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Une reforme congolaise peu democratique…

Publié le 16 janvier 2011 par Neoafricain

Drapeau de la République démocratique du Congo

On apprend cette semaine que le Président Joseph KABILA, au pouvoir à Kinshasa depuis 10 ans dont 6 pendant une guerre civile très meurtrière, a fait voter une nouvelle loi électorale. Il faut savoir que cette réforme intervient à quelques mois de la fin de son mandat et que celle-ci n’a été approuvée que par les Parlementaires de sa majorité, tous les Députés et Sénateurs de l’opposition. Mais à la rigueur, ce n’est pas le plus grave. C’est son contenu qui doit attirer l’attention. Désormais, donc, la République démocratique du Congo n’organisera plus de deuxième tour pour son élection présidentielle. Quelle régression démocratique ! Ce pays immense (quatre fois plus grand que la France) composé de dizaines de tribus réparties dans 11 provinces très indépendantes entre elles, de plusieurs langues nationales, en proie aux velléités de ses voisins angolais, soudanais, rwandais, etc. ; bref, ce pays-continent qui est riche de ses ressources comme il n’est pas permis, mais qui peut éclater à tout moment, pourra donc avoir un Président élu avec uniquement les voix d’une ou de deux provinces…

Dommage que les leçons des autres processus électoraux en Afrique ne servent pas. Dans un tel pays, au contraire, il fallait mettre en place des mécanismes électoraux qui favorisent des alliances entre provinces et qui permettent à l’opposition de s’exprimer. Au contraire, si mon raisonnement est le bon, la nouvelle réforme conduira le Président sortant à se concentrer sur deux ou trois provinces et de tout faire pour diviser ses adversaires pour qu’il y ait au moins trois candidats majeurs face à lui. Les Opposants quant à eux stigmatiseront au maximum les provinces acquises au Chef de l’Etat, contestant à l’avance celui qui sera élu par une minorité territoriale et démographique. Pourtant les leaders africains d’aujourd’hui doivent comprendre que c’est la présence d’une opposition politique crédible qui légitime leur pouvoir. Il est vrai que la guerre civile qui a sévi dans ce pays au début de ce millénaire, peut conduire presque toute la classe politique congolaise devant la Cour Pénale Internationale. C’est certainement une des motivations de cette réforme électorale…

A écrire ces lignes, je me rends compte qu’il n’y a vraiment rien de nouveau sous le soleil africain : le pouvoir en place qui se replie sur son ethnie et qui cherche à détruire son opposition. Et en conséquence : à chaque fin de mandat du Chef de l’Etat, il y a la perspective non pas d’une alternance, mais d’une révolution. Et je crains hélas, que ça se produise aussi dans ce beau pays.


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