Vous ne le savez peut-être pas, mais j’ai soutenu ma thèse il y a maintenant quinze jours ; elle s’intitule La conception de l’immortalité de l’âme dans les dialogues de Platon : sources et enjeux et, en attendant de pouvoir la diffuser dans son intégralité, je me permets de vous en faire lire un extrait :
« L’action diffère de l’œuvre, entre autres, par le fait qu’elle ne s’épuise pas dans ses résultats : quand on repère, en examinant l’état actuel de la cité dans laquelle on vit, que l’action d’untel a eu certaines conséquences, on dit en fait que l’action a été poursuivie (ou non) par la postérité, qu’elle est répétée (ou non) chaque jour par ceux qui ont succédé à ce pionnier. Par exemple, il est monnaie courante d’affirmer que Constantin aurait christianisé l’empire romain pratiquement du jour au lendemain ; il n’y a pas si longtemps encore, un ouvrage de Joël Schmidt, Le triomphe du christianisme, donnait la part belle à Constantin dans la christianisation de l’Europe. Or, comme le soulignent Tiphaine Moreau et Bertrand Lançon dans Constantin, un Auguste chrétien, il est impossible qu’il ait pu à lui seul changer les pratiques religieuses sur un territoire aussi vaste que celui sur lequel il exerçait son autorité ; le triomphe du christianisme en Europe est de toute évidence le résultat d’un long processus dont Constantin a été l’un des acteurs parmi d’autres et il est fort peu probable que la mosaïque fort bigarrée de pratiques cultuelles diverses et variées que constituait alors l’Empire romain ait pu en si peu de temps s’unifier sous l’autorité spirituelle d’une seule et unique religion ; le reniement du christianisme par Julien « l’apostat » montrait d’ailleurs combien la domination du christianisme restait fragile même après le règne de Constantin et n’aurait donc jamais pu être acquise s’il ne s’était trouvé, après le IVe siècle, d’autres acteurs pour défendre cette religion. »
Quel rapport, me direz-vous, entre ce développement et le thème général de l’immortalité de l’âme chez Platon ? Je vous en laisse la surprise… Et pourquoi citer précisément cet extrait-ci ? Pour rendre hommage à Tiphaine Moreau, que je cite, et qui a obtenu elle aussi son doctorat le 6 novembre dernier pour sa thèse L’autorité divine, impériale et ecclésiale à travers les associations « empereur-croix » dans les texte des IVe et Ve siècles. Bravo à elle !
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