Magazine Journal intime

You have no idea.

Publié le 30 novembre 2010 par M.
Comme je ne dis rien, on m'invente des secrets, et quand je me tire ce sont les murmure qui grandissent pour répandre l'idée que, sans doute, j'ai trouvé où crécher et je ne veux pas que ça se sache. Les filles me parlent comme si ça les faisait baver de joie l'idée de me voir aimer quelqu'un mais j'ai rien à leur refiler, leurs mâchoires broient du vide, je dors avec trois oreillers un pyjama, un pull et un bonnet et c'est pas si terrible tu sais, la solitude, ça glisse tout seul au fond du gosier. Je prends toute la place avec moi même et j'ai toujours la couette. Depuis octobre j'ai presque plus jamais envie de me pousser sur les côtés. Je raconte à la blonde en bavant du brouillard, c'est enfui depuis un bail mais j'ai laissé filer le chagrin aussi c'était franchement infect, je souris dans le froid épais quand mon portable vibre et je souris encore pour les laisser penser que j'ai réellement des choses à cacher. Je découpe un carré pour réparer une main, j'arrache un doigt pour combler un vide, c'est à ça que j'occupe mon silence tu vois, rien d'extraordinaire, on est bien d'accords la couture c'est pas mon rayon mais c'est pas la question. J'ignore les questions, majoritairement. T'as vu comme c'est petit le chas d'une aiguille ? C'est ténu et solide, ça te rappelle rien. Comme l'hiver s'assoit lourdement sur les genoux des mioches, la cohorte sauvage s'ébranle, grince des mâchoires en direction du cœur, migre du banc jusqu'à la bouche d'air tiède. Je me retrouve à peser mon reflet sur des vitres où l'humidité dégouline, l'oreille sourde, je me retrouve accrochée quand le vertige me chope et c'est ça qui les fait causer, les braves gens. Comme les feuilles se craquèlent et les poupées perdent la tête je continue de me taire dehors et d'apprivoiser l'électricité au fond de la cave. Je m'habitue à ne ressembler qu'à ça. Mais fais moi plaisir, dis moi que des fois, je suis jolie quand même.

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