Coton, le petit nuage blanc

Il était une fois un petit nuage blanc. Il était solitaire et ne voyageait qu'en compagnie du vent. Ils avaient en commun le gout pour les excursions, et finalement, étaient devenus inséparables.

Le vent aimait beaucoup faire des plaisanteries. Parfois, il soufflait délicatement sur son compagnon lorsque celui-ci dormait tranquillement au dessus d'une ville trop ensoleillée
Pfffffffff... pffffffffff...
et puis il poussait des hurlements terribles afin de le réveiller en sursaut
Houuuuuuuu... houuuuuuu...
Le petit nuage ouvrait alors de grands yeux effrayés et le vent se réjoussait à l'avance de voir sa tête. Il disait :"Hé petite boule de coton, tu as assez dormi fainéant ! Réveilles-toi et admires mon oeuvre ! Et il riait en soufflant très fort sur les gens et en particulier sous les jupes légères des passantes dans les rues.

Le nuage riait alors de la blague du vent : Je rêvais de toi ami justement". Ils riaient tous les deux si fort qu'ils en pleuraient de rire. Les gens couraient se mettre à l'abri de la pluie qui tombait précipitamment. Ils prenaient des airs attristés par l'évènement. Ils disaient :" Ha la la ! Quel sale temps" !

Puis les deux compères reprenaient leur route vers de nouvelles aventures.
Le vent demanda alors au nuage "Hé l'ami ! Cela te dirait d'aller en Afrique et de traverser le désert, histoire de faire un peu d'exercice avec une grosse tempête de sable ? Allez, viens donc avec moi, c'est drôle de glisser sur les dunes, tu verras ! Le petit nuage ne se fit pas prier longtemps. Il accepta tout de suite l'invitation. En chemin, ils parlèrent de leur vie et du bon vieux temps.
Lorsqu'il furent arrivés au dessus du désert du Sahara, le vent retrouva tous ses amis les autres vents. Ce fût un beau moment joyeux de retrouvailles et présentations furent faites immédiatement. " Nuage, je te présente Alizée, ma très chère et douce amie. Voici Mistral, mon vieux camarade. Voilà Vent de l'Est et Vent du Nord. Bien... Tout le monde est là, que la fête commence dit-il en riant ! Tiens toi à l'écart et admires faire les grands !"...
Puis du haut de la plus grande des dunes, Alizée s'est mise à glisser la première, telle une enfant sur un toboggan, tout en riant et en soufflant très fort. Des notes de musique se sont alors échappées du coeur de la dune lors de la glissade. C'était merveilleux à entendre, comme un hommage à la terre.
Le petit nuage, subjugué par tant de beauté, criait : "Bravo madame Alizée, bravo"...
Puis ce fût au tour du majestueux Mistral. Il prit une longue inspiration et pfffffff souffla à perdre haleine en riant de tout son saoul et en glissant tel un champion de ski. Des notes de musique les plus enchanteresses montèrent jusqu'aux cieux. Les autres autour de lui riaient et applaudissaient "Bravo, bravo"...
Le petit nuage ne put alors retenir ses larmes tellement il était ému.
Puis ce fût le tour de son ami le vent farceur. Il prit une énorme inspiration et pfffffffff souffla en direction des autres vents.
Le sable volait en poussière d'or au dessus de toutes les têtes et on ne voyait plus rien. Quelle pagaille !
Le nuage avait les yeux plein de sable. "Aïe, aïe, ça pique disait-il en pleurant. Ses larmes arrosaient en même temps le sol très sec dans cette région où il ne pleut jamais. Ce fût une bénédiction pour ce coin de terre si aride.
Le vent reprit son souffle en gonflant ses poumons au maximum puis il souffla sur la dune tel un maître verrier, puis, se laissa glisser en fermant les yeux. Jamais plus célèstes notes n'avaient été entendues jusqu'alors. Tout le monde applaudit le vent et son ami le nuage pleurait, encore sous le choc de l'émotion.
Puis est venu le moment de la séparation. Les adieux fûrent brefs mais chaleureux et chacun reprit sa route.
Depuis ce jour, un superbe oasis de verdure s'est élevé dans ce coin de désert, comme un  hommage au ciel....