(Ma Carte d') Identité Nationale

"Les Représentants du Peuple Français, constitués en Assemblée Nationale, considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des Droits de l'Homme sont les seules causes de malheurs publics et de la corruption des gouvernements [...]" Préambule de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen du 26 Août 1789Article 9 alinéa 2 de la Convention Européenne de Sauvegarde des Droits de l'Homme et des Libertés Fondamentales du 3 septembre 1953 (La France a été condamnée par La Cour Européenne des Droits de l'Homme à maintes et maintes reprises...)
La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire
l'objet d'autres restrictions que celles qui, prévues par la loi, constituent
des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité
publique, à la protection de l'ordre, de la santé ou de la morale
publiques, ou à la protection des droits et libertés d'autrui."
Le dégout. C'est bien la seule émotion que je ressent à écouter le débat sur l'identité nationale.Le 9 décembre dernier, notre président a réouvert cette question aux allures peu reluisantes.
Pourquoi? Serions nous en train de perdre notre identité? La France serait elle en train de se délayer au profit de cultures étrangères?
Je considère ce débat comme étant tout simplement absurde, car il n'y a pas de réponse à la question: Qu'est ce qu'être Français? Tout comme il n'y a pas de réponse à qu'est ce qu'être un bon catholique, un bon juif, un bon musulman.
Comment le définiriez vous? Pourrait on le réduire à l'appartenance à un groupe ethnique, géographique, culturel?
Serait-ce la pratique de certains rites, d'une pensée, une solidarité intestine?
Serait-ce un but, une voie privilégiée ou même un une aspiration commune?
Cela ne rime à rien.
L'identité, notre définition métaphysique, a toujours été et sera toujours l'inconnue de notre vie. Le facteur X en mathématiques.
Qui peut prétendre définir l'identité Française? Qui a le culot de prétendre détenir une vérité absolue, quand bien même une telle chose ne peut par nature pas exister de manière constante.
Pensez vous que la façon dont nous pouvons définir aujourd'hui le Français est la même si nous revenons un siècle en arrière? Surement pas. L'identité d'une personne, si jamais elle peut être définie n'est pas stable, elle n'est pas figée dans le temps. De même, l'identité d'un pays n'est pas une donnée qui transcende le temps.
Les sociétés évoluent aussi vite que les gens évoluent.
Hier nous étions la patrie X, aujourd'hui nous somme devenus quelque chose d'entièrement différent.
Et ces changements accélèrent. Au début du XXème siècle, les Etats Unis avaient codifié des lois racistes, et pourtant moins d'un siècle plus tard ils élisent un noir.
Pourquoi ce revirement digne d'un schizophrène? Car les sociétés évoluent aussi vite que les gens: La démocratie au profit de la démographie.
Pour en revenir à la sotte question de l'identité nationale, sachez que notre président l'a bien évidemment recadré au cas de l'Islam. Nul besoin de vous dire que l'Europe est en proie au phénomène mondial de l'Islamophobie, qui en Suisse s'est traduit par un référendum sur les minarets. Savent ils au moins ce qu'est un minaret?
Certes, il se trouve à l'épicentre d'un lieu de culte, mais cela s'arrête là.
Au delà, un minaret n'est autre chose qu'un fait architectural. Pire encore, ce n'est pas un signe ou un symbole, c'est simplement un élément de pragmatisme, qui facilite pour un imam l'appel à la prière. (chose qui n'est d'ailleurs jamais faite, par courtoisie au voisinage) L'homologue en taille réduite du minaret, c'est l'escabeau de chez Ikea. Pourquoi en a t'on peur? Car il est visible, et cela gêne.
M. Sarkozy a déclaré qu'il ne voulait en aucun cas stigmatiser la communauté musulmane, mais qu'il était contre l'ostentation et la provocation. Comme l'a très bien dit un député: Qu'il se rassure, ce n'est pas demain que vous allez voir un Imam porter un Rolex et augmenter la quête de 140%, ce qui confirme le mauvais goût prononcé quant au choix de mots.
Et les Eglises ne sont elles pas des signes ostentatoires, à sonner toutes les heures de la journée? Oui, je suis bien d'accord que la civilisation chrétienne a laissé de profondes traces sur notre société, mais notre civilisation change. Elle évolue, tout comme notre identité. La France contemporaine est une effervescence de diversité et nous devrions nous en réjouir. La nature serait elle la splendeur qu'elle est si elle n'était que monochromie constante?
Vouloir maintenir une "France Chrétienne", c'est ça le communautarisme, c'est ça le ghetto.
Les Normands, les Parisiens, les Lyonnais, Les Arabes, les Musulmans, les Africains, les Asiatiques, les Juifs et tant d'autres, c'est la France. C'est notre vie. C'est un fait indéniable, irréfutable et irréfragable. Si vous cherchez notre identité, elle se trouve parmi eux. Et si c'est dans leur sein qu'elle se réfugie, nous ne pouvons pas les écarter sous peine de fratricide.
Je rajouterais qu'il y a, entre le mauvais goût et le xénophobie manifeste du débat, un arrière goût de mauvaise foi.
Si notre président est si préoccupé par le délayage de notre identité, alors il fera tout pour sauver les musées qui abritent les objets les plus précieux de notre patrimoine. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Le centre Georges Pompidou de Beaubourg va devoir mettre en place un plan social et miser sur les grands artistes, des valeurs sûres, au détriment d'expositions indépendantes, faute de moyens. Le Louvre est forcé d'ouvrir une annexe à Abu Dhabi et expatrier des œuvres d'art, faute de moyens.
L'identité nationale, laissez moi rire. Pendant que nous y sommes, pourquoi pas un référendum national sur le sens de la vie? Nous n'avons aucune certitude dans la vie, hormis les lois de la nature et les impôts (un pléonasme si jamais j'en ai vu un). Pour le reste, je vous réfère à mon ami Socrate: Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien. Et croyez moi, c'est pas demain que l'on va deviner.