Magazine Journal intime

Une vie

Publié le 10 janvier 2008 par Stella

Titre ambitieux, les amateurs de Maupassant ne peuvent oublier le roman éponyme, paru en 1883, tragique et bouleversant. Les mémoires de Simone Veil parues sous ce titre fin octobre 2007 ne sont certes pas à la hauteur du roman mais elles restent intéressantes en ce qu’elles nous remettent en mémoire quelques périodes de l’histoire de la Vème république.

Le livre commence, bien sûr, avec l’enfance de la narratrice, vite rattrapée par l’Histoire avec un grand H. Dès le départ, on peut regretter une absence de contextualisation du récit. Il eut été intéressant de décrire l’époque plus largement qu’à l’aune que la simple histoire familiale. On devra donc s’en contenter et faire appel à notre propre culture pour se sentir en empathie avec la jeune Simone Jacob déportée à Auschwitz-Birkenau. Ah, qu’eut donné sous la plume de Varlam Chalamov la “marche de la mort” subie par les déportés lorsque les Allemands fuyaient devant les armées alliées ? De toute évidence, Simone Veil ne parvient pas à trouver les mots adéquats et peine à faire partager à son lecteur l’épouvantable souffrance de milliers de malheureux, dont elle était, poussés sur les routes et marchant jusqu’à l’épuisement.

Nulle empathie non plus entre la lectrice et cette technicienne, mandatée par le président Valéry Giscard d’Estaing nouvellement élu pour résoudre le problème des avortements clandestins. On est davantage convaincus par les arguments qu’emportés par les convictions de cette femme, ministre jusqu’au bout des ongles. Le style de son discours devant l’Assemblée nationale le 26 novembre 1974, à la suite duquel les parlementaires devaient accepter de légaliser l’avortement, est exactement semblable à celui de 1979, prononcé le jour de son accession au poste de président du Parlement européen. On ne saura donc rien sur les coulisses de l’exploit. Rien non plus sur la vie familiale, alors qu’il n’est tout de même pas banal d’avoir la carrière que l’on sait, un mari qui dirige une grande entreprise et trois jeunes garçons.

Pourtant, paradoxalement, on referme le livre sur un sentiment d’admiration. On peut n’être pas du même bord politique, l’indépendance d’esprit de cette femme force le respect. Elle n’hésite d’ailleurs pas à décocher quelques flèches bien acérées sur ses camarades en politique et le récit de son passage à l’UDF ne manque pas de sel. Alors oui, c’est un livre intéressant.


Retour à La Une de Logo Paperblog