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Ceux qui remontent la pente

Publié le 05 mars 2011 par Jlk

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Celui qui recommence à soulever des poids devant la fenêtre ouverte sur l’arrière-cour ensoleillée de l’usine de traitement des déchets / Celle qui s’est trouvé un rouge à lèvres plus rouge / Ceux qui se sentent des ailes de poissons exotiques de bars à champagne / Celui qui juge le monde tellement effrayant que son état personnel ne lui inspire que reconnaissance à l’instar des passereaux d’alentour / Celle qui se refait une santé de fer à base de filet de féra / Ceux qui se reconnaissent à la pertinence de leurs appréciations en matière de poésie chinoise et de pêche à la mouche / Celui qui se proposait de construire une école dans la région de Delhi et qui n’en a rien fait pour des raisons qui ne regardent que lui ma foi / Celle qui se reconstruit enfin en cédant à ses meilleurs penchants au dam de son oncle très strict en matière d'orgies non reconnues par le Synode / Ceux qui ont vu Cracovie d’un même œil sans baiser les mêmes bouches / Celui qui revient aux bains de vapeur traditionnels sous l’effet d’une sorte de tropisme de plante buveuse / Celle qui revient à la vie en s’immergeant dans la mer Morte / Ceux qui se réfèrent aux textes cryptés pour justifier leur goût du fiel de bœuf musqué et de la flagellation à clous / Celui qui draine ses pensées moites avant de se jeter sur la femme de marbre / Celle qui renonce à toute vindicte mais veut qu’on la paie en lapins / Ceux qui entendent toujours les habitants des plafonds / Celui que la maritorne met en appétit / Celle qui se régale de risotto à la rucola à la trattoria Santa Lucia de Winterthour (Suisse) où l’on peut visiter ce jours une expo des ciels de Corot au musée du Römerholz qui s’atteint par le bus No 10 moyennant 2 francs suisses / Ceux qui se rappellent soudain ce que disait Moncef Marzouki de l’hypocrisie des Européens il y a des années déjà quand il traitait le pouvoir français de pompier pyromane / Celui qui reprend la lecture de La Chartreuse de Parme en poche Folio et se délecte à la lecture de la préface de Paul Morand ce vieux réac qu’il voyait faire sa gym en caleçon de toile dans les années 75-80 sur son balcon-sabot du château de l’Aile / Celle qui n’a pas encore compris que Beyle est à Stendhal ce que Joyaux est à Sollers à ça près que Sollers ne sera jamais à Stendhal ce que Joyaux est à Beyle en tout cas aux yeux des Japonais lettrés clairvoyants en ce smatières/ Ceux qui savourent posthumément la revanche de Stendhal sur Beyle sans oublier que ma foi Stendhal sans Beyle ne serait pas là, etc.
Image : Philip Seelen.


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