Une semaine après l’éclatement de l’affaire qui aura emporté la carrière de Dominique Strauss-Kahn, celui-ci organise sa défense. Ces quelques jours furent intenses ; le leader socialiste a été mis en examen pour des crimes sexuels présumés et incarcéré dans une des pires prisons des Etats-Unis, il a été contraint de démissionner de son poste au Fonds Monétaire International, et il a du mobiliser des millions de dollars pour obtenir sa libération provisoire et pour payer les excellents avocats qui le défendront. Accréditant ainsi la thèse selon laquelle la justice américaine est plus clémente pour les fortunés. Ce qui s’est passé le samedi 14 mai dans la suite 2806 de l’Hôtel Sofitel aura eu d’énormes conséquences pour le couple DSK-Anne Sinclair, pour les Socialistes français, et surtout (surtout !) pour cette jeune femme de ménage africaine et sa fille qui, quoiqu’il arrive désormais, ne vivront plus jamais comme avant.
Quelle différence de perception de cette affaire entre les Américains qui ont naturellement été choqués par l’horreur des faits reprochés à l’ancien Directeur Général du FMI et les Français qui à 60% imaginent que tout ceci est un complot ! Comme d’habitude quand il s’agit des USA, il y a dans les réactions entendues en France une part importante qui est causée par cette regrettable haine des Américains. Cette américanophobie primaire continue hélas de faire perdre la raison à tous ceux qui en souffrent.
A ce stade, je joins ma voix à toutes celles qui se sont élevées contre les propos malsains prononcés par les partisans du plus célèbre des inculpés socialistes. Je ne pensais pas être un jour en accord avec les Féministes, tellement je me suis habitué à être taxé de « macho » par mon entourage. Mais le sexisme et le mépris qui ont caractérisé ces propos outranciers, ne sont pas seulement totalement déplacés quand on sait que c’est le sort de plusieurs personnes qui est en jeu ; mais ces déclarations sont aussi criminelles parce qu’elles risquent de décourager les victimes d’agressions sexuelles de porter plainte contre leurs bourreaux. On comprend mieux les hésitations de Tristane Banon… Les victimes de faits aussi graves ont besoin de soutien et de marques de considération sinon elles préféreront toujours se taire et porter seules leur malheur.
Les ténors du barreau qui sont chargés de la défense de DSK utiliseront tous les moyens pour obtenir son acquittement. On annonce des centaines de milliers de dollars en procédures et enquêtes diverses pour discréditer la présumée victime. Tout ceci est légal, mais moralement contestable. La défense devrait réserver toute son énergie pour réfuter les éléments apportés par l’accusation, et non s’employer à discréditer la plaignante. Heureusement pour elle, la justice américaine agit rapidement : on apprend ce soir que des traces d’ADN appartenant à l’accusé auraient été trouvées sur les vêtements de la victime présumée. Si confirmée, cette information fragiliserait sérieusement la contre-offensive de l’ancien ministre socialiste, et tout en respectant la présomption d‘innocence, le puzzle qui prend forme semble renforcer le récit de la plaignante. On peut avoir une machine de guerre à son service, mais il y a une réalité : les faits sont têtus