Il y a un parallèle évident à faire entre le Colonel KADHAFI et le Président GBAGBO.
Dans les deux cas, nous avons affaire à des Chefs d’Etat qui ont perdu toute légitimité pour diriger leur pays (tant parmi leurs concitoyens qu’au sein de la communauté internationale) mais qui s’accrochent au pouvoir, comme s’ils étaient investis par une force divine pour régner éternellement sur leurs pays. Les deux despotes invoquent allègrement le colonialisme pour justifier la défiance de la communauté internationale à leur encontre. Toujours la même rengaine. Quand ils signaient des contrats juteux avec des multinationales ou qu’ils étaient reçus avec fastes dans les grandes capitales du monde, ils ne voyaient aucun « colonialisme » ; mais quand enfin, la communauté internationale les voit pour ce qu’ils sont, des pourfendeurs de leurs peuples, alors-là bien-sûr, c’est du néocolonialisme ! Ils partagent aussi le même amour de l’argent. Dans ce domaine, il est clair que le Guide de la Jamahiriya est quasi imbattable, vu qu’il gère quasi exclusivement les hydrocarbures de son pays depuis des décennies. Mais Gbagbo, l’apprenti-tyran qui a bien fait ses classes, a toujours considéré le cacao comme lui revenant de droit et a récemment pris des mesures de nationalisation qui ne trompent personne. Enfin, et c’est le plus tragique, ils sont tous les deux à la tête des forces armées qui sont devenues des véritables milices attachées à leurs seules personnes et non à leur pays. Ces milices, soutenues par des mercenaires venus de pays africains pauvres ou des anciens pays communistes d’Europe de l’Est, déciment allègrement les opposants. On voit chaque jour l’aviation libyenne bombarder des bastions de l’opposition ; comme on connaît l’étendue des crimes perpétrés par les escadrons de GBAGBO sur les civils qui soutiennent OUATTARA, le Président élu. Les deux dictateurs savent qu’une fois qu’ils auront quitté le pouvoir, ils seront inquiétés par la Justice internationale. Ce qui les radicalise encore plus.
Face à ce constat que nous faisons tous depuis des semaines, la communauté internationale s’offusque, hausse le ton, mais comme à son habitude, tarde à prendre des mesures concrètes. Inutile de rappeler que si mon champion, G.W.BUSH était à la Maison Blanche, des mesures plus radicales auraient été prises. Car il n’est jamais bon pour leur crédibilité, que les paroles des grandes puissances ne soient pas suivies d’effets. In fine, ça pourrait conduire les résistants aux dictatures à chercher des appuis ailleurs qu’auprès des démocraties.
Le problème principal de la communauté internationale, c’est sa recherche de l’unanimité du Conseil de Sécurité de l’ONU. On comprend bien-sûr le souhait d’avoir le maximum de soutiens quand on a une décision aussi lourde à prendre que celle d’attaquer un pays. Il vaut mieux que toute l’Union Africaine, toute la Ligue Arabe et toute l’Union Européenne soient du même côté dans le cas libyen par exemple. Mais il est totalement illusoire de chercher l’unanimité des cinq membres permanents, vu que certains d’entre eux ont des régimes tout à fait comparables aux dictatures incriminées… C’est ce même Conseil de Sécurité qui n’a pas soutenu l’intervention en ex-Yougoslavie, ni celle qui a permis de faire partir Saddam Hussein, et qui continue à rester très vague sur l’attitude à tenir face à l’Iran et à la Corée du Nord…
Si la Communauté internationale ne réagit pas rapidement (par l’OTAN par exemple comme semble le souhaiter la France et la Grande Bretagne) et vu l’urgence de réagir pour empêcher l’augmentation du nombre de morts sur le terrain, une des pistes seraient de susciter une prise de conscience au sein même des entourages directs de ces deux Dictateurs pour qu’il neutralise le tyran et son clan direct. Il y a des généraux ou des conseillers qui ne souhaitent pas partager le même sort que leur chef et qui sont certainement tentés par un deal qui les protégerait de poursuites futures. Comme dans les grands cas de criminalité organisée, cette tactique est souvent payante. Il faut d’urgence essayer cette voie.
La paix, le bien-être, la liberté et l’honneur de millions de gens dans ces deux pays en dépendent