Il y a longtemps de cela, je vivais loin.
Je pensais que le monde était peuplé de mes reflets, fait de chair et de sangs. Mon univers me semblait trop petit, alors je décidais d’aller au bout du monde. Doucement, j’avançai à travers la forêt dense.
Bientôt je me retrouvais harnaché et casqué, propulsé dans l’espace. Je contrôlais enfin ma destinée du bout des doigts, appuyant sur divers boutons colorés, comme on me l’avait montré, je m’enfonçais de plus en plus loin là-bas.
Je croyais à ma destinée, aussi immense que l’espace autour de moi.
Pourtant, il n’y avait rien. Je m’en aperçu trop tard. Je m’enfonçais de plus en plus loin et ne trouvais que des cailloux morts et froids. Plus de voix, que du silence. Rien de rien.
Quand je suis enfin rentré, tout avait changé. Ou était-ce moi qui avait changé ? Peut-importe, je ne reconnaissait plus le monde que j’avais laissé . Mes reflets de chair et de sangs n’étaient plus que des mannequins de grands magasins. Où étaient donc partis tous les gens ? Voilà la question que je posait aux immenses tours de béton et de verre. Longtemps je cherchais où ils étaient passés, en vain.
Je déambule maintenant au milieu des danseurs colorés qui n’arrêtent plus de danser. Mon blouson arbore toujours l’écusson aux couleurs passées représentant les étoiles. Symbole désuet et risible je sais, mais c’est la seule chose qui me reste de ce passé.