En recevant les représentants de « l’opposition » libyenne, le Président Sarkozy fait honneur à l’idée qu’on peut se faire de la France. On a parfois été excessivement sévère envers la politique arabe de Paris, tant il était impossible pour quiconque de prévoir la date et l’ampleur de la révolte arabe. Mais il était évident que recevoir avec fastes le Colonel KADHAFI et coopérer avec lui sur les grands dossiers du monde, constituait une faute politique et morale dont les démocraties vont maintenant devoir gérer les conséquences. La lettre signée conjointement par le Président français et le Premier Ministre britannique est particulièrement explicite sur la nouvelle ligne politique envers le régime de Tripoli.
Comme d’habitude, les instances de l’Union Européenne n’ont pu se mettre d’accord sur une position ferme et claire, ça préfigure déjà des difficultés à obtenir un accord à l’ONU. Mais les résistants libyens, soutenus par le couple franco-britannique, bénéficient d’un soutien moral et politique de poids, celui de la Ligue Arabe. Ca peut paraître paradoxal quand on sait toute l’énergie que le Tyran de Tripoli a déployée pour nous faire croire qu’il était le « grand leader des Arabes ». J’en ai personnellement fait l’expérience récemment lors d’un séjour au Maroc. Conscient de l’extrême sensibilité des Arabes envers tout ce qui peut passer pour la critique d’un des leurs par un Etranger, je m’étais dit que je ne parlerais pas ou peu de la crise libyenne. Je n’ai pas eu à me taire longtemps. Spontanément, la plupart des Marocains rencontrés parlent du dégoût que leur suscitent les crimes du Guide libyen ; et les chaînes d’informations continues en arabe passent en boucle des informations hostiles au clan KADHAFI et appellent presque toutes à son éviction. Il faut donc sortir de l’idée simpliste selon laquelle une intervention de la communauté internationale en Libye serait perçue comme une agression du monde arabe. La décision de la Ligue Arabe de lâcher KADHAFI et de soutenir les mesures de « No Fly Zone » souhaitées par les dissidents libyens, devrait convaincre les derniers récalcitrants.
Loin des analyses choquantes de ceux qui, comme l’administration OBAMA, semblent parier sur la victoire militaire du despote libyen, et face à tous ceux qui refusent de courir les risques politiques et géopolitiques d’un face à face avec le clan KADHAFI ; la France a fait preuve de courage et de discernement. Car à court ou à moyen terme, le régime dictatorial libyen qui ne tient que par la terreur tombera inéluctablement. C’est tout l’honneur de la France de s’être inscrite la première dans le sens de l’Histoire !