Magazine Journal intime

Zéro deux.

Publié le 28 juillet 2010 par M.
Zéro deux.Les quais de gare possèdent cette incroyable particularité d'être à la fois grouillants et vides. Il arrive des choses très étranges avec une blouse blanche sur le dos, quand vous nettoyez des flaques de pisse et bordez de la chair usée ; parfois, vous ramenez cette toute petite vieille, si fine qu'elle pourrait s'envoler dans un courant d'air, jusqu'à son lit qu'elle a encore perdu - et elle vous est si reconnaissante que vous avez la sensation d'être un héros, et vous vous sentez aimé comme le fils prodigue, et tout ça pour quoi, pour trois fois rien.
Plus tard, vous renfilez votre vraie peau, derrière les portes de l'unité zéro deux et du vestiaire orange, et la réalité vous saute à la gorge : la simplicité, ça n'existe plus. Tout le monde fait des nœuds avec les sentiments. La spontanéité touchante et pas niaise pour un sou voyez, elle a clamsé. C'est de la faute à personne. Mais vous pourriez bien avoir envie de dire je t'aime à tout le monde, et vous le ferez pas : c'est has-been.
Alors vous vous sentez juste triste et con, parce que c'est nous les moins humains. Parfois quelqu'un crie mais c'est jamais vous.
Et vous partez vous coucher sans manger.

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