Magazine Journal intime
Bref, je suis devant une page blanche
Publié le 25 novembre 2011 par AlainduneuftroisCe matin je me lève en me disant : « Aujourd’hui, je publie un article sur mon blog ». Mon site internet n’a en ce moment rien à envier au désert du Sahara où il y a à priori plus de vie qu’ici.
A la recherche d’inspiration, je lis le Monde dans l’espoir qu’un sujet d’actualité redonne vie à ma plume. « La dette Française », « Le nucléaire », « Agnès la torche humaine », « François Hollande a dit… » « Nicolas Sarkozy a répondu… »En partant du postulat que l’inspiration vienne avec la passion que Hume a tenté de définir comme « une émotion violente et sensible de l'esprit à l'apparition d'un bien ou d'un mal, ou d'un objet, qui, par suite de la constitution primitive de nos facultés, est propre à exciter un appétit », eh bien mesdames et messieurs c’est une première, je n’ai pas faim !Le corolaire immédiat c’est la transposition de la maxime bien connue du « Pas de bras, pas de chocolat » à « Pas de passion, pas d’inspiration ».
Merde.
Bon, n’étant pas encore prêt à abandonner, je tente autre chose. J’ai une idée : je viens de terminer « Portrait d’un inconnu » de Nathalie Sarraute, je pourrais en parler.Enfin « terminer » est un bien grand mot, j’en suis à la 50ème page et à en croire la température de mon front, je n’y ai pas compris grand chose. On peut toujours faire confiance aux russes pour la migraine matinale, ce qui explique pourquoi on fait passer la pilule de leurs livres à la vodka, mais je doute qu’au final on comprenne mieux. C’est ce qui fait leur charme j’imagine.
Je m’égare.
Je suis à la Bibliothèque Universitaire d’Assas, ça fait 2 heures que je révise pour mon interrogation de Droit des Affaires. J’ai encore mal à la tête. C’est Sarraute qui a écrit le cours ?Je pourrais parler de la bibliothèque, dire comment elle a coûté 8 millions d’euros, qu’elle ne peut accueillir que 500 élèves pour une faculté de 18 000 personnes, mais je vais finir par m’attirer des ennuis.Tout est en blanc ici, les chaises, les tables, les étagères, les élèves… Je pourrais faire un essai sur la couleur blanc, mais est-ce qu’il y a quelque chose à dire sur la polychromie ? Non.
Et un article juridique c’est pas mal non ? Il doit bien avoir un sujet de droit inexploré qui n’attend que de voir la lumière du jour. Je regarde donc mon Code de Commerce, puis le livre de Sarraute. Je regarde le code, puis le livre, le code, puis le livre. Je fais le lien. J’ai mal à la tête. J’abandonne l’idée pour l’instant.
Ca doit bien faire 45 minutes que je suis en train de réfléchir. Il est midi, j’ai faim et peut être que mon sandwich va m’aider à me remettre d’aplomb.
Raté.
Je viens de payer 6€ pour un panini dégueulasse, un coca et une viennoiserie périmée. Je me sens con.Et surtout, j’ai besoin d’aller aux toilettes.Là encore, tout est blanc. Mais c’est quoi leur problème avec le blanc partout dans cette fac ? Si ça continue je vais faire un coma-chromique. Urinoirs, murs, plafonds, lavabos, papier toilette… Tout est blanc, sauf le monsieur employé pour nettoyer, lui, c’est sûr, en amphithéâtre c’est le grain de beauté sur les joues de Marylin Monroe. On ne risque pas de le rater.
De retour à la bibliothèque et devant la page blanche (elle commence à m’agacer cette couleur) de mon ordinateur, j’aperçois dans mon sac le livre que j’ai emprunté : « La démocratie en Afrique ». Jackpot ?
Non.
Trop long, trop compliqué et bien qu’intéressant pour moi, il ne l’est pas forcément pour les autres.J’écoute la conversation de mes voisines, espérant pouvoir écrire moqueusement une page ou deux sur elles, sur la triste banalité de leurs propos. Statistiquement, à Assas, quand j’écoute une conversation en bibli, ça parle soit des vacances à Bonifacio, soit de sacs à main, soit de la dernière photo prise en boîte.Je me dis qu’elles vont envoyer du FAT.Je me trompe.Elles parlent de la théorie générale de la qualification des contrats spéciaux.
Je finis par me dire que je devrais arrêter de regarder « Bref » sur Canal + et d’arrêter d’essayer de copier le style sur mon carnet de bord.
Bref, aujourd’hui j’ai bloggé.