Il est de bon ton dans les cercles d’intellectuels autorisés de stigmatiser le populisme de droite. Dans leur bouche, le mot populisme est devenu la version convenue pour « extrémiste » « déraisonnable » « irréfléchi » et, dans le non-dit, « raciste et vulgaire ». Par défi, à Droite, nombre de tenants d’une politique plus populaire, plus claire dans ses objectifs, fière de ses valeurs et moins repentante ont accepté cette épithète, étant habitués à être incompris de ceux-ci qui sont très souvent de gauche et toujours opposé à cette Droite décomplexée dans laquelle je me reconnais.
Mais le vrai risque politique vient surtout de la gauche populiste, style Mélenchon en France. Je ne parle pas de la Gauche trotskiste ou marxiste dont les idéologies sont à jamais discréditées par leurs échecs soviétique, chinois ou cubain. Je vise cette Gauche qui a arrive aujourd’hui encore à faire convaincre toute une partie de la jeunesse de : la possibilité de lui donner un droit au travail opposable aux tiers, un revenu minimum élevé et un logement confortable sans réelle contrepartie, la fin des guerres, la fin des frontières, la légalisation des drogues, la fin des interdits,… Bref, cette Gauche mobilise avec en modèle une société permissive, un système économique et sociétal irréaliste, des valeurs humaines désastreuses, et une insouciance criminelle face aux dangers de notre époque. Mais ce cocktail plaît à une grande partie de l’électorat qui n’aime pas travailler, qui n’aime pas suivre de formations professionnelles, qui a toujours de bonnes raisons pour ne payer d’impôts et qui ne supporte aucune contrainte.
Le cas espagnol est édifiant. Zapatero qui n’avait aucune chance de remporter les élections de 2004 face au brillant Premier Ministre José Maria AZNAR, jusqu’à l’attentat terroriste de Madrid, a été élu sur un malentendu. La jeunesse qui s’était fortement mobilisée avait cru à la fin des guerres, à une économie qui continuerait de croître sans réforme et, à un taux de chômage qui resterait bas. Le leader socialiste a commencé son mandat par des mesures qui ont plu à ses militants : régularisation en masse des immigrés venus du Maghreb, retrait des militaires déployés en Irak, légalisation du mariage homosexuel et conflit ouvert avec l’Eglise catholique. Mais patatras ! La réalité économique lui est revenue en pleine face : récession, énorme endettement public et privé, chômage à plus de 20% au total et près de 50% pour les jeunes, éclatement de la bulle immobilière avec des centaines de milliers de nouveaux logements qui ne trouvent pas d’acquéreur… La crise financière a frappé le monde entier, mais l’Espagne en a plus souffert que les autres pays. Celui qui était venu au pouvoir (comme tout socialiste) pour dépenser toujours plus dans des programmes dits « sociaux » et pour octroyer toujours plus de droits et toujours moins de devoirs aux citoyens, a dû brutalement changer sa politique en imposant des plans d’austérité drastiques.
Ce fut le choc pour ceux qui avaient perdu le goût de l’effort ! Comparable à ce que la Gauche française a ressenti deux ans après la première élection de François Mitterrand, mais avec les réactions d’aujourd’hui. Ces milliers « d’Indignés » qui occupent la Puerta Del Sol ont ceci de pathétique que contrairement à leurs modèles tunisiens ou égyptiens, ils n’ont aucune liberté politique à conquérir, ni d’autre modèle de société à proposer. Leurs soucis sont d’abord et surtout d’ordre économique. Le vrai moteur de leurs mouvements est la prise de conscience soudaine de l’inanité des thèses de la Gauche populiste. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on doit espérer que le malheureux exemple socialiste espagnol servira de repoussoir pour d’autres pays qui devront prochainement voter. Hélas, rien n’est moins sûr !