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Le journal du professeur Blequin (2)

Publié le 05 septembre 2019 par Legraoully @LeGraoullyOff

Mercredi 4 février

Le journal du professeur Blequin (2)
10h30 : On parle de l’ouragan Dorian. Encore une retombée de l’effet #MeToo : on ne donne plus systématiquement des prénoms féminins aux cyclones. N’en déplaise aux gros beaufs misogynes de chez nous, je pense que Marlène Schiappa n’y est pour rien !

11h : Je suis à l’école des Beaux-Arts de Brest pour m’inscrire aux cours publics. Les inscriptions ne sont ouvertes qu’à 13 heures mais je viens avec une longue avance par précaution. Bien m’en prend : à mon arrivée, il y a déjà cinq personnes à attendre, puis d’autres aspirants élèves viennent les uns après les autres, et encore d’autres… Bref, au final, il y a de la queue jusqu’au coin de la rue ! Et comme le nombre de places est limité, je pense que j’ai bien fait de me débrouiller pour être dans les premiers, faute de quoi j’aurais pu me brosser pour avoir une place à l’atelier qui m’intéressait. En tout état de cause, voilà qui en dit plus que bien des longs discours sur l’engouement dont les pratiques artistiques font encore l’objet. Je ne vais bien sûr pas m’en plaindre : quitte à voir des mouvements de foule, j’aime autant que ce soit pour s’inscrire à des ateliers d’art plutôt que pour acheter le dernier modèle de chez Apple ou pour aller dégueuler sa haine des homosexuels dans les stades…

Jeudi 5 septembre

Le journal du professeur Blequin (2)

15h : Je prends le bus pour passer récupérer quelques affaires chez mes parents ; derrière moi, trois jeunes branleurs tapent la discute à grands coups de « ta gueule », de « gros », de « vas-y », de « kassos »… Je mettrais ça dans une caricature, on m’accuserait d’exagérer. Pendant quelques minutes, j’ai eu la sensation de revivre ce que je ressentais quand j’étais collégien, quand je devais subir au quotidien la promiscuité d’une troupe d’imbéciles se croyant indociles (pour reprendre une expression forgée par le grand François Morel) : vingt ans après, c’est toujours aussi insupportable… Je sais bien que je ne devrais pas m’énerver contre ces jeunes glands qui ne se rendent pas compte à quel point ils sont ridicule ; je sais aussi que l’adolescence est une période difficile où on cherche ses repères et qu’il est plus facile d’adopter les codes de ses copains plutôt que d’inventer les siens ; mais il n’empêche que ceux qui refusent l’uniforme à l’école (souvent pour d’excellentes raisons) devraient aussi lutter contre l’uniformité de pensée !

17h : Retour au bercail, je reprends le bus… Les transports en commun, quand on y pense, quelle belle invention : on vous transporte d’un point de vue à l’autre sans que vous ayez à vous occuper de quoi que ce soit, et ce, pour une somme relativement modique (même si je suis favorable à la gratuité des transports publics) ; ce serait même formidable si les usagers, quel que soit leur âge, pouvaient ne pas se sentir obligés de papoter à qui mieux mieux ou de brailler dans leur portable s’ils voyagent seuls. Imaginez des bus calmes et silencieux, où l’usager serait bercé par le bruit de la machine : qu’est-ce que ce serait reposant ! Décidément, depuis que j’ai retrouvé la foule citadine, je me rappelle pourquoi j’étais parti…


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