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Ceux qui délirent

Publié le 30 août 2012 par Jlk
À propos d'une polémique française dont les tenants restent à éclairer pièces en mains avant de s'emballer connement... Celui qui affirme que la France aura mérité l’attentat qui fera 500 morts à fin septembre durant la messe dominicale de Notre-Dame sur le geste déterminé d’un jeune désarçonné incriminant le putanisme de la social-démocratie et la peine qu’en ressent Jeanne d’Arc dont il a entendu la Voix / Celle qui campe dans l’aile dure du Krach de la secte des purs / Ceux qui voient en la Norvège le maillon faible de l’Europe traditionnelle à jolis bas blancs style petits chanteurs à la croix de bois / Celui qui en appelle à de nouveaux escadrons de la morgue française / Celle qui a traduit en lapon les essais de Pier Paolo Pasolini sur les Brigades rouges où il disait en somme tels pères tels fils et cherchait une autre issue que celle du fielleux qui se mord le zob / Ceux qui refusent les alternatives meurtrières et les combats à coups d’épée de coton / Celui qui compare les styles de François Rabelais et de Louis-Ferdinand Céline et de Marc-Edouard Nabe et d’Anders Breivik et en tire des conclusions sur la disjonction crescendo du signifié et du signifiant par temps lourd / Celle qui exalte la beauté du « geste littéraire » d’Yukio Mishima se faisant seppuku devant mille jeunes fans jouissant de concert / Ceux qui ne trouvent que l’interdiction professionnelle en réponse au polémiste endiablé / Celui qui est prêt à s’immoler pour la défense du point-virgule ou du moins c’est ce qu’il affirme au cocktail de Gallimard / Celle qui défend le français métissé genre Henri Lopes ou Gisèle Pineau ces métèques culturellement impurs n’est-il pas ? /ceux qui se régalent à la lecture des Désarçonnés de Pascal Quignard / Celui qui enseigne le français épuré à son épagneul breton passé à l’adolescence par un collège espérantiste / Celle qu’ont toujours fasciné les extrémistes blonds musclés et rationnellement conséquents / Ceux qui se demandent quelle prochaine étape de la souffrance les attend pendant que la tempête se déchaîne dans le verre d’eau plate du milieu littéraire et médiatique français /Celui qui relit L’Envie de Iouri Olécha pour se remémorer la posture de caniche salivant de l’intellectuel moyen devant le Mec activiste ou la Bête de pouvoir / Celle qui va cueillir des myrtilles (la saison a commencé) en attendant les barbares et le Saint-Esprit / Ceux qui reprennent la lecture de ce recueil de vraie poésie intitulé C'est à dire et signé Franck Venaille qu’ils ont entamé hier matin et qui s’arrêtent sur cet extrait de la pièce intitulée L’arrivée des barbares :« Ainsi la mer ouvrait plus largement notre champ de vision, déroulant son histoire secrète, ancienne, protégée par son armure, scrutant au plus loin afin d’être prête à répondre à l’invasion de légions vulgaires – jurant – puant l’alcol et le tabac de troupe barbare ». Et ceci encore de pas mal : que «c’est peut-être le calme de la nuit sur l’eau qui nous amène à réfléchir à notre condition », etc. Image : Philip Seelen

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