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Antigang

Publié le 21 décembre 2011 par Jlk

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J’ai fait cette nuit un rêve assez encourageant, qui m’a fait explorer un espace vacant de la productivité marchande. Je me suis d’abord aventuré sur l’espèce de grille de ce qui me semblait un monte-charge, qui s’est en effet mis à descendre à travers le haut immeuble (il me semble que j’étais parti du toit des anciens bâtiments de l’Uniprix, avenue du Théâtre). Il y avait de nombreux étages et j’ai fini dans un vaste espace genre atelier d’industrie, dans lequel deux grands types m’ont fait mauvaise figure au premier regard. Que venais-je foutre en ces lieux ? Que ça ne se passerait pas comme ça ! Mais tout de suite je me suis fait amical et félicitant, remarquant que l’endroit était en de bonnes mains et qu’on sentait la compétence. Les deux lascars se sont adoucis et ont accepté de me faire visiter les lieux, ne m’épargnant aucun détail. Deux grands chiens assez joueurs nous accompagnaient. J’ai mis un certain temps à comprendre où j’étais. Mes deux nouveaux amis étaient fiers de leur rôle de gardiens du matériel. Celui-ci était varié. Il y avait des machines à caterpillar, un stock important de marbre importé de Chine, d’autres fournitures coûteuses. Tout cela pour une construction prochaine. Le site avait été occupé par la firme Tetra Park, qui avait fait faillite. À un moment donné, une dame assez belle avec son chien à elle, un lévrier afghan il me semble, m’a dit son enthousiasme puis a disparu, les lascars se sont éloignés dans le fond du chantier à ciel ouvert et c’est alors que j’ai rencontré l’ingénieur à l’air correct. Tempes argentées et parler clair. Il m’a expliqué le topo. Le site avait été racheté par une famille américaine milliardaire. Des gens dans les armes et les frigidaires multinationaux. Un autre personnage est apparu qui semblait comprendre les chiffres défilant sur un écran de la Bourse. J’ai dit à l’ingénieur Correct que notre ami Lemercier allait nous expliquer où en étaient les affaires. Lemercier a fait son modeste en invoquant du moins les interstices vacants de la productivité marchande. « Les Américains ont compris qu’il faut parfois ventiler le capital par un peu de fantaisie ». Il le disait sans ironie mais avec un certain humour qui a provoqué une moue dubitative de l’ingénieur. Je me sentais plus en phase avec Lemercier qu’avec Correct. Car le Message angélique avait passé : même le Grand Capital doit ventiler, donc il y a des clairières, donc Heidegger n’a pas tout faux. J’ai trouvé ce rêve assez valorisant car j’ai toujours été nul en économétrie. Surtout j’étais réconforté de voir mes théories sur la Paresse Active appliquées dans les grandes largeurs d’une firme familiale WASP aux investissements sûrs. Puis je me suis réveillé avec regret. J’ai constaté qu’il avait encore neigé cette nuit, puis je me suis rendormi tout tranquillement.
Image: Philip Seelen


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