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Lectures de l'éléphant

Publié le 26 janvier 2011 par Jlk

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À La Désirade, ce 16 janvier 2011. – J’amorce aujourd’hui ces Lectures de l’éléphant, dans lesquelles je vais consigner toutes mes notes de lecture relatives à des essais contemporains importants. Les deux penseurs indépendants que sont à mes yeux René Girard et Philippe Muray conviendront le mieux à l'amorce de cette démarche, auxquels j’ajouterai Dante dont je vais poursuivre la lecture, Walter Benjamin, Peter Sloterdijk, Jean Baudrillard et ces anciens bons maîtres que m’ont été un Léon Chestov ou un Gustave Thibon, notamment.

Pourquoi commencer avec René Girard et Philippe Muray ? Parce que je me sens bien dans leur prose respective. Je les apprécie d’abord comme écrivains, ensuite pour leur pensée. Tous deux sont de remarquables lecteurs du monde, le premier m’apprend beaucoup en matière d’anthropologie, et confirme maintes intuitions personnelles, et de Muray j’aime la vivacité de l’observation directe et l’art de la pointe ou de la flèche, l’insolence et même l’agressivité qu’il pratique sans trop de précautions. La gaieté de René Girard me rappelle Vialatte, et la lutte contre la jobardise propre à Muray n’est pas loin non plus du cher Alexandre, qui dirait qu’en somme tous deux sont comme l’éléphant : globalement irréfutables…

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René Girard. De la violence à la divinité. Grasset, 1487p.

Préface

- Le recueil contient les quatre premiers livres de RG.

- Mensonge romantique est un essai de littérature comparée.

- La violence et le sacré une approche des religions archaïques.

- Des choses cachées une enquête sur les sources du christianisme.

- Le Bouc émissaire une prolongation de cette enquête.

- Le thèmes qui relie ces livres est le rapport liant la violence et le religieux. - Dans la perspective de l’hypothèse mimétique.

- Mensonge romantique et vérité romanesque achoppe au désir mimétique.

- Il interroge cinq grands romanciers européens très différents les uns des autres mais qui traitent le désir mimétique de façon confluente : Cervantès, Flaubert, Stendhal, Dostoïevski et Proust.

- Plus tard, il appliquera la même approche à la tragédie grecque et à Shakespeare.

- Pour expliquer le désir mimétique, RG revient sur la scène emblématique de L’Enfer de Dante, impliquant Paolo et Francesca, les deux amants qui craquent en lisant le récit de Lancelot.

- Leur baiser est interprété comme un acte spontané par le lecteur romantique.

- Alors que Dante devine son caractère mimétique.

- RG pense que le désir mimétique est plus fort que le désir spontané.

- Le désir mimétique, ou triangulaire, ou médiatisé, fait référence à la notion de médiation fixée par Hegel.

- C’est plus qu’un besoin ordinaire : un fait essentiellement humain qui désigne un manque d’être, une insuffisance ontologique.

- Le manque peut-être compensé par une imitation, d’où l’importance du modèle.

- On commence par imiter un modèle, réel ou fictif.

- Pour moi : Bob Morane, Charles de Foucauld, Michel Strogoff, le héros de Vipère au poing, mon frère aîné… -

 On imite, on singe, on cite, etc.

- Je l’ai fait énormément : citer…

- Il y a des objets de désir que nous pouvons partager, à commencer par les livres ou les modèles éloignés. On parlera de « médiation externe ».

- Et puis il y a les objets proches, qui suscitent une rivalité.

- Par excellence : la fiancée ou l’épouse qu’il est exclu de partager.

- La rivalité mimétique relève de la médiation interne.

- La rivalité mimétique ne peut être dépassée sans être nommée et exorcisée par la lucidité. L’ai expérimenté à maintes reprises.

- La rivalité mimétique est le plus souvent camouflée, ou déguisée.

- Elle se développe de manière exponentielle dans l’égalitarisme démocratique.

- Tocqueville l’a décrite dans la deuxième partie de La Démocratie en Amérique.

- La rivalité mimétique est à la base du ressentiment contemporain décrit par Nietzsche et Scheler, et du sentiment d’insuffisance et de non-reconnaissance éprouvé par tant de gens.

- La Violence et le sacré achoppe au mécanisme du bouc émissaire.

- Les experts contemporains limitent l’origine de la violence à l’agression. - Vue trop courte selon RG.

- La rivalité mimétique explique le phénomène de la violence de manière plus profonde, au niveau social maintenant.

- Question posée : comment les sociétés archaïques se protègent-elles des rivalités mimétiques ?

- Rend hommage aux travaux en anthropologue religieuse d’Eugenio Donato, qui l’ont aidé au départ.

- Il faut partir alors des mythes fondateurs.

- Qui se fondent en général sur une crise initiale violente : agression surnaturelle, perturbation cosmique, épidémie galopante, etc.

- L’origine d’Œdipe Roi est une peste.

- Le mythe doit désigner le coupable et le liquider.

- Tel est le bouc émissaire.

- L’expression vient du rite biblique de Yom Kippour.

- On sacrifie l’animal pour purifier Israël. - Les boucs émissaires sont divinisés à proportion de leur vertu purificatrice.

- Ce sont soit des anti-héros déclassés, soit des êtres brillantissimes, toujours autres cependant que la moyenne.

- Les infirmes, les fous, les étrangers inquiètent les foules autant que les privilégiés. - Mais la désignation du bouc émissaire conserve quelque chose de hasardeux. - Les sacrifices rituels formalisent donc la purification. - Mais il n’y a pas que les sacrifices : il y a aussi les interdits.

- Les jumeaux, ainsi, sont souvent frappés d’interdit et massacrés. - Les interdits ne se limitent pas qu’à la peur ou à la haine de la sexualité, mais aussi à la crainte de la rivalité mimétique. (p.19)

- Des choses cachées depuis la fondation du monde, ou la révélation destructive du mécanisme victimaire.

- Avec le christianisme, nous passons du savoir non écrit des mythes à celui que documentent les Evangiles.

- Caïphe dans l’Evangile de Jean : «Il vaut mieux qu’un seul homme meure et que le peuple ne périsse pas tout entier ».

- Le crucifixion relaie le lynchage archaïque.

- Le Romain Celse, et les Modernes, voient en la Crucifixion un mythe comme un autre. Ils ont tort selon RG.

- Whitehead partage cette analyse.

- Qu’il ne suffit pas d’écarter avec mépris. Mais qu’il faut dépasser par des preuves.

- Les mythes n’impliquent pas la conscience de l’injustice faite à la victime. - Tandis que les Evangiles la pointent à tout moment.

- L’originalité de la Bible, et plus encore des Evangiles, est de prendre parti contre la foule, pour la victime innocente.

- Ce que ne font jamais les mythes archaïques.

- Avec Jean Baptise, Jésus, bouc émissaire, devient « agneau de Dieu ».

- La Bible semble plus violent que les mythes, parce qu’elle rend explicite la violence, que les mythes occultent plutôt.

- Note que les quatre Evangiles coïncident sur le récit de la Passion, moment de la crise mimétique, et sur le reniement de saint Pierre, séquence également décisive.

- Cite cette parole des Psaumes à propos de Jésus : « La pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre de faîte ».

  Le bouc émissaire

- Ce quatrième livre poursuit et accomplit le travail d’élucidation des deux précédents. - RG le trouve le plus réussi de tous.

- Souligne le fait que les quatre livres ne forment qu’un seul ensemble théorique.

- Assume l’organisation d’un système, qui nous fait parfois contre son tour trop… systématique.

 - Admet les défauts de ses livres mais en revendique l’originalité quant à l’approche de l’Essence du religieux ».

- Souligne le fait que l’hypothèse, et la théorie qui en découle, est réunie pour la première fois en un seul volume.

- Qu’on peut dire la Somme de René Girard.

- Cette préface date de 2007. 

 Mensonge romantique et vérité romanesque; Le désir triangulaire

- Amorce la réflexion sur Don Quichotte parlant, à Sancho, d’Amadis de Gaule.

- C’est Amadis qui inspire, à Quichotte, son désir chevaleresque.

- Quichotte évoque Homère à travers Ulysse, ou encore Enée à travers Virgile.

- Base de la médiation externe.

- Amadis sera toujours présent dans l’imitation de Don Quichotte, mais à distance.

- D’une façon analogue. Don Quichotte médiatise le désir de Sancho de posséder une « île ».

- Pour Quichotte, la médiation est écrite et à distance ; pour Sancho, elle est orale et proche, mais la distance sociale demeure.

- Le lecteur romantique oppose l’idéalisme de Quichotte et le réalisme de Sancho, à faux selon RG.

- Car tous deux empruntent leurs désirs à un tiers ce qui les rapproche en réalité.

- La fonction « séminale » de la littérature se retrouve chez Emma Bovary, grande lectrice de romans sentimentaux.

- Jules de Gaultier a bien analysé le phénomène.

- Chez Stendhal, Julien Sorel imite Napoléon, et Mathilde de La Mole imite les gens de sa famille. Le prince de Parme imite Louis XIV. Le jeune évêque d’Agde imite les vieux prélats.

- Le vaniteux selon Stendhal imite ceux qui sont « arrivés ».

- Cf. le Journal très éloquent aussi à cet égard.

- Tel est le désir triangulaire.

- C’est à cause de sa rivalité avec Valenod que M. de Rênal « achète » Julien.

- Du Quichotte, où domine la médiataion externe (Amadis est inatteignable), on passe à la médiation interne chez Stendhal (où les protagonistes sont proches et interactifs).

- Fait essentiel : la distance qui sépare le sujet désirant du médiateur. - Pour Don Quichotte, Amadis est inatteignable.

- Pour Emma, Paris reste lointain.

- Avec Stendhal, les rivaux sont en proximité immédiate.

- Le parallèle entre Don Quichotte est Madame Bovary est classique.

- Dans la médiation interne, la rivalité directe entre l’imitateur et le modèle est générateur de haine-amour.

- « Seul l’être qui nous empêche de satisfaire un désir qu’il nous a lui-même suggéré est vraiment objet de haine.

- Exactly what I observed several times.

- Le même phénomène est décrit dans L’Homme du ressentiment de Max Scheler.

- Dans la médiation interne, le sujet désirant s’auto-empoisonne.

- Ce que l’on sous-estime, c’est la fascination liée à la jalousie.

- Max Scheler ne voit pas assez le rôle du médiateur et des variations de distance.

- « Toutes les ombres se dissipent si l’on reconnaît un médiateur dans le rival abhorré », note RG.

- Scheler montre combien l’état d’âme romantique est pénétré de ressentiment et mobilise, selon les mots de Stendhal lui-même (dans Mémoires d’un touriste) « l’envie, la jalousie et la haine impuissante ».

- Un état d’esprit surmultiplié de nos jours, peut-on ajouter.

- Aujourd’hui, en effet, la médiation interne s’accroît à proportion de l’effacement progressif de toute différence entre les individus.

- On entre dans le vif du sujet de l’hypothèse mimétique. (p.45)

- Le lecteur romantique fait du Quichotte un modèle, alors que c’est le prototype de l’imitateur.

- Le romantisme occulte le médiateur.

- Tandis que le romanesque selon RG le révèle bel et bien.

- Stendhal désigne explicitement les « désirs de têtes ».

- L’analyse de Stendhal commence dès De l’amour.

- Il peint alors « la passion avant la vanité ».

- L’illustre par le processus de la cristallisation, encore insuffisant.

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- La passion selon Stendhal est le contraire de la vanité.

- Fabrice puise l’essence de sa passion en lui-même.

- La vanité passe par le regard de l’autre et fabrique un leurre.

- La passion ressent le vrai.

- Le premier Stendhal reste romantique. Ne montre pas le médiateur.

- Puis il découvre « la force prodigieuse du désir imité ».

- C’est la vanité qui agite Julien Sorel quand Mathilde se dérobe.

- Chez le dernier Stendhal, il n’y a plus de « désir spontané ».

- L’élément féminin, qui a stimulé la vanité, favorise au-delà l’apaisement et la sérénité, comme dans l’épisode final de la tour Farnese.

- L’accomplissement esthétique marque le dépassement du trouble mimétique. - Très important : « c’est la volupté créatrice qui l’emporte sur le désir et sur l’angoisse ».

- Ce qu’on pourrait dire : la sublimation poétique.

-

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Passe alors à l’exemple de Proust.

- Lien évident entre la vanité stendhalienne et le désir proustien.

- Pied de nez à certaine critique moderne.

- Chez Proust, l’amour est subordonné à la jalousie, à savoir : à la présence du rival.

- « En amour, notre rival heureux, autant dire notre ennemi, est notre bienfaiteur ». On ne saurait mieux dire le masochisme voluptueux du cher Marcel !

- Le snob proustien est imitateur par excellence.

- Chez MP, les jeux de la jalousie et du snobisme sont constants.

- « Les lois proustiennes se confondent avec les lois du désir triangulaire ».

- Le temps retrouvé marquera le moment du dépassement.

- Le mimétisme proustien est plus « sombre », plus angoissé ou angoissant que celui de Stendhal, à cause de la plus intense implication de Marcel.

- Mais RG montre aussi le caractère évolutif du génie proustien.

- Ne se fie pas à la « théorie » romantique de Proust, mais à sa pratique romanesque.

- Prend l’exemple de la fascination de l’adolescent pour la Berma.

- Que relance le jugement de Norpois.

- Montre aussi que c’est par Bergotte que le désir de Proust flambe.

- MP subit la même suggestion, par Bergotte, que Don Quichotte par Amadis de Gaule. (p.58)

- Le désir proustien marque le triomphe de la suggestion sur l’impression.

- Le jardin intérieur de MP n’est jamais solitaire.

- Très important : « L’émotion esthétique n’est pas désir mais cessation de tout désir, retour au calme et à la paix ».

- Ainsi se prépare la sérénité finale du Temps retrouvé.

- Tout ça est admirablement senti et montré.

- Affirme ensuite que l’enfant chez Proust n’existe pas dans l’acception autonome du romantisme, selon lui mythique.

- « Le génie proustien efface les frontières qui nous paraissent gravées dans la nature humaine ».

- Chez MP, la médiation enfantine constitue un nouveau type de médiation externe.

- C’est le secret de sa « pureté », qui n’a rien à voir avec la pureté enfantine mythique, vraie foutaise.

- La liberté deu Narrateur n’est jamais troublée par les modèles tels que Bergotte ou Elstir.

- Tandis que le baiser de Maman scelle la dépendance de la médiation interne.

- Note ensuite que, chez Flaubert, la suggestion joue un rôle plus limité.

- Jean Santeuil, par contraste, est encore un livre romantique, sans génie. La vanité y règne encore à plein, et la jalousie, la haine mimétique.

- « Retrouver le temps, c’est abolir un peu de son orgueil. »

- « Le génie romanesque commence à l’écroulement des mensonges égotistes. »

- Lorsque Dostoïevski célèbre la « force terrible de l’humilité », c’est de la création romanesque selon RG qu’il parle. (p.64)

- Il y a là une suite d’intuitions formidablement éclairantes.

- La critique « symboliste » ou psychologisante croit au désir spontané.

- RG montre que la naissance de la passion proustienne coïncide avec celle de la haine.

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- Mais c’est chez Dostoïevski que la fusion de la haine-amour culmine à vrai dire.

- « On s’insulte,on se crache au visage et, quelques instants plus tard, on est aux pieds de l’ennemi, on lui embrasse les genoux ».

- Chez Dostoïevski, la médiation interne est à son paroxysme. - Cela confine à l’aliénation pure dz fait de la proximité endogamique des couples modèle-imitateur, pères et fils ou frères.

- Dostoïevski marque en cela un sommet du roman européen.

- L’Adolescent en est une bonne illustration, avec la rivalité du père et du fils.

- Mais L’Eternel mari module des situations encore plus explicites, avec l’homosexualité larvée qui exacerbe le mimétisme. (p.69)

(À suivre…)

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Philippe Muray. Essais. Les Belles Lettres, 1764p.

Préface de 1998.

- Le Bien nous envahit, submerge tout.

- L’Empire du bien date de 1991.

- Le Bien et la Fête règnent en nouveaux maîtres, non sans quelque terrorisme.

- Car le Bien et la Fête sont chatouilleux, susceptibles comme deux victimes potentielles.

- En 1991, le Bien était encore dans les langes.

 - À présent le monstre est rodé.

- Exerçant une dictature de l’Altruisme.

- Dans une prison radieuse. Après Limonov et le Soft goulag d’Yves Velan. - Voici le cœur béant et ballant des cordicocrates.

- Menant leur opération Passé propre.

- L’envie du pénal fait florès.

- Les Marches blanches se multiplient.

- Colombes et lapins blancs foisonnent.

- On exalte la clause de la Personne la plus Vulnérable.

- Et les consensuels dénigrent la consensualité : subtil plus.

- Stigmatise le prétendu devoir d’ingérence humanitaire.

- Dénonce l’épopée du Truisme et du Pléonasme.

- À l’en croire, l’Empire du Bien s’est envenimé.

- En matière sexuelle, le grand combat pour l’indifférenciation bat son plein .

- Le Bien en arrive à escamoter le Mal.

- Le Bien recycle les miettes du Mal.

- Dénonce les pseudo-rebelles. Les gêneurs qui ne gênent rien.

- Le Bien aboutit à une sorte de consentement général abruti.

- Le Bien a tout nivelé, comme le prévoyait Witkacy.

- L’idéologie festive a tout dilué.

- « L’éminente dignité du travail a été remplacée par l’éminente dérision de l’homme festif ».

- Tout devient sujet de Pride.

- Produits de la Fête : la Fête de la Musique, les Love Parades à foison, les festivals de tout et de rien.

- C’est le règne de l’autosatisfaction et du plaidoyer pro domo.

- En 1991 déjà, il se targuait de ne voir aucune issue et s’en félicitait.

- Aujourd’hui les jeux seraient faits selon lui.

- Un catastrophisme que je ne partage pas.

- Il écrit cette préface en 1998 et conclut : « C’est une grande infortune que de vivre en des temps si abominables ».

- Mais Platon disait la même chose au Ve siècle avant Jésus-Christ…

 L’Empire du Bien.

 I. Les dieux sont tombés sur la tête

- Notre monde apparaît comme un grand parc de loisirs.

- Où règne l’euphorie.

- L’observation évoque illico celle d’un Houellebecq.

- « Le Bien est la réponse anticipée à toutes les questions qu’on ne se pose plus ».

- Le doute est malséant.

- « L’ironie se fait toute petite ».

- Tout est nivelé et policé. - Le mot d’ordre est « pas de soucis ».

- On positive à mort.

- Se la joue un peu Céline dans ses formules et le rythme de sa diatribe. - Pointe le triomphe de lhygiénisme niais. - Cite la Fable des abeilles de Bernard de Mandeville. - II. Trémolo Business - Le réel a été évacué de la nouvelle réalité. - On est tout sucre tout miel. Toute virulence est effacée. - Les périodes de fêtes sont étalées, au bénéfice du commerce. - Saint Augustin écrivait : « Dilige et quod vis fac », « aime et fais ce que tu veux ». - Qui est devenu : « dis que tu aimes, et fais du business ». - Très bien vu. - Bernanos stigmatisait l’étriquement des libertés, à l’apparition des passeports et des empreintes digitales : « Ce que vos ancêtres appelaient des libertés, vous l’appelez déjà des désordres, des fantaisies ». - Penser juste devient un devoir surveillé, voire une « science ». - Rappelle la façon dont le Mal se sert désormais du bien. Saddam accusant les Alliés d’avoir bombardé une usine de lait pour bébés… - Pointe la fause dévotion des charitables. - Pointe le Charity Business et ses gesticulations. - Paul Valéry : « le débat religieux n’est plus entre religieux mais entre ceux qui croient que croire à une valeur quelconque et les autres ». (p.25). - Les bons sentiments sont devenus tendance, mais ils fluctuent selon les modes. - Les victimes sont devenues jetables, pas forcément recyclables… - Pointe les grands débats télévisés pour de Justes Causes. - Tout ça très bien vu. Trop catastrophiste à mon gout cependant. - Reprend les thèmes de l’hospice occidental filés par Limonov. - III. Cherchez l’idole. - Les grand nettoyage positif est avide de lois. - Cf. la fièvre pénaliste des States. - Stigmatiser le Spectacle doit englober selon lui les spectateurs. - Le consensus équivaut à une forme de servitude. - Rappelle les autres formes de cette servitude, tel le chauvinisme d’antan. - Et cite la diatribe, sur le bateau de l’Afrique, où il retourne ses adversaires en poussant la logique nationaliste jusqu’à l’absurde. - Attend le romancier actuel qui oserait railler le culte des Droits de l’homme. - Note que le lynchage prend des masques progressistes. - Tout obstacle au « progrès » est dénoncé. - McLuhan l’avait pressenti. - Les médias donnent du galon au pharisaïsme. - « Jamais l’égoïsme ne s’était montré plus à découvert, mais le bien public, la liberté, la vert u même étaient dans toutes les bouches », disait Mme de Mérenville en… 1789. - On stigmatise toute sexualité affirmée sans complexe. - On instruit le procès d’un gosse supposé « violeur » parce qu’il attouche sa petite cousine. (le petit Bruno, Suisse menotté aux States sur dénonciation d’une voisine). - On parle « transgression » tout en l’acclimatant en réalité. - On exalte l’orgie au passé pour mieux donner dans le mea culpa. - La seule « idée à soi » se fait rare. - On uniformise et on « réunifie ». - Le Bien soude cette mise en commun bêlante. - Les annonceurs se proclament eux-mêmes censeurs. - Comme les cigarettiers jouent un double jeu. - L’idole ? C’est un jour le peuple, le lendemain les enfants, la femme, les animaux, la terre Mère. - Comment l’Enfant devient le nouveau fétiche. - Rappelle le décret de Riancey de 1856. - Au nom duquel Baudelaire et Flaubert furent poursuivis. - Note que la France reste cependant rétive à ce grand nettoyage. - Les hitlériens lui prédisaient un avenir de tourisme et de gastronomie. - Ce que Houellebecq en sa vision futuriste de La carte et le territoire. - IV. Les plumes et le goudron - Au royaume du Bien, la prévention devient loi. - Boiton Blanc et Nez rouge : le triomphe du 0 pour mille. - Châtrage doux. - Attention aux accidents domestiques : tout devient dangereux à l’ère du cocooning. - Raille ce qu’on serine à l’enseigne de la « liberté des moeurs ». - Conclut plut à l’asexuation générale. - Oui, il y a du vrai, même si PM exagère à tout coup. - Limites du catastrophisme, une fois de plus. - V. Consensus au poing - Pointe le règne de l’euphémisme verbal. - Un vrai bombardement de litotes. - Montre que le Système n’est jamais aussi équivoque que lorsqu’il s’autocritique. - Un ouragan de fadeur et de miel. - Un festival de «remises en question » qui n’engagent personne. - Le processus régule l’hygiène du Système. - Rappelle la comédie de Timisoara et ses justifications a posteriori. - Il faut absolument cultiver le Consensus. - La passion de réprimer fait rage en douceur. - Mais réagir en douceur est difficile devant ce ventre doux. - Souligne l’obsession de la Forme et le terrorisme du bien-être. - Exactement ce que Witkiewicz avait prophétisé en 1924… - Désigne l’invention de la fumée passive comme forme la plus subtile du terrorisme mou. - Evoque les débuts de la croisade anti-porno des ligues féministes américaines. - Le style : pense à ta mère. « tu ne veux quand même pas faire de la peine à Maman ». Ce genre d’horreurs niaises. - VI. Tartuffe - Le nouvel ordre moral du Bien va bon train. - De la bonté comme arme de guerre. - Cite Clausewitz : « Dans une affaire aussi dangereuse que la guerre, les pires erreurs sont précisément celles causées par la bonté ». (p.44) - Cite Beatrix de Balzac. Edifiant comme tout ! - Relève le génie du tartuffe de Molière. - Puis s’en prend au protestantisme. - Stigmatise l’esprit de Genève. Radote la moindre. - VII. Cordicopolis - La cité du Cœur brandi. - « le coup de cœur a ses raisons que la raison bancaire connaît ». - Fustige les requérants d’un drapeau terrestre. - Daube sur la disparition de tout individualisme. - Là encore déraille la moindre par généralisation .- « L’individu n’est pas près de revenir, s’il a jamais existé ». Foutaise à mes yeux. - Pointe ensuite la dramatisation des prévisions météo. - Bien meilleur dans ce genre d’observations. - Comme si l’homme avait des droits climatiques ». - On parle du « front du froid » ou de « sécheresse inadmissible »… - Il faudrait adoucir le temps qu’il fait et supprimer le temps qui passe. - Rompt ensuite une lance contre Michel serres, qu’il qualifie d’Alphonse Daudet de la néo-épistémologie médiatisée. - Assez méchant mais un peu vrai… - En appelle à la littérature pour démolir la niaiserie ambiante qui travestit la réalité en la peignant en rose. - Invoque l’esprit de Lewis Carroll contre le culte sucré de l’enfant. - Y trouve le « vitriol ingénu de cette province du Consensus ». - Puis en vient à la réforme de l’orthographe, dont le bannissement de l’Exception lui semble l’image même du nivellement débile. - Entièrement d’accord avec lui. - (À suivre…) -


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