Magazine Journal intime

J'ai écrit, je t'ai écrit, je t'ai beaucoup écrit tu ne m...

Publié le 09 juillet 2013 par M.
J'ai écrit, je t'ai écrit, je t'ai beaucoup écrit tu ne m'as jamais répondu, peut être parce que tu n'as plus d'yeux. Je suis bientôt vivante, j'ai bientôt survécu, la chute est quasiment refermée. Bientôt, nous aurons gagné. Et tu pourras rester assis là sur mon épaule droite à battre la mesure. Toujours. J'ai fumé trop de cigarettes et je les ai toutes pleurées, j'ai changé, j'ai beaucoup changé sans jamais pourtant me perdre de vue, en dents de scie, j'ai beaucoup cherché, j'ai couru, j'ai compté mes bleus en silence, les lèvres rongées par le mouvement incessant de mes dents sur l'arrête des mots qu'on ne voulait pas dire. Un jour, j'ai décidé de tout raconter, ça n'a rien fait du tout sinon me faire passer très vite de la perplexité à l'indifférence, je perds instantanément la possession des émotions en les dévoilant. Je me suis enroulée dans toutes les écharpes que j'ai pu trouver, j'avais vraiment très froid, maintenant j'ai vraiment chaud mais il se trouve que ton rire résonne mieux dans la canicule, je traverse les époques avec la facilité de ceux qui n'ont jamais remarqué que ça ne se faisait pas, je n'ai pas oublié tu vois, pas encore, ça viendra. Le vent n'est pas régulier mais la guerre, elle n'aime pas la chaleur, je te l'ai sans doute déjà expliqué. J'ai passé la main dans des cheveux moins longs, c'était un peu piquant, j'ai été moins triste, j'ai regretté de ne pas t'avoir volé une mèche, une boucle façonnée par tes doigts angoissés ou bien gênés ou bien contents, mais ça n'a duré qu'un instant, c'est ta mère finalement qui les a toutes gardées, j'ai pas voulu faire pareil, ça manquait d'originalité. Je ne t'ai volé qu'un geste anodin. Je me suis aperçue plus tard que c'était souvent comme ça dans la mort ; banal. La nervosité à commencé à me ronger derrière les oreilles, puis ça s'est étendu dans le plexus solaire et dans mon ventre que je ne pouvais toujours pas regarder mais j'ai appris à m'asseoir en attendant le calme après les attentats. J'ai pensé que c'était bientôt la fin de quelque chose, qu'on allait enfin pouvoir se foutre la paix et s'aimer tranquillement, enfin quelque chose comme ça, ce sera différent je sais, je n'ai jamais exactement raison, quand je ne peux pas connaître la vérité je suis bien obligée de broder pour ne pas perturber l'équilibre de ma précieuse construction mentale. J'ai arraché tout un champ ou presque, un petit morceau de champ, dans un mouvement de rage, un mouvement très désordonné de protestation, on pourrait dire désarticulé, bien sûr j'aimerais te revoir mais c'est trop dangereux d'y penser, j'ai hoqueté sous le soleil brûlant puisque j'avais de nouveau oublié d'où viennent les larmes, oh, c'est mieux comme ça, c'est moins salissant, je raconte l'histoire dans l'ordre décroissant puisqu'il faut toujours garder le meilleur pour la fin. Le soleil s'est levé, on m'a donné une fleur et je l'ai rangée dans une bouteille en plastique vittel où bizarrement elle n'est pas morte et ça, ça m'a fait vraiment plaisir.

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