de Felipe Gonzales, président du PSOE, parti frère qui la veille, dans une Espagne fraîchement libérée du franquisme avait terminé second d’une compétition législative majeure laissant augurer de futures victoires historiques.
Venu en voiture de Paris, et ne trouvant pas son chemin, j’étais allé le récupérer dans une station service de Nantes pour le conduire au congrès où il n’était pas prévu qu’il assiste, les élections espagnoles ayant eu lieu la veille.
C’est une salle debout chantant l’Internationale et applaudissant à tout rompre qui le reçut. Quand, prenant la parole, dans un discours improvisé, il nous dit que sa présence ici, parmi nous, était inéluctable car constituait en quelque sorte un remerciement pour l’aide que lui et ses compagnons exilés avaient reçu de tous temps de la part de leurs camarades français, c’est les larmes aux yeux que les délégués lui témoignèrent leur sympathie militante. Vivre ces moments exceptionnels, dans la ferveur et l’émotion, voilà qui augurait bien de mes futures responsabilités nantaises !
La commission des résolutions, autre moment clef d’un congrès socialiste, là où se choisissait une majorité pour les années à venir et qu‘entre nous, nous appelons "nuit des longs couteaux", était prévue dans la grande salle du Conseil Municipal la mairie centrale, lui donnant ainsi un lustre, une patine, un décorum imposant et bienvenu.
Après cette grande razzia parmi les grandes villes, les esprits étaient au beau fixe et la seule question qui se posait était de savoir si, confortée par ces victoires, la majorité organisée autour de Mitterrand depuis le congrès d’Epinay serait reconduite et surtout si les signataires de la motion du CERES, dirigé par Chevènement, Lainiel et George Sarre, s’y associeraient.
Chaque motion disposait d’une salle où ses signataires pouvaient se réunir afin d’arrêter leur position et les points forts qu‘ils souhaitaient voir repris dans la motion finale du congrès.
La salle réservée au CERES jouxtait un bureau du cabinet où je me glissais, afin, de surprendre, les oreilles collées au mur, la stratégie de négociation arrêtée par ce groupe turbulent.
Bien vite, je me rendais dans la salle de séance plénière où siégeaient Mitterrand et Alain Chenard pour leur annoncer que, quelque soit le nombre de postes qui leur seraient offerts au sein du Secrétariat National, les membres du Ceres avaient décidé de se constituer en minorité, espérant plus tard en tirer avantage.
Mitterrand, dûment chapitré, avec un malin plaisir jouant au chat et à la souris, fit traîner en longueur cette commission, faisant valoir aux récalcitrants tout ce qui leur échapperait comme possibilités d’exister et de peser réellement sur les futurs débats, notamment ceux à venir avec les autres partis de gauche dont il fallait tactiquement préserver l‘unité.
A l’aube de ce dimanche, le désaccord fut entériné et la réunion plénière de fin de congrès qui en prit acte se termina au son du nouvel hymne des socialiste.
Tout le monde avait quitté l’immense hall et Mitterrand était resté avec les militants nantais qui avaient travaillé des semaines durant pour la réussite de la manifestation.
C’est ainsi qu’une dizaine de personnes parmi lesquelles, José Dayan, Alain Chénard, Roger Farjardie, attablées autour du Premier Secrétaire purent recueillir des heures durant ses souvenirs de jeunesse, de la guerre, des camps nazis, de ses évasions et des assauts dont il avait fait l’objet de la part d’une droite qui ne lui pardonnait pas, lui qui avait été élevé chez les Jésuites, d’avoir choisi la gauche pour emblème et l’union de la gauche comme moyen d’accéder à la magistrature suprême.
Passionné, subjugué par la verbe et les talents de conteur du personnage, je buvais ses paroles, persuadé d’assister là à un de ces moments précieux car trop rares, celui du relâchement, de la confidence, du partage; ce qui chez lui n‘était guère courantPublié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu

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