J’interromps mon repos estival pour magnifier ce beau pays qu’est la France, surtout que ces derniers jours les Français, d’habitude si bougons et si peu démonstratifs sur le sujet, ont fait preuve d’un véritable sentiment de patriotisme.
Ils étaient venus en nombre ce 14 juillet sur « la plus belle avenue du monde » pour suivre la parade des militaires, des policiers et des pompiers. Le défilé fut parfait. Certainement un des plus réussis depuis longtemps. En mettant à l’honneur les Français des Territoires et Départements d’outre-mer, c’est une France « universelle » qui a battu le pavé. La marche lente et pesante des Légionnaires de la légion étrangère est toujours fort appréciée, mais cette année ce sont les soldats français venus du Pacifique qui ont brillé avec leur surprenant « HAKA », magistralement interprété au pied de la tribune d’honneur. Tout de suite après cette danse guerrière maorie digne des All-Blacks, c’est en chœur qu’ils ont tous entonné « la marseillaise »… Symbole éclatant d’une forme d’intégration à la française !
Cependant, dans tous les cœurs, planait l’esprit des soldats français récemment tués en Afghanistan. Au-delà de l’horreur, ce drame national a eu le mérite de rappeler tous les sacrifices que les forces armées et leurs familles endurent pour défendre les valeurs qui leur sont chères. Le hasard du calendrier a fait que le deux jours avant la fête nationale, le Premier Ministre François FILLON demandait aux députés de voter la prolongation de l’intervention militaire de la France en Libye. Il prononça à cette occasion la phrase qui résume exactement la pensée de ceux qui mettent leur vie en jeu pour des causes qui les dépassent :« Je préfère les risques de l’action aux certitudes de la défaite morale ».
Ceux qui pensent que ces braves jeunes hommes, lâchement tués par un attentat-suicide en Afghanistan, sont morts pour rien, font preuve d’une grande bêtise, d’un manque de considération pour les familles éprouvées, et surtout ne comprennent rien à la notion d’engagement. Il ne faut pourtant pas obligatoirement être militaire pour saisir toute les motivations qui poussent des jeunes à s’engager. La perspective pour certains de voir ses pires ennemis triompher leur est insupportable. Le très large consensus politique qui avait conduit des dizaines de pays à s’unir pour chasser les Talibans du pouvoir à Kaboul relevait de cette même prise de conscience. L’esprit des Lumières ne peut coexister avec le pire des obscurantismes.
L’hommage de la Nation, rendu ce mardi en mémoire des 7 soldats morts récemment dans ce conflit, a été à la hauteur de l’émotion ressentie. C’était quelque part aussi une cérémonie pour les milliers de soldats de la coalition morts dans cette guerre depuis 2001. La France, par la bouche de son Président, a trouvé le ton et les mots justes : « Vous êtes morts pour la grande cause des peuples libres qui ont payé leur liberté avec le sang de leurs soldats ».
En ex-Yougoslavie, en Afghanistan, en Côte d’Ivoire ou encore en Libye ; la France est grande quand elle consent à tenir le rôle qui est le sien dans la défense des libertés dans le monde. Et elle est encore plus grande lorsqu’elle assume pleinement les douloureux sacrifices qui accompagnent inévitablement tous ceux qui ont le courage de se dresser face à la terreur et au despotisme.