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On en retrouve dans une maison

Publié le 20 mars 2013 par Paumadou

Mercredi 20 mars 2013

On en retrouve dans une maison

Le morceau manquant du puzzle de l’armoire du 2ème étage était dans le placard de l’entresol, derrière un tas de cartes michelin.

Le pèse-sirop était dans le bureau du rez-de-chaussé, coincé entre le mur et la planche du matériel photo.

Le couvercle du pot en étain de l’étagère du salon (celle à droite de la cheminée) était au deuxième, dans le premier grenier, au fond d’une valise héritée de l’arrière grand-mère.

Le moulin à café électrique était également dans le premier grenier. Un autre, cassé, était au même étage mais dans l’étagère à bouquins de la chambre du bout.

Le certificat médical de l’accident de mobylette de 1928 était dans une pochette papier entre deux cours de philologie.

La cassette vidéo du concert du nouvel an 1995 était dans le placard de la petite chambre du premier.

Des draps par dizaines, des nappes aussi, des serviettes brodées à des initiales quasiment oubliées datant du début du siècle dernier, peut-être même avant. Des mouchoirs, des bouts de tissus, des sachets plastiques,  dans chaque placard de chaque pièce.

Le canevas des Bourgeois de Calais était entre deux bouts de dentelle, personne n’en a voulu.

Les tupperwares ont presque tous leurs couvercles, les théières aussi.

Les vases les plus laids étaient cachés dans le vestiaire, les autres étaient sur le meuble haut de la cuisine. On ne les voyaient même plus.

Des collections de boîtes, de sachets, de sacs, d’oeufs, de pierres, de timbres, de pièces et de billets.

Une demi-dizaine d’appareils enregistreurs avec leurs micros, de toutes époques ou presque, le poste à galène, le meuble radio. Des centaines de cassettes audio.

Rien n’existe à l’unité : la machine à tricoter est en double,  de même que le rouleau à repasser les draps ou le carreau à dentelle; les métiers à tisser sont au nombre de trois, les machines à coudre aussi, peut-être même plus; les paires d’yeux d’oursons en peluches étaient attachés ensemble par centaine. La poussière s’entasse partout à la tonne.

A chaque meuble, à chaque pièce, à chaque étage, on croit en avoir fini. Puis on passe au suivant et tout recommence. Près d’un mois et la maison semble toujours aussi pleine.


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