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Le journal du professeur Blequin (35) Y a plus de jeunesse syndiquée

Publié le 14 décembre 2019 par Legraoully @LeGraoullyOff

Le journal du professeur Blequin (35) Y a plus de jeunesse syndiquéeJeudi 12 décembre

10h30 : Sortant de chez le coiffeur, je descends la rue Jean Jaurès pour faire quelques achats : arrivant au niveau de la Place de la Liberté, je croise une nouvelle manif, toujours contre cette fameuse réforme des retraites… Le seul mérite de Macron aura été de recentrer le débat public : on se concentre enfin sur des sujets sérieux plutôt que sur des polémiques bidon ! Dans l’absolu, je préfère de loin voir défiler la CGT plutôt que la Manif pour Tous ! Je dirais presque merci au gouvernement si je ne savais pas pertinemment qu’il ne mérite pas.

Le journal du professeur Blequin (35) Y a plus de jeunesse syndiquée

Vous m’avez compris : que Macron et ses ministres soient vivement contestés, je ne m’en plains pas, ils n’ont que ce qu’ils méritent, et ce qui s’est passé mardi dernier à la BU de lettres de Brest a achevé de me confirmer qu’ils ne sont pas dignes de confiance (mais je m’en doutais déjà un peu avant). Pourtant, ce mouvement ne m’enthousiasme pas outre mesure. Pour des raisons évidentes, du reste : si je me mettais à me préoccuper de la retraite à mon âge, ce serait grave, non ? D’ailleurs, les jeunes ne s’y trompent pas : dans le cortège, pourtant relativement dense, je vois surtout des gens d’âge mûr. Je ne conteste évidemment pas le droit de manifester à n’importe quel âge, mes propres parents l’ont fait la semaine dernière, mais pouvez-vous me dire où sont les jeunes, ceux dont on nous rabâche qu’ils sont l’avenir du pays ? Ne cherchez pas : pour la plupart, ils n’ont pas la possibilité de manifester ni même de se syndiquer vu qu’ils sont condamnés à errer de stages en petits boulots pour grappiller de quoi vivre. Ce sont eux qui font marcher les entreprises et produisent des richesses, pas les trous du cul encravatés qui gesticulent dans les bureaux, et ils constituent cette « génération précaire » que les syndicats ont ratée comme on rate un train et à laquelle ils sont infoutus de s’adresser.

Le journal du professeur Blequin (35) Y a plus de jeunesse syndiquée
La manif part donc de la place de la Liberté, où le marché de Noël s’est installé comme chaque année : si les syndicats avaient un peu de couilles au cul, ils investiraient cette foire à l’artisanat bidon ! Mais bien sûr, ils n’ont pas cette audace : ils occupent sagement l’espace vacant entre la mairie et le marché puis partent gentiment défiler. Quand vient midi, tout est déjà consommé ; ceci illustre parfaitement le fait que le but de ces protestataires n’est absolument pas d’abattre le capitalisme qui fait crever leurs enfants à petit feu : au contraire, ils veulent pouvoir continuer à grappiller les miettes que peut leur laisser ce système pourri et mortifère ! Je vous parie que si les jeunes gars de Youth For Climate venaient pousser une gueulante sur le marché de Noël au moment où ces braves fonctionnaires syndiqués sont en train d’y claquer leur paie, ces derniers seraient les premiers à râler et à réclamer l’intervention de la police ou des vigiles… On a les révolutionnaires qu’on mérite, mais je me demande ce que j’ai fait pour mériter ça. Merde à Macron quand même.


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