En ce 1er week-end de printemps, où le beau temps fut de rigueur dans cette partie du monde, j’ai eu la bonne idée de lire l’un de ses nombreux livres achetés pour avoir apprécié les interventions de leurs auteurs dans les médias, mais délaissés sur ma table de chevet parce que trop pris professionnellement. Ce fut une belle surprise.
Chékéba HACHEMI est une passionnée de la cause afghane. Depuis plus de 10 ans que la communauté internationale s’est réellement intéressé à ce pays, c’est le meilleur plaidoyer pour la défense de l’Afghanistan que j’ai lu.
Sa vie se confond avec l’histoire de son pays : des affres de l’occupation soviétique aux horreurs du régime des Talibans ; de ses rencontres avec son héros le Commandant MASSOUD aux difficultés de la reconstruction d’un Etat ; pour finir par son refus de voir son pays pactiser avec le diable taliban alors que les troupes étrangères vivent leurs dernières heures à Kaboul.
Dans une écriture parfois trop féminine et par moments trop intime, son récit reste cependant toujours objectif, sincère, et même désarmant de franchise. Elle y apparaît comme une « pasionaria » afghane, mais très francophile et assumant à merveille sa double culture. Réfugiée politique en France, universitaire, diplomate, conseiller du Vice-président afghan en charge de la reconstruction, fondatrice d’une association très engagée, féministe et traditionnaliste à la fois ; elle sait de quoi elle parle.
J’ai beaucoup aimé le passage sur les exemples de corruption qui empoisonnent le financement des projets de développement : tant les institutions internationales que les responsables locaux en prennent pour leur grade ! Ceux qui la liront y trouveront aussi des témoignages directs sur l’occupation soviétique (utile à l’heure où pas moins de 3 candidats à la Présidence française se réclament du communisme dans ses différentes versions) ; une argumentation efficace sur les raisons de ne jamais traiter avec les Talibans (comme je l’écris depuis un certain temps) ; et sa cri de cœur face à l’erreur stratégique de la Communauté internationale qui va retirer ses troupes d’ici 2014 (on peut hélas s’attendre à ce que d’autres MERAH y soient formés et endoctrinés dans l’avenir).
Au final elle, l’experte, porte un regard similaire au mien sur le sort qui attend son pays et sur les conséquences pour la communauté internationale. Espérons que nous nous trompons !
(*) L’insolente de Kaboul, de Chékéba HACHEMI aux Editions Anne Carrière