Magazine Humeur

Snowden, manif pour tous : la loi a tout prix ?

Publié le 25 juin 2013 par Neoafricain

Il est de ces questions que je ne pensais jamais devoir me poser. En effet, depuis toujours, j’ai trouvé ma place aux côtés de ceux qui respectent la loi au-dessus de tout. Je me targue d’avoir jusqu’à ce jour un casier judiciaire immaculé comme la Sainte mère de Jésus, exceptions faites de quelques infractions au code la route inévitables. Je reste convaincu que seule la loi empêche la société de tomber dans l’anarchie, seule la morale (religion pour moi) évite à l’homme de sombrer dans sa bestialité naturelle.

Mais depuis peu, deux cas de figure viennent ébranler ces certitudes. Sans toutes fois les mettre à plat, je vous rassure.

-   SNOWDEN :

J’adore la LIBERTE, j’admire tous ceux qui se sont battus pour cette belle notion tout au long de l’Histoire ; mais en temps de guerre (guerre froide il y a plus de 20 ans, guerre contre le terrorisme depuis plus de 10 ans), je consens que nous devons tous sacrifier un peu de nos libertés individuelles pour garantir notre sécurité commune. Depuis le 11 septembre, plusieurs mesures venues des Etats-Unis ont été prises dans ce sens. Déplacements filmés, contrôles fréquents, transferts bancaires scrutés à la loupe, etc.. Dans le domaine judiciaire, délais de garde à vue prolongés, écoutes facilités, mesures coercitives légalisées, etc. Contrairement à beaucoup, je ne trouvais pas cela excessif, surtout que nous venions de voir en peu de temps comment il était facile pour des terroristes de passer à travers les mailles du filet dans notre monde globalisé. J’acceptais tout cela sans broncher et même j’en faisais la publicité. Espérant que tout les Etats du monde adopterait de telles mesures qui seules compliquent la tâche des terroristes qui se nourrissent de la faiblesse des démocraties trop laxistes.

Mais le problème est venu des récents scandales de l’administration OBAMA. On peut dire ce que l’on veut, mais son prédécesseur a toujours été clair sur le sujet. G.W. BUSH, sur les ruines du World Trade Center a clairement annoncé au monde « WHATE EVER IT TAKES » : il ferait tout pour attraper les terroristes et protéger son peuple. Plusieurs pays l’ont emboîté le pas. A cette époque pas si lointaine, malgré le procès en « manichéisme » si facile à lui faire. Les choses étaient claires. Les gouvernements démocratiquement élus utiliseraient tous les moyens à leur disposition pour nous éviter de nouveaux attentats. C’est dans ce contexte que je place les guerres préventives et autres « PATRIOT ACT », comme les traités d’extraditions entre alliés. Et voilà qu’arrive celui qui promet à un monde légitimement las de tous ces efforts, la paix à tout prix ; qui convainc la terre entière qu’avec quelques discours les « BAD GUYS » vont baisser les armes, que le droit seul est à même de protéger les sociétés démocratiques. Il va même plus loin en faisant le procès de ces mêmes sociétés et de leurs dirigeants, jugés trop intransigeants envers les incompris « terroristes » (qu’on ne devrait d’ailleurs plus appeler ainsi..). Il est même jouissif, pour ceux comme moi qui se sont toujours opposés à ce discours cynique dans son angélisme, de constater comment le mensonge et l’usurpation ont été si profondes. Parce que bien-sûr cette thèse laxiste ne marche pas. Jamais on ne gagne une guerre sans effort, sans sacrifice. On le sait maintenant avec toutes les révélations, l’actuelle administration américaine a non seulement maintenu les mesures de l’ancienne administration, mais les a même poussés tellement loin que désormais les drones tuent plus que les soldats, que nous sommes tous traqués et espionnés sans aucune distinction. Avec clairement des visées politiques comme l’a démontré le scandale « IRS » (du nom du fisc américain qui a littéralement traqué les associations politiquement opposées à OBAMA).

Voilà le contexte qui me pousse à hésiter à donner mon habituel blanc seing au gouvernement. Et ça ne concerne pas seulement les Etats-Unis, c’est une notion qui s’applique actuellement en France ou ailleurs. La raison continue à me pousser à soutenir les gouvernements dans quand il s’agit de défendre les intérêts supérieurs d’un pays ; mais la question de la qualité du gouvernant qui est au pouvoir doit se poser. Surtout dans les régimes très présidentiels comme les USA et la France. On ne peut se cacher derrière une éventuelle neutralité ou impartialité de l’administration, elle n’existe pas ! Si De GAULLE ou Abraham LINCOLN étaient encore au pouvoir, je ne me poserai pas ces questions. Le sens de l’Etat était leur seconde nature. Mais un Président américain aussi dissimulateur et partisan que celui-ci ne m’inspire pas confiance.

Alors oui, Edward SNOWDEN a trahi son pays et a franchi la ligne jaune en révélant au monde les secrets de son pays et en s’enfuyant dans les pays les plus hostiles au sien. Mais en ce qui me concerne, je le juge coupable, mais avec beaucoup de circonstances atténuantes !

-   La Manifestation Pour Tous.

Ce beau mouvement qui a fait se lever des millions de personnes contre le mariage gay n’est pas seulement une réussite politique, elle est aussi une nouveauté sociologique que peut de gens auraient pu imaginer il y a encore un an. En effet, au contraire du peuple de gauche toujours prompt à manifester, à faire grève et pour les plus extrémistes d’entre eux à casser dans la rue, en général le peuple de droite lui répugne à descendre dans la rue. Je ne voudrais pas caricaturer en disant que nous travaillons trop et tenons trop à nos familles et à nos biens pour devenir anarchistes, mais il y a certainement de cela. Mais je laisse les psy se poser la question. Il y a surtout un légalisme profondément ancré. Manifester, c’est s’exposer à enfreindre la loi, ce qui est contraire aux valeurs d’ordre et de liberté économique très présente dans la famille politique qui est la mienne. Ce n’est pas pour rien qu’en France à part les deux méga-manifestations de 1968 pour soutenir le Général et dans les années ’80 pour défendre l’école contre le pouvoir socialiste, je ne me souviens pas d’autres mouvements d’ampleur du « peuple de droite » en France...

Ce qui donne plus de force à cette révolte qui dure depuis plusieurs mois. De manifestations en manifestations, des millions de gens se sont retrouvés pour dire non au mariage dit pour tous et à l’adoption ou à la procréation d’enfants en vue de les placer dans des couples homosexuels. Comme en 1968 où le risque de voir la « chienlit » gauchiste s’emparer du pays, ou 20 ans plus tard pour défendre le modèle d’éducation des enfants, cette fois-ci encore nous avons tenu à montrer avec vigueur et en grand nombre notre opposition totale à ce modèle de société où des enfants seront condamner à vivre sans père ni mère. Où la notion même de « père » et de « mère » seront effacés du code civil au profit de « parent 1 » et de parent 2 ».

Même fraichement élu, nous considérons que ce pouvoir est illégitime pour prendre une telle décision qui efface des siècles de modèle social et qui affectera à jamais la société, la civilisation qui est la nôtre. Seul un référendum est légitime pour décider de cela. L’argument de la légalité n’est pas pertinent à mon sens. On le sent bien, même si le Président français est parmi les Chefs d’Etat des pays démocratiques celui qui concentre le plus de pouvoir (dissolution de l’Assemblé Nationale, chef des armées, etc.), personne ne comprendrait qu’il décide seul ou avec sa majorité de déclarer la guerre à un ancien allié ou de céder une partie du territoire français à une puissance étrangère. Il y a de ses prérogatives que tout responsable devrait s’interdire d’exercer s’il veut maintenir une certaine cohésion. Plusieurs d’entre nous qui ont eu à diriger une entreprise ou une association le savent. Les meilleures décisions, surtout celles qui ont des conséquences durables et profondes doivent être prises dans un maximum de consensus. Seul le blocage de tout consensus possible peut justifier « en dernier ressort » la prise totale de responsabilité du dirigeant (loin de moi l’idée de bloquer indéfiniment toute une structure).

Dans un tel contexte, où le pouvoir a décidé de passer en force sur un sujet aussi grave, il était prévisible que certains d’entre nous (les opposants à cette loi) décident de se radicaliser. Tous les principaux membres du gouvernement sont désormais accueillis dans leurs déplacements par des dizaines voir des centaines de gens venus les siffler et les chambrer. C’est ainsi qu’un certain Nicolas B a été appréhendé par la Police alors qu’il participait à une manifestation de protestation contre le président français. Ce Nicolas B, comme d’autres manifestants qui ailleurs avaient refusé d’obtempérer aux injonctions de la police est certainement coupable aux yeux de la loi. Et je respecte la lettre de celle-ci. Mais comment ne pas là aussi trouver des circonstances atténuantes à des gens qui souvent n’ont jamais commis le moindre crime ou délit de leur vie, sont parfaitement intégrés et qui pour des raisons qui dépassent leur simple personne décident de manifester ? Je regrette que ce Nicolas B se retrouve aient écopé de deux mois de prison ferme comme tout délinquant de droit commun. Le pouvoir est souvent (et injustement) plus laxiste quand il s’agit de gréviste qui séquestrent leur patron ou qui détruisent le matériel de leur société pour protester contre leur licenciement. « dura lex, sed lex » mais je trouve ici également énormément de circonstances atténuantes.

Dans les deux cas, je vois une illégitimité du pouvoir. Ils ont certes été légalement élus en suivant des procédures parfaitement constitutionnelles. Mais ils ont manifestement outrepassé les propos tenus lors de leur campagne présidentielle. Et pas pour des petites mesures. Ensuite, ils sont tellement partisans dans l’exercice de leurs pouvoirs que se posent la question même de savoir s’ils sont « Chefs d’Etat » ou « Chefs de clan ». Songeons que le Président français prend une telle loi « changeant la civilisation » (comme il le dit lui-même) en jouissant d’une impopularité record de 25% ! Et dans l’autre cas, j’attends les révélations (qui ne manqueront pas de surgir) qui nous expliqueront comment Facebook, Google et d’autres grandes firmes dont les dirigeants sont clairement étiquetés démocrates ont servis la campagne d’élection et de réélection du président américain...

Illégitimité ou légalité ? Respect absolu de la loi ou permission de s’opposer à une loi injuste imposée par un pouvoir partisan ? Je retrouve en pratique toutes mes œuvres classiques gréco-latines : Catilina, Cicéron, Antigone...

La conclusion provisoire est qu’il faut respecter la loi et assumer ses responsabilités quand on l’enfreint parce qu’il existe des cas légitimes de s’y opposer...


Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazine