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Syrie: le "non!" d'un faucon

Publié le 01 septembre 2013 par Neoafricain

« Faucon », « va-t-en-guerre » : j’accepte que l’on me qualifie ainsi lorsqu’il s’agit de décrire mes sentiments envers l’Islamisme et la tyrannie dans le monde.

C’est donc affublé de ces beaux attributs que je dis : « NON ! » à l’intervention que préparent le démocrate Barrack Hussein OBAMA et le socialiste François HOLLANDE en Syrie ».

Pour une fois, je partage la même opinion que les plus pacifistes d’entre nous, ceux-là mêmes qui manifestent au moindre bruit de bottes... Situation exceptionnelle, mais bien réelle.

Mais, mon « NON ! » ne trouve pas son origine dans les mêmes analyses que ceux-ci.

Pour certains, il s’agirait de l’absence de décision du Conseil de Sécurité de l’ONU qui justifie un « NON ! ». Je ne partage pas cette idée. Pour moi l’ONU est une organisation prestigieuse et importante en tant que forum de tous les pays et de tous les Chefs d’Etat du monde. Mais faire reposer le « droit international » sur la décision des 5 plus grandes puissances nucléaires n’est tout simplement pas fondé. Ces pays défendent (légitimement) leurs intérêts diplomatiques, politiques, économiques et autres. Ils ne peuvent se comporter en juges impartiaux. Et de façon générale, les décisions de l’ONU ne sont pas celles qui sauvent les peuples. Les morts dans les Balkans, au Rwanda, ou dans les pays sous le joug communistes sont là pour illustrer cette macabre réalité.

D’autres diront que la guerre ne résout jamais rien. Hélas, il faut savoir de quoi l’on parle. Si l’on prend le cas syrien. Les estimations tournent autour de 100.000 morts déjà constatés sur le terrain. Sans compter les millions de déplacés, et les dégâts incommensurables sur les biens et sur la vie sociale en générale. Ca ressemble déjà à des bilans de guerre... Certains occidentaux pensent que la guerre commence quand leurs pays y participe. Hélas non, au moment où j’écris ces lignes des tas de gens vivent déjà en situation de guerre. C’est pourquoi nombre de réfugiés politiques sont souvent les premiers à réclamer une intervention contre leur propres pays. Ils connaissent la réalité et elle est loin de celle que les bien-pensants imaginent souvent. Certaines interventions militaires sont utiles.

Il y aussi les cyniques (ou les lâches) qui soutiennent des thèses isolationnistes. Ces conflits lointains seraient trop complexes et ne concerneraient pas l’Occident. Quelle erreur ! Cette attitude qui était déjà fausse hier l’est encore plus aujourd’hui. Avec l’importance des échanges internationaux (culturels, commerciaux, sanitaires..) ce qui se passe dans une région aussi sensible que le Moyen-Orient concerne d’office toutes les nations. Et en premier lieu les plus importantes d’entre elles. J’ai le regret de constater que nombre de mes amis « libertariens » américains pensent ainsi. Ils ont raison sur nombre de sujets, mais sur la politique étrangère, ils ont tout faux. La grandeur de leur pays repose sur sa vocation à ne jamais cautionner ou se détourner d’un crime porté à leur idéal de liberté, chez eux ou ailleurs dans le monde ! Aucun pays ne peut vivre dans l’indifférence. Le 11 septembre a démontré que l’indifférence des années Clinton a démontré que ceux qui bafouaient en paix la liberté et la dignité de leurs compatriotes dans leur pays, ont fini par exporter leur haine jusqu’au cœur de la 1ère puissance internationale.

Il y a enfin, ceux qui prétendent que les précédents irakien, afghan et libyen ne plaident pas en faveur d’une intervention en Syrie. Ils se basent sur les attentats et sur la déstabilisation que l’on constate dans ces pays. Ils ont raison sur le fait que le chaos est réel. Mais quand des régimes aussi tyranniques que ceux de Saddam Hussein, de Kadhafi ou des Talibans sont chassés, une période de transition est inévitable. Et comme hélas, les vainqueurs n’ont pas pris tout le temps nécessaire pour consolider la victoire, le vide a été occupé... Mais tout ceci ne justifie en rien l’inaction. Surtout quand le désordre est causé par ceux là-même qu’il faut combattre...

Je pense par ailleurs que la famille EL-ASSAD compte parmi les dictatures les plus dures qui a fait énormément de mal à la Syrie et au Liban, et que son alliance indéfectible avec les Ayatollahs iraniens et les terroristes du Hezbollah en font une cible légitime.

Alors me direz-vous, pourquoi ne pas soutenir cette intervention en Syrie ?

La stratégie n’est pas claire et les décideurs ne sont pas crédibles.

Pour les USA, Obama, qui a toujours refusé d’adopter un discours clair vis-à-vis de la Syrie et hésite à déclarer la guerre totale à l’Islamisme, n’est ni crédible ni fiable. Pour la France, ce n’est pas le socialiste Hollande qui vient de réduire le budget de la défense qui rehaussera le niveau. L’un comme l’autre ne parle que de « punir » ou « d’actions limitées ».

En clair, la stratégie prônée c’est d’envoyer quelques missiles et de laisser ensuite les belligérants reprendre leur conflit, mais en leur demandant cette fois d’éviter tout recours aux armes de destruction massive... Soit cette attaque punitive limitée déstabilise suffisamment BACHAR ; et ce sont les jihadistes, première force actuellement parmi les rebelles, qui en profiteront : soit BACHAR n’est pas déstabilisé et il sera remonté à bloc avec ses partisans pour écraser la rébellion, avec des conséquences incalculables sur les alliés dans la région. Souvenons-nous des faibles résultats obtenus suite à l’envoi des missiles par Clinton en 1998. Ces attaques n’ont fait que galvaniser Al-Qaïda et ses alliés.

Ma conclusion est de ne surtout pas envoyer les armées dans un tel bourbier. Cette intervention qu’on nous propose est mal conçue et sans stratégie claire, et elle est portée par de piètres Chefs d’Etat.

Si le « NON ! » l’emporte, BACHAR et ses alliés crieront certainement victoire. Mais, ce ne devrait être que pour un temps. Il faudra, pour régler le cas syrien, trouver des alliés crédibles, leur donner les moyens d’affronter le tyran syrien, isoler les rebelles les plus dangereux, et réellement sévir contre le régime de BACHAR et contre ses alliés.

Les apprentis sorciers américains et français ont rendu une copie très mauvaise. Pour l’heure, le « faucon » qui ne craint de soutenir aucune guerre pourvu qu’elle soit justifiée, dit « NON ! » à celle-ci ! Copie à revoir...


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