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Les âmes errantes

Publié le 30 août 2012 par Jlk
La vraie poésie nous arrache à notre nouménal nounours Nous-même. La vraie poésie nous sort de ces gonds-là. La vraie poésie nous renvoie à ces mondes qui sont tous nos moi nombreux, pénombreux, d'un gris somptueux aux lagunes - d'un gris que je dis suprême en lisant ce matin C'est à dire de Franck Venaille.Il y a comme ça des poètes auxquels on revient de loin en loin comme à des maisons cachées aux fenêtres ouvertes sur des landes ou des baies ou des lacs ou des terrils. Or je reviens depuis tout le temps au Canzoniere d'Umberto Saba ou à quelques vers de Rilke ou de Verlaine ou d'Essenine ou de Dylan Thomas ou de William Cliff et les chambres de Cavafis s'entrouvrent dans la nuit des corps et la chambre de Pavese reste silencieuse après le coup de feu, et ça reste à dire tout ça - je lis donc: Alors que dehors les âmes errantes des enfants jamais nésForment une longue file menée par ce vieil homme Aveugle qui,sans le savoir, vers leMaelström les entraîne Ô ces destins, ces gloires auCoeur perforé, que chaque femme Délaissée par l'amant lâche laisse geindre & peinerLes éloignant à jamais des rires, des élans De ces baisers qui eussent dû couronner leur têteDehors ces âmes errantes des enfants jamais nés. Et je reste pensif en me rappelant cet enfant né tant de fois et qui jouera ce soir, encore, au billard avec d'autre anciens enfants... (En lisant C'est à dire de Franck Venaille, paru au Mercure de France en janvier 2012.)

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