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Ne crevez pas l’œil du cyclone…

Publié le 03 novembre 2019 par Legraoully @LeGraoullyOff

Ne crevez pas l’œil du cyclone…A l’occasion des 35 ans de Canal+, notre ami Blequin ressort de ses cartons quelques réflexions sur les émissions qui ont fait la gloire de la chaîne à péage. Aujourd’hui : L’œil du cyclone.

Grâce à la chaîne Vimeo d’Alain Burosse, chacun peut redécouvrir ce merveilleux programme qu’était L’œil du cyclone, le magazine consacré aux images dédaignées par les médias traditionnels.

J’avoue que dans mon enfance (j’avais 11 ans quand Canal+ a cessé de diffuser l’émission), j’étais effrayé par le générique où l’écran du téléviseur éclatait sous la pression du cyclone et emportait littéralement la tête du téléspectateur : cette image n’est pas étrangère à mes cauchemars où le guignol de Jacques Chirac, devenu fou à lier, sortait en trombe de la télé pour terroriser les gens… De surcroît, je ne comprenais pas grand’ chose à cette succession effrénée de séquences plus ou moins saugrenues. Honte sur moi, je suis passé à côté de quelque chose d’important.

L’œil du cyclone demeure encore aujourd’hui une émission extraterrestre dont l’originalité est pleinement représentative de la créativité qui caractérisait les premières années de Canal : c’était vraiment une idée géniale, consacrer une demi-heure par semaine aux images oubliées des autres médias, soit parce qu’elles dérangeaient (la vérité sur la « guerre du Golfe »), soit parce qu’elles étaient dépassées (les films de propagande des missionnaires belges) ou, au contraire, excessivement avant-gardistes (les débuts de la 3D). Depuis, personne n’a pris le relais, bien sûr… Le numéro où cinq rappeurs français revisitent à leur façon l’actualité de l’année 1991 mérite tout particulièrement le détour : elle nous renvoie à une époque où le rap hexagonal avait encore quelque chose à dire !

D’autres éditions étaient instructives : grâce à l’émission sur la défunte Tribune libre de FR3, on peut revoir les débuts de mouvements politiques sans avenir, comme celui de ce gros blond avec un bandeau sur l’œil qui beuglait que le progrès social consisterait à filer à des robots et non plus aux immigrés tous les boulots ingrats que les Français ne veulent plus faire… Comment il s’appelait, ce crétin, déjà ? Jean-Machin Le Pitre, ou un truc comme ça… Il y a aussi l’émission sur les situationnistes, des gens qui avaient raison sur le fond mais n’en ont pas moins produit, sur des bases pourtant pertinentes, de grosses couillonnades. Leur erreur fut aussi celle de la plupart des mouvements intello-gauchisants de leur temps : ils ont essayé de faire violence à l’histoire, telle que nous la vivons au quotidien, pour y faire rentrer leurs concepts ; or, que ce soit dans le domaine culturel ou politique, on ne peut pas forcer l’histoire s’écrivant sous nos yeux à se conformer à nos volontés, fussent-elles forgées par une analyse profonde et circonspecte. Combien de personnes intelligentes, parce qu’elles étaient persuadées d’avoir raison contre tout le monde, parce qu’ils pensaient pouvoir changer le monde rien qu’avec leurs concepts, se sont bêtement fourvoyées et se sont rendues insupportables à celles et ceux dont elles voulaient le bien ! C’est sans doute à cause de gens comme ça qu’est née la haine du « bobo bien-pensant » qui pourrit aujourd’hui la vie des progressistes…

Mais surtout, mon regard est irrésistiblement attiré par les numéros présentant Liquid TV, ce programme d’animation qui fit les beaux jours de MTV et où sont nés notamment les abominables Beavis et Butt-Head : même si tout n’y était pas d’une sauvage beauté sur le plan plastique, on ne pouvait être qu’estomaqué par le ton culotté dont faisaient preuve les auteurs de ces dessins animés. En comparaison, les Simpson, déjà au sommet de leur gloire à l’époque, étaient bassement commerciaux ! Même la plupart des films que je vois chaque année au festival du film court de Brest n’égalent pas en audace les pépites de la télévision liquide… Mais est-ce bien la peine que j’essaie de vous faire un résumé ? Le mieux est encore que vous alliez vous en rendre compte par vous-même (mais je vous préviens, on n’en sort pas indemne) en cliquant sur le lien que j’ai mis à l’ouverture de cet article.


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