Magazine Journal intime

Beached

Publié le 28 juin 2008 par Gaspard_w

plane

"You hope, and you dream but you never believe that
something is going to happen for you, not like it does
in the movies, and when it actually does, you expect to
feel different, more visirale, more real.
I was waiting for it to hit me."

C'est sans doute la perspective de mon passage à Paris qui m'a donné envie d'écouter

Heroin. Ca faisait longtemps que je n'avais pas mis de musique, ça faisait longtemps

que je n'avais rien écrit. Je n'ai pas trouvé de fond musical en adéquation avec le décor

ambiant. A ces paysages de carte postale je n'associe que le silence entre deux vagues.

Sans musique je n'écris pas. Mes élucubrations nombrilistes nécessitent une bande originale.

Ce soir, j'aurai quelques mains à serrer, je dirai "santé" dans cinq ou six langues différentes

mais dans la vodka je n'aurai que la fatigue à noyer. L'avion mis à part, dans ce départ, rien

ne me fait peur.

On a parfois quand on voyage une nostalgie des pays que l'on laisse derrière soi, l'impression

de les quitter sans tout avoir saisi, l'idée qu'il restait des choses à voir. Aux Maldives on a vite

tout compris.

J'ai eu la sensation en arrivant ici de plonger dans une carte postale, de traverser une couche

de papier glacé pour atterrir dans un pays en pause. Des paysages à la perfection ennuyeuse,

des sourires figés, un bonheur constant. Un univers où rien ne se passe, où rien ne bouge. Du

sable et une mer bleu turquoise, un soleil écrasant et le va et vient des silhouettes touristiques

de passage au paradis. Voyages de noces, couples en retraite.

Sur mon île, les enfants sont interdits, c'est paraît-il la condition sine qua non d’une détente

absolue. C'est pour laisser le temps aux jeunes mariés de rêver encore un peu, loin des

réalités de la suite de leur histoire.

On a mis de côté la tristesse et le bruit, on a fait du sourire une religion au nom du dollar

occidental, on dit que tout va bien, on y croit même. Rien n'est moche, tout va bien, quoi

qu'il arrive tout va bien, tout le monde passera de bonnes vacances.

Les Maldives c'est un bonheur light, la perfection sous édulcorant, c'est le repos de l'esprit

jusqu'à l'abrutissement complet. Et quand je cite Orwell, quand je parle de Brazil, personne

ne comprend. Dans l'utopie il n'y a pas de place pour la remise en question.

Sans doute que pour des vacances c'est parfait. Pour quelques jours ça paraît bien. Tout est

très beau et le beau, à petites doses, c'est parfait.

Pour citer une jeune fille que j'aime bien mais dont je réprouve les goûts en matière d'hommes

(sans oublier de m'inclure dans le lot) :

"les Maldives sont un pays vide et rempli de belles choses.... il ne s'y passe rien..."

Partir était nécessaire.

J'ai seize mille kilomètres à faire, ce qui représente une bonne dizaine de plateaux-repas,

de jolis cernes et quelques crampes. C'est le prix à payer pour rejoindre le Mexique, pour

échanger mes vodkas orange, mes long island ice tea contre des poignées de sel, des quarts

de citron et des verres glacés remplis de tequila white qu'on boit pour l'ivresse en sacrifiant

le goût. Je vole vers Cancun. Ca fait sourire mes amis masculins, on me dit que j'y baiserai

beaucoup. J'en doute, j'ai bien peur que mon dégoût prononcé pour les imperfections pratiques

du corps humain m'en empêche. A défaut, j'aimerais m'y amuser beaucoup.

Je continue mon trajet, sans but, je voyage en dérive. Comme tous ceux de ma génération,

j'ai cette impression d'être né trop tard, que tout est déjà fait, j'évolue avec cet ennui classique

de l'enfant trop gâté. Alors j'attends, sur les routes, qu'il se passe quelque chose ou, qu'à force

de marcher, dans mes trajets, se dessine une histoire. J'essaie de vivre avant d'avoir vécu et

comme le temps passe très vite je prends beaucoup d'avance.

Maj : Un peu de retard dans l'envoi de ce texte, je suis au Mexique depuis une semaines.


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